Episode 33 - David Lagercrantz : "Les gens qui lisent sont plus éclairés que les autres"

Publié le 28 décembre 2019 à 16h41, mis à jour le 23 novembre 2020 à 14h25
Episode 33 - David Lagercrantz : "Les gens qui lisent sont plus éclairés que les autres"
Source : AFP

PODCAST - Avec "La Fille qui devait mourir" (Actes Noir), David Lagercrantz a mis un terme à la deuxième trilogie "Millénium". Après avoir prolongé avec succès les aventures des personnages imaginés par le regretté Stieg Larsson, cet ancien journaliste suédois entend bien rester dans l'univers du thriller. Il est l'invité du podcast "Les Gens Qui Lisent Sont Plus Heureux".

La première fois que j’ai entendu parler de David Lagercrantz, c’était pour sa biographie de son compatriote, le célèbre footballeur Zlatan Ibrahimovic. En 2013, ce journaliste spécialiste des affaires criminelles se voit confier la lourde tâche de succéder au regretté Stieg Larsson, le créateur de la saga policière "Millénium". 

 

Sous sa plume, le journaliste d’investigation Mikael Blomkvist et la sulfureuse Lisbeth Salander vivent de nouvelles aventures qui puisent leurs intrigues dans les maux de notre époque. L’intégrisme religieux, la montée des populismes à travers l’Europe, la cybercriminalité…

 

Après "Ce qui ne me tue pas" et "La Fille qui rendait coup pour coup", David Lagercrantz a publié à la rentrée "La Fille qui devait mourir, un sixième tome de Millenium qui sera pour lui le dernier. 

 

De passage à Paris, il m’a accordé cet entretien passionnant que je vous propose d’écouter en anglais, avec le délicieux accent suédois de l’auteur qui entend bien prolonger son aventure au royaume du thriller...

Son dernier épisode de "Millenium"

"Pour moi c’est terminé. J’en suis absolument certain. "Millénium" a représenté le grand frisson de ma vie, à la fois une énorme pression et un énorme plaisir. Mais j’ai besoin d’avancer. Certains disent qu’on peut être corrompu par le succès. Vous écrivez une série que les gens lisent et vous continuez jusqu’à l’épuisement. Je suis un reporter à l’ancienne. J’ai besoin de nouveaux challenges. Et c’est pour ça que j’arrête. Si ça doit continuer sans moi, j’aimerais bien que ce soit une femme. Ce serait intéressant de voir comment elle ferait évoluer Lisbeth."

Sur la popularité de Lisbeth Salander

"Je pense que Stieg Larsson n'imaginait pas qu’elle aurait un tel succès. Moi aussi j’ai été surpris par la façon dont les gens réagissent à ce personnage. C’est devenue une telle icône qu’elle a dépassé Mikael Blomkvist, le journaliste qui était le héros du premier roman. Disons que si Lisbeth est Sherlock Holmes, alors Mikael est le Dr Watson. Elle est extrême et tous les personnages extrêmes ont besoin d’avoir face à eux une personne normale qui arrive à lire en eux. En fait ils ont besoin l’un de l’autre."

Sur l’influence de l’actualité

"Bien sûr ce nouveau livre met en scène la confrontation finale entre Lisbeth et sa sœur. Mais chaque épisode de "Millénium" doit traiter de problématiques contemporaines. Je fais partie du Pen Club International, une association qui lutte pour la liberté d’expression et je constate que cette dernière n’a jamais été autant menacée. Des groupes organisés utilisent la désinformation et propagent des fake news pour diviser l’opinion, répandre la haine et diaboliser certaines personnes. C’est quelque chose dont les partis populistes profitent et ça me semblait inévitable d’aborder ce sujet dans le livre".

Sur la succession de Stieg Larsson

"Ma biographie de Zlatan Ibrahimovic avait battu tous les records de ventes et j’avais dis à mon agent que c’était dingue d’être entré dans la tête de quelqu’un qui est à l’exact opposé de ce que je suis. Lorsque l’éditeur historique de Stieg Larsson m’a demandé si je serais prêt à écrire le début d’une nouvelle trilogie "Millénium", j’ai hésité une micro seconde avant de dire oui. Je ne sais toujours pas pourquoi. Peut-être parce que j’étais comme un journaliste devant un énorme scoop. C’est seulement ensuite que j’ai réalisé que j’étais mort de trouille."

Sur l’importance de la lecture

"Je pense que les gens qui lisent sont plus éclairés que les autres. Ça se voit avec les partis populistes : ils sont peuplés de gens qui ne lisent pas de bons livres. Les bons livres développent votre empathie. Ils nous montrent que nous sommes tous les mêmes. Ils nous permettent de comprendre que nous luttons tous avec les mêmes problèmes. Moi quand je n’ai pas le temps de lire, à cause de la promo par exemple, j’ai l’impression qu’il me manque quelque chose dans ma vie."

Sur la suite de sa carrière

"Je vais rester dans l’univers du thriller mais j’ai envie d’aborder mes propres démons et écrivant sur des personnages qui me ressemblent davantage. Je travaille actuellement sur une nouvelle série de romans. J’ai ce personnage qui est issu de la haute société suédoise, brillant mais un peu faible, et qui va faire équipe avec une fille issue du ghetto. Je me suis inspiré de tout ce que j’ai appris de Zlatan. Elle est dure et elle a l’intelligence de la rue. Et ils vont interagir l’un avec l’autre."

>> Pour télécharger tous les épisodes du podcast "Les Gens Qui Lisent Sont Plus Heureux", c'est par ici !


Jérôme VERMELIN

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