Episode 32 - Hadrien Raccah : "J’ai appris que je devais dire à ma mère que je l’aime tous les jours en lisant"

Publié le 21 décembre 2019 à 11h59, mis à jour le 23 novembre 2020 à 14h24
Episode 32 - Hadrien Raccah : "J’ai appris que je devais dire à ma mère que je l’aime tous les jours en lisant"
Source : Emanuele Scorcelletti

PODCAST - Auteur de théâtre à succès, Hadrien Raccach publie "Huit mètres carrés" (Michel Lafon), un premier roman cruel et mélancolique. Il est l'invité du podcast "Les Gens Qui Lisent Sont Plus Heureux.

Si le nom d’Hadrien Raccah ne vous est pas familier, vous avez sans doute entendu parler de "L’Invitation". Depuis le printemps dernier, et pour quelques semaines encore, Gad Elmaleh et Philippe Lellouche se donnent la réplique dans cette pièce hilarante qui se joue guichets fermés. Une belle revanche pour son auteur qui après avoir monté son premier spectacle à l’âge de 22 ans, n’a pas toujours connu le succès qu’il espérait.

C’est dans un registre totalement différent qu’il fait ses premiers pas d’écrivain avec "Huit mètres carrés", son premier roman publié chez Michel Lafon. Ce texte intimiste, cruel et mélancolique met en scène, Benjamin, un père de famille qui se rappelle l’histoire d’amour passionnée qu’il a vécue avec Olivia, une jeune Brésilienne qui brisé son cœur. A moins que ce soit l’inverse… 

Une fois n’est pas coutume, c’est dans les loges d’un Théâtre, celui de la Madeleine où se joue "L’Invitation", que je suis allé à la rencontre de mon invité pour un entretien aussi chaleureux que spontané.

Sur son premier roman, "Huit mètres carrés"

"Je ne suis pas dans l’autofiction, ce n’est pas quelque chose qui me passionne. Ce que je voulais, c’est faire de mon mieux pour décrire un premier chagrin d’amour. La plupart des gens sur Terre en ont tous vécu un. Je pense qu’on ne s’en remet vraiment jamais et que tout ce qu’on vit après est défini par cette première souffrance. Ce roman raconte ça, mais aussi la quête d’un ailleurs. Que ce soit avec une femme, dans un autre pays, mais pas spécialement m’inspirer de ma vie. Disons que c’est quelque chose de lointain. Il y a des choses que j’ai bien connues comme le Brésil, un pays que j’adore. Et d’autres qui sont totalement fictives."

Sur le bonheur d’écrire

"J’ai toujours écris. Depuis que je suis très jeune. Et ça a toujours été pour moi le moyen d’expression le plus facile. Très rapidement j’ai pris l’écriture comme un pouvoir. C’est comme si j’avais quelque chose de caché. J’ai vite compris, par exemple, que pour séduire une femme l’écriture était mon atout principal. Même à l’école, je n’étais pas le plus brillant des élèves, mais j’ai souvent pu m’en sortir grâce à ma plume. Et puis c’est un espace de liberté totale : j’ai longtemps été solitaire, très seul, et l’écriture a été un moyen de m’échapper. J’habitais en banlieue, dans un univers assez gris et terne. Je n’étais pas très heureux. Et la nuit, comme j’étais insomniaque, je pouvais écrire des histoires qui m’emmenaient ailleurs."

Sur la difficulté à se faire éditer

"C’est compliqué, lorsqu’on est un auteur qui n’a pas de réseau, que personne ne connait, d’avoir accès aux maisons d’édition. C’est un long parcours. J’ai essayé de ne jamais perdre de vue cette envie absolue que j’avais d’être édité. J’avais envie d’avoir mon livre dans une librairie et de voir ce que ça fait d’être écrivain. Du moins d’en avoir l’impression. J’ai eu la chance de rencontrer l’éditrice Elsa Lafon lorsqu’on travaillait sur le livre de la pièce d’Eric Dupont-Moretti. Je lui ai parlé de ce roman, que je n’avais jamais terminé. J’ai réécris des choses, j'ai modifié, j’ai affiné, et j’ai eu la chance que ça lui plaise !".

Sur le plaisir de la lecture

"Je plains les gens qui n’aiment pas lire. Je ne les juge pas. Mais on apprend tellement en lisant ! Moi j’ai tellement appris sur l’âme humaine, sur les gens, sur le monde qui nous entoure. J’ai appris l’amour en lisant "Belle du Seigneur" d’Albert Cohen. Je vois les femmes comme lui. J’ai appris que je devais dire à ma mère que je l’aime tous les jours en lisant "Le livre de ma mère". C’est pour ça que la littérature ne disparaît pas. Se plonger dans une histoire pendant plusieurs jours, dans le métro, dans son lit, partout, que ce soit un roman d’amour ou d’aventure, c’est magnifique."

>> Pour retrouver tous les épisodes du podcast "Les Gens Qui Lisent Sont Plus Heureux", c'est par ici !


Jérôme VERMELIN

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