Épisode 53 - Abd al Malik : "Le dernier lieu de résistance, c’est la culture"

Publié le 4 février 2021 à 11h15, mis à jour le 21 mars 2021 à 18h00
Épisode 53 - Abd al Malik : "Le dernier lieu de résistance, c’est la culture"
Source : AFP

PODCAST - Le rappeur Abd al Malik publie "Réconciliation" (Robert Laffont), un essai dans lequel il défend le rôle du poète pour éclairer et redonner du sens à la société. Il est l’invité du podcast "Les Gens Qui Lisent Sont Plus Heureux".

Ses mots riment, ses mots cognent. Ses mots apaisent aussi. En ce début d’année, Abd al Malik revient dans l’actualité avec un livre intitulé Réconciliation qui vient de paraître chez Robert Laffont. Dans cet essai revigorant, le rappeur utilise sa plume pour lancer un appel à pacifier notre République. Un programme politique ?  

"Tout est politique", tranche l’intéressé. "Aujourd’hui, il y a un poison qui s’appelle la com. Il y a des gens qui viennent, qui promettent des choses et qui une fois qu’ils en ont la possibilité, ne les réalisent pas. Parce qu’au fond ils ne le voulaient pas. Mon livre, c’est un programme d’être humain."

Depuis le début de sa carrière, le rappeur et père de famille, aujourd’hui âgé de 45 ans, se bat pour faire tomber les murs qui séparent ses concitoyens, à travers la musique, le cinéma, le théâtre ou encore la littérature. Avec l’idée qu’il faut faire confiance aux artistes, à leur regard et à leur sensibilité, pour éclairer une période propice aux tensions, de la rue aux réseaux sociaux.  

"Le dernier lieu de résistance, c’est la culture", plaide-t-il. "Un artiste peut être force de proposition, il peut être un caillou dans la chaussure (…) Le problème, c’est qu’on vit dans le règne des marchands où les artistes seraient là pour divertir. Comme si on était là pour cacher une réalité plus grande qui est en train de se jouer. Moi ce que je propose, c’est autre chose. Mais ce n’est pas du divertissement."

Dans notre société, on ne parle pas tellement de la mort. Peut-être que si on le faisait davantage, on aurait un peu plus d’empathie les uns envers les autres. De compréhension et d’écoute
Abd al Malik

"Ma grande idée", poursuit le rappeur, "c’est de faire de ce moment difficile que l’on vit une opportunité. Comme nos relations humaines peuvent être plus denses parce qu’on est empêché. Comment on peut créer de nouvelles manières interactives de nous connecter aux autres. Nous autres, artistes, nous sommes là pour éclairer et redonner du sens à cette période si singulière."

Abd al Malik était dans le fond de son lit lorsqu’il a eu l’idée d’écrire Réconciliation. Frappé comme tant d’autres par le Covid-19, il contemplait le chaos du monde à travers l’écran son smartphone, de polémiques inutiles en oppositions stériles. "Lorsque j’ai été malade, j’ai pensé plus intensément que d’ordinaire à ma propre finitude", raconte-t-il.

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"Dans notre société, on ne parle pas tellement de la mort. Peut-être que si on le faisait davantage, on aurait un peu plus d’empathie les uns envers les autres. De compréhension et d’écoute. Qu’importe les points de vue de chacun, on partage quelque chose d’essentiel : notre humanité. Et le propre de l’humanité, c’est qu’on vit à un moment et puis après on part."

Dans Réconciliation, Abd al Malik cite celles et ceux qui ont façonné sa pensée. D’Albert Camus à Aimé Césaire en pensant par Victor Hugo et Régis Debray, écrivains et philosophes y occupent une place à part. "Ce qu’ils m’ont tous dit, c’est que l’essentiel n’était pas dans les livres mais dans la vie. Mais qu’il fallait lire pour s’en rendre compte."


Jérôme VERMELIN

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