Épisode 17 - Elsa Marpeau : la créatrice de "Capitaine Marleau" a le roman noir dans la peau

Publié le 30 mai 2019 à 12h07, mis à jour le 23 novembre 2020 à 16h28
Épisode 17 - Elsa Marpeau : la créatrice de "Capitaine Marleau" a le roman noir dans la peau
Source : Gallimard

LIVRES - Créatrice de la série à succès Capitaine Marleau, la romancière Elsa Marpeau publie "Son autre mort" (Gallimard). Ou l’histoire d’une femme qui, après avoir tué un célèbre écrivain par accident, s’invente une nouvelle identité pour trouver un coupable idéal. Elle est l’invitée du podcast "Les Gens Qui Lisent Sont Plus Heureux".

Et si, à l’heure où les réseaux sociaux vampirisent nos cerveaux, prendre le temps de lire un livre était un acte de résistance ? "Les Gens qui lisent sont plus heureux", c’est un podcast consacré à la passion de la lecture, sous toutes ses formes, sans préjugé. A chaque épisode, je pars à la rencontre d’une personnalité qui partage avec nous sa passion des livres. Et bien plus encore !

Dans cet épisode, mon invitée est l'écrivain Elsa Marpeau. De son imagination débordante est née Capitaine Marleau, le personnage interprété par Corinne Masiero dans la série qui bat régulièrement des records d'audiences sur France 3. Depuis "Les Yeux des Morts", en 2010, cette agrégée de lettres modernes partage sa plume et son temps entre la télévision et la littérature, avec une prédilection assumée pour le roman noir.

Dans "Son autre mort" (Gallimard), elle met en scène Alex, une quadra bien tranquille qui tient un gite rural avec son mari et leurs deux enfants. Jusqu’au jour où Charles Berrier, un célèbre écrivain, débarque chez eux pour chercher l’inspiration. Le soir de son anniversaire, ce dernier essaie de violer la jeune femme qui le tue en cherchant à se défendre. Prise au piège d’un terrible engrenage, elle décide alors de s’inventer une nouvelle identité...

Sur sa vocation d’écrivain

"J’ai écrit un premier roman à 16 ans que j’ai envoyé aux maisons d’éditions parisiennes. J’avais quand même conscience que ce n’était pas facile d’en vivre et je me suis dirigée vers l’enseignement. J’ai fait une thèse en arts du spectacle, j’ai commencé à donner des cours à la fac… sauf que j’en étais tout à fait incapable. Je suis ce qu’on appelle 'phobique sociale'. Parler devant un auditoire m’est parfaitement impossible même si j’y suis arrivée pendant 5 ans et que c’était terrible. A l’extérieur, avec les élèves, tout allait bien. Mais à l’intérieur, c’était le chaos le plus total. Je prenais des antidépresseurs, des somnifères pour calmer mes angoisses. Et puis un jour, j’ai démissionné de l’Education nationale." 

"Son autre mort", son nouveau roman

"Ma nécessité intérieure, c’est d’écrire des romans. Chacun d’entre eux est un espace de liberté où je laisse libre cours à mon imagination. Dans ce qu’elle a de plus noire comme dans "Les Corps Brisés", ou plus ludique avec ce nouveau roman très influencé par "Le Talentueux Monsieur Ripley" de Patricia Highsmith. Alex, mon personnage, tue un écrivain par accident et commence à mener une enquête à rebours. C’est ce qui m’intéressait par rapport aux codes du roman policier où d’ordinaire, on commence par un crime qu’on va ensuite essayer de résoudre. Et puis on est comme elle : on a envie qu’elle s’en sorte… et en même temps on se dit que c’est complètement pervers de chercher un autre coupable à un crime qu’on a commis soi-même !".

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Sur son métier de scénariste

"J’adore ce métier même si je suis tombée dessus complètement par hasard. Une productrice télé m’a contactée après avoir lu un livre que j’avais publié en 2003. Elle m’a proposé de travailler sur une série adolescente dont je me suis faite virer au bout de quinze jours ! La télévision, je n’y connaissais rien du tout. La dimension divertissement m’échappait complètement. J’écrivais des séquences où le personnage réfléchissait pendant des heures sur sa colline et regardait le jour qui tombait ! Et puis j’ai été réembauchée, puis revirée, et au bout d’un moment j’ai fini par comprendre ce qu’on attendait de moi."

Sur le phénomène Capitaine Marleau

Sur la place dévorante des réseaux sociaux

"J’y trouve une charge d’imaginaire très forte, parce qu’on ne sait pas toujours qui est derrière l’écran. Il y a eu des histoires intéressantes, comme celle de Mehdi Meklat, ce jeune blogueur qui tweetait des choses abominables et qui pour se défendre a expliqué que c’était son double diabolique qui le faisait à sa place. Je m’en suis inspiré dans mon roman lorsque Alex prend la place de sa victime (...) Effectivement, les gens lisent moins à cause des réseaux sociaux. A chaque fois qu’on va chez un libraire ou chez un éditeur, j’entends que les ventes chutent de 30% ! C’est vraiment très violent. C’est une marche qui m’a l’air inéluctable et qui m’attriste, car je prends tellement de plaisir dans la lecture que je suis déçue que les gens ne le partagent pas."


Jérôme VERMELIN

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