Episode 35 - "Celle qui pleurait sous l'eau" : Niko Tackian met le polar français à l’heure de #MeToo

Publié le 5 février 2020 à 9h55, mis à jour le 23 novembre 2020 à 16h43
Episode 35 - "Celle qui pleurait sous l'eau" : Niko Tackian met le polar français à l’heure de #MeToo
Source : Stéphane Bouquet / Calmann-Lévy

PODCAST – C’est la star montante du polar made in France. Scénariste de la série à succès "Alex Hugo" sur France 2, Niko Tackian publie "Celle qui pleurait sous l’eau" (Calmann-Lévy). Une nouvelle enquête de son héros fétiche, le flic Tomar Khan, inspirée par le combat contre les violences faites aux femmes.

En ce début d’année, son visage s’affiche en grand format dans les couloirs du métro parisien. Barbe, bonnet, blouson de cuir et tatouages, Niko Tackian a de faux airs de rock star lorsqu’il débarque dans les bureaux de son éditeur pour nous parler de son nouveau roman, "Celle qui pleurait sous l’eau" (Calmann-Lévy).

Depuis une dizaine d’années déjà, cet ancien journaliste et auteur de BD est l’un des artisans les plus prolifiques du polar à la française. A la télévision où il a créée avec Franck Thilliez la série "Alex Hugo" qui cartonne sur France 2. Et donc aussi en librairie avec les enquêtes de Tomar Khan, un flic borderline qui officie à la Brigade Criminelle, à Paris.

Dans "La fille qui pleurait sous l’eau", Tomar et son équipe enquêtent sur la mort d’une jeune femme retrouvée les veines ouvertes dans le bassin de la piscine Pailleron, dans le XIXe arrondissement. Un suicide comme tant d’autres, en apparence. Sauf pour Rhonda, la coéquipière et compagne de Tomar, qui soupçonne un drame plus complexe…

Si Niko Tackian maîtrise à merveille les codes du polar, nerveux, rythmé et bien documenté, l’une de ses grandes forces réside dans sa manière habile d’inscrire son intrigue dans une actualité brûlante, celle des violences faite aux femmes et des combats du mouvement #MeToo.

Sur le point de départ de son nouveau roman

"J’étais en train d’écrire mon précédent roman, "Avalanche Hôtel", et je vois dans la rue, sur les kiosques, la couverture des Inrockuptibles avec Bertrand Cantat (le 11 octobre 2017 – ndlr) qui disait en gros "soyez gentil, j’ai payé". Ça a fait naître en moi un tel sentiment de révolte que je me suis dit "le prochain Tomar Kahn, c’est ça". Même si je ne savais pas encore la forme que ça aurait. Avec l’émerge du mouvement MeToo, je me suis rendu compte que le thème était beaucoup plus large que Cantat. Parmi mes contacts Facebook j’avais Yael Mellul, une avocate spécialiste des violences faites aux femmes. C’est elle qui m’a aiguillé sur le thème du suicide forcé."

Sur le personnage de Tomar Khan

"Quand je l’ai créé, j’étais conscient qu’il fallait que j’accepte l’idée de le suivre d’année en année, d’avoir envie de le reprendre, de le faire évoluer. C’est un personnage avec lequel j’ai un certain nombre de points communs. Un sens de la justice qui se mélange parfois un peu mal avec le droit. Moins quand même que Tomar qui a pas mal de casseroles et qui est plutôt borderline. On a tous les deux la passion de la boxe et une histoire familiale un peu compliquée, même si la mienne l'est heureusement un peu moins. C’est un double fantasmé."

Sur son désir d'écriture

"Quand j’étais petit, quand j’avais vraiment un sujet qui me perturbait ou une angoisse, j’écrivais sur un bout de papier mes griefs, tout ce que je pensais, et je le glissais sous la porte de ma mère. Je pense que le support écrit a toujours été pour moi une manière d’exprimer quelque chose de profond. C’est pour ça que j’explique davantage mon envie d’écrire par une dimension psychanalytique que par des références littéraires ou mon amour du cinéma. Ça a nourri ensuite ma manière d’écrire. Mais ce qui fait que je raconte des histoires, c’est parce que c’est beaucoup plus facile pour moi de dire les choses de cette manière."

Sur le plaisir de la lecture

"Si on lit, ce n’est pas par hasard. C’est parce qu’on a besoin d’évasion. C’est parce qu’on recherche quelque chose de plus que dans la vie. Après il ne faut pas que la lecture devienne une forme de dépression. On peut aussi lire pour se réfugier et ne jamais sortir de son refuge et avoir du mal à vivre dans la vraie vie. Je pense qu’on peut être plus heureux en lisant. Mais qu’il ne faut pas aller au-delà de la dose indiquée !".

>> Pour retrouver tous les épisodes du podcast "Les Gens Qui Lisent Sont Plus Heureux", c'est par ici !


Jérôme VERMELIN

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