Les océans n'ont jamais été aussi chauds qu'en 2019

C.A.
Publié le 14 janvier 2020 à 15h25
Les océans n'ont jamais été aussi chauds qu'en 2019
Source : fotocelia / Thinkstock

CLIMAT - Depuis plusieurs décennies, la température de l'eau dans les océans ne cesse de grimper. Selon une récente étude internationale, elle aurait atteint des records en 2019. Un phénomène aussi inquiétant pour la vie marine que pour l'Homme.

Vous avez de moins en moins de mal à entrer dans l'eau d'une traite ? C'est normal. D'après une étude menée par quatorze scientifiques de onze instituts dans le monde, les océans n'ont jamais été aussi chauds qu'en 2019, selon des mesures effectuées jusqu'à 2000 mètres de profondeur. Parue lundi dans la revue scientifique Advances in Atmospheric Sciences, elle révèle par ailleurs que cette décennie a été la plus chaude jamais enregistrée dans les océans. Les cinq dernières années détenant le record.

Pour les chercheurs, le phénomène est indéniablement en lien avec le changement climatique. En parallèle de ces résultats, ils appellent à l'action pour enrayer ce phénomène aussi dangereux pour la biodiversité marine que pour nous, les humains.

L'équivalent de 5 à 6 bombes atomiques larguées chaque seconde dans l'océan

L'étude montre qu'alors que les océans se sont réchauffés progressivement entre 1955 et 1986, la hausse des températures s'est accélérée rapidement ces dernières décennies. Entre 1987 et 2019, le réchauffement était ainsi 450% plus important que précédemment. En 2019, la température de l'océan en 2019 dépassait d'environ 0,075°C la moyenne de 1981-2010. Pour atteindre celle-ci, il aurait absorbé 228 000 000 000 000 000 000 000 000 (228 sextillions) de joules de chaleur, expliquent les chercheurs. "C'est beaucoup de zéros, mais pour faciliter la compréhension, j'ai fait un calcul, indique dans un communiqué Lijing Cheng, auteur principal de l'étude et professeur agrégé au Centre international des sciences du climat et de l'environnement à l'Institut de physique atmosphérique (IAP) de l'Académie chinoise des sciences (CAS). La bombe atomique d'Hiroshima a explosé avec une énergie d'environ 63 000 000 000 000 Joules. La quantité de chaleur que nous avons mise dans les océans du monde au cours des 25 dernières années équivaut à 3,6 milliards d'explosions de bombes atomiques à Hiroshima." Soit l'équivalent de quatre bombes atomiques jetées chaque seconde dans l'océan durant ce laps de temps.

Mais le réchauffement continuant son accélération, la vitesse à laquelle nous lâchons ces bombes imaginaires s'accélère encore. "Nous en sommes maintenant à cinq à six bombes d'Hiroshima par seconde", affirme à CNN John Abraham, l'un des auteurs de l'étude et professeur de génie mécanique à l'Université de St. Thomas, dans le Minnesota (États-Unis).

Des effets catastrophiques

Les océans constituent un bon indicateur du changement climatique dans lequel l'humanité est actuellement engagée. Couvrant les trois quarts de la planète, ils absorbent plus de 90% de l'excès de chaleur résultant des activités humaines. L'atmosphère et la terre, elles, n'en contiennent que 4%.

Si le réchauffement des océans peut augurer des baignades plus agréables en Bretagne ou sur les plages de la Côte d'Opale, il est néanmoins très problématique. La conséquence la plus évidente est celle de l'élévation du niveau de l'eau, due à une légère dilatation de l'eau, mais surtout à la fonte des glaciers et des calottes polaires. Certains événements climatiques, comme les typhons ou les ouragans, deviennent alors plus dévastateurs en provoquant des inondations plus importantes.

D'autre part, plus les océans absorbent de gaz à effet de serre et plus ils deviennent acides, ce qui entraîne par exemple la dissolution des coquilles de nombreux mollusques et des récifs coralliens, composés de calcaire. Enfin, l'oxygène, qui se dissout moins facilement dans l'eau chaude, a tendance à moins se mélanger avec les profondeurs de l'océan, où l'eau est plus froide qu'en surface. Résultat, ceux-ci viennent à manquer d'oxygène. Selon un rapport spécial sur l’océan et la cryosphère publié en septembre par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le taux d'oxygène dans les océans a diminué d'environ 2% entre 1960 et 2010, modifiant l’équilibre de la vie marine. Certaines espèces de poissons cruciales pour la pêche, comme les thons, les marlins et les requins, seraient particulièrement affectés.

Si, pour les scientifiques, les dommages causés à l'océan sont irréversibles, il n'est pour autant pas trop tard pour agir. Au travers de leur étude, ceux-ci appellent à l'action. "Il ne s'agit que de la pointe de l'iceberg pour ce qui est à venir. Heureusement, nous pouvons agir : nous pourrions utiliser l'énergie plus judicieusement et diversifier nos sources d'énergie. Nous avons le pouvoir de réduire ce problème", soutient John Abraham.


C.A.

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