Episode 34 - Michel Bussi : "Quand on aime lire, c’est qu’on a forcément un désir de mélancolie"

Publié le 28 janvier 2020 à 15h01, mis à jour le 23 novembre 2020 à 16h42
Episode 34 - Michel Bussi : "Quand on aime lire, c’est qu’on a forcément un désir de mélancolie"
Source : Dyod - Agence Opale - Leemage / Presses de la Cité

PODCAST - Son nouveau roman, "Au soleil redouté", est disponible depuis le 6 février. Michel Bussi est l’invité du podcast Les Gens Qui Lisent Sont Plus Heureux. Dans cet hommage savoureux à Agatha Christie, cinq lectrices participent à un atelier lecture organisé par leur auteur préféré, dans le cadre paradisiaque des îles Marquises.

Michel Bussi, 54 ans, est la star discrète du thriller. Derrière Guillaume Musso, il était l’an dernier le deuxième plus gros vendeur de romans en France avec plus de 946.000 exemplaires écoulés. Un succès qu’il savoure à sa juste valeur, lui qui a connu les faveurs du grand public sur le tard. Depuis "Nymphéas Noirs", en 2011, il enchaîne les best-sellers à coups d’intrigues machiavéliques.

Dans "Au soleil redouté" (Presses la Cité), en librairie le 6 février, cet ancien chercheur au CNRS nous embarque aux îles Marquises où cinq lectrices ont remporté un concours pour participer à un atelier d’écriture avec leur auteur préféré. Bien vite, l’un des protagonistes disparaît. Et les vacances de rêve se transforment en cauchemar où chaque protagoniste devra se méfier de son voisin jusqu’au twist final.

De passage à Paris, Michel Bussi m’a reçu chez son éditeur, au sommet d’une tour ultra-moderne du XIIIe arrondissement, par une matinée glaciale de janvier, loin du cadre ensoleillé de ce qui s’annonce comme l’un des grands succès de ce début d’année… 

Sur les îles Marquises

"Je cherchais pour mon histoire une île très isolée, si possible française, avec une grande histoire culturelle et des symboles forts. Lorsque j’ai commencé à faire un petit casting, les Marquises sont vite apparues comme une évidence. J’ai eu la chance de m’y rendre et c’est un roman qui j’espère donnera envie de découvrir cette île, pour ceux qui auront cette chance, et pour ceux qui lisent de voyager et d’avoir l’impression d’y être."

Sur l’influence d’Agatha Christie

"Dans ce livre il y a un vrai hommage aux "Dix petites nègres", avec un nombre limité de suspects, le meurtre qui peut tomber sur n’importe lequel et le soupçon qui tombe sur tous. C’est un genre à la fois très ludique et très psychologique parce que chaque personnalité développe son propre caractère, ses propres mobiles, ses propres secrets.  C’est pour ça que les gens l’apprécie : parce qu’on va gratter derrière les apparences et les non-dits."

Sur son succès tardif

"J’aurais pu continuer cette vie de chercheur sans problème. Après tout, on peut avoir sa part secrète d’écriture pour soi et mener une existence normale. Est-ce que je suis plus heureux qu’avant ? C’est vrai qu’il y a une espèce de miracle qui tombe et auquel on a un peu de mal à croire. Mais les choses prennent un sens. On a une espèce d’envie d’écrire, d’inventer des histoires et lorsque finalement elles existent et que les gens les apprécient, on se dit qu’il y a comme une forme d’évidence."

Sur le bonheur que procure la lecture

"J’aurais presque tendance à dire que les gens qui lisent sont plus malheureux. En tout cas je pense que les gens qui lisent sont plus mélancoliques. Ce n’est pas à cause de la lecture. Simplement quand on aime lire, c’est qu’on a forcément un désir de mélancolie, de solitude, de nostalgie, de se retrouver avec soi. On a même un désir d’aimer ce qui peut rendre un peu triste ou angoissé. C’est pour ça que je pense que les gens qui ne se posent pas de questions existentielles, n’ont pas forcément besoin de lecture."

Sur la concurrence des séries

"Quand j’étais ado, je n’avais même pas de magnétoscope ! Donc forcément la lecture était le moyen le plus simple de s’évader. Aujourd’hui il y a mille autres moyens d’évasion très rapides. Le paradoxe, c’est le succès des séries qui nécessitent des dizaines d’heures pour les apprécier. Finalement on retombe sur un temps long. Alors que moi je suis incapable de regarder une série. Mon format, c’est 1h30 ou 2h de film. J’ai besoin d’une fin et si on me fait lambiner pendant 12  heures avant d’avoir une conclusion, je décroche."

Sur les adaptations de ses romans

"C’est toujours une fierté d’avoir un livre qui devient autre chose et qui rentre un petit peu plus dans une forme de culture populaire. "Le Temps est assassin" par exemple, c’était 6 ou 7 millions de téléspectateurs à chaque soirée sur TF1 ! Il y a des choses que j’aurais faites différemment, d’autres qui ont été ajoutées et que j’ai trouvées géniales. Et puis c’est quand même bluffant de voir ses personnages incarnés par des acteurs charismatiques."

>> Pour retrouver tous les épisodes du podcast "Les Gens Qui Lisent Sont Plus Heureux", c'est par ici


Jérôme VERMELIN

Tout
TF1 Info