Affaire Matzneff : Christophe Girard, adjoint d'Anne Hidalgo, entendu par les enquêteurs

Publié le 5 mars 2020 à 17h51
Affaire Matzneff : Christophe Girard, adjoint d'Anne Hidalgo, entendu par les enquêteurs
Source : Bertrand GUAY / AFP

ENQUÊTE - L'adjoint à la Culture de la mairie de Paris, pilier de la campagne municipale d'Anne Hidalgo, a été entendu pendant quatre heures ce jeudi dans le cadre de l'enquête pour viols sur mineur visant l'écrivain Gabriel Matzneff.

L'affaire Matzneff déboule au milieu de la campagne municipale d'Anne Hidalgo. Ce jeudi 5 mars, Christophe Girard, adjoint à la Culture de la mairie de Paris, a été entendu par la police concernant ses liens avec l'écrivain accusé de pédophilie. Une audition centrée sur le soutien financier dont l'écrivain a bénéficié dans les années 80 de la part de la Maison Yves Saint Laurent, dont M. Girard a été secrétaire général entre 1986 et 1987.

Des questions sur un soutien financier à Gabriel Matzneff

Christophe Girard était entendu à l'Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) de Nanterre, par les policiers chargés de l'enquête "pour viols sur mineur" visant Gabriel Matzneff. L'ancien maire du 4e arrondissement, désormais un des piliers de l'équipe d'Anne Hidalgo, a été interrogé "pendant quatre heures" et "en qualité de témoin" a assuré un de ses proches à l'AFP.

Les enquêteurs cherchent notamment à savoir en quelles mesures l'écrivain a bénéficié d'une aide financière et matérielle pour entretenir ses relations avec des mineur(e)s. Et quel rôle M. Girard a pu jouer dans ces décisions. 

Gabriel Matzneff a en effet dédié son journal des années 1986-1987, intitulé "La prunelle des mes yeux", à Christophe Girard. Il écrit dans l'ouvrage que ce dernier lui a annoncé que la Maison Yves Saint Laurent financerait, "aussi longtemps qu'il le souhaite", les frais de l'hôtel dans lequel il vit à l'abri des regards dans le quartier de Saint-Germain-des-Près. Le même hôtel où il voyait régulièrement Vanessa Springora, alors âgée de 15 ans. Le même hôtel dans lequel il reçu ensuite ses jeunes "amant(e)s".

Une aide "décidée par Pierre Bergé" se défend l’intéressé

Dans les années 2000, l'écrivain qualifie encore Christophe Girard "d'un de ses amis les plus proches". Aujourd'hui, l'élu se défend pourtant de toute proximité avec Gabriel Matzneff. "La personne avec laquelle je vis depuis 25 ans ne l'a jamais rencontré. Un ami proche c'est quelqu'un qui part en vacances avec vous, qui dîne chez vous, chez qui vous allez. Eh bien, ce n'est pas le cas !", a-t-il récemment assuré à l'AFP. Il ajoutait même "ne rien savoir" des faits reprochés à l'écrivain.

Christophe Girard dit avoir "obéi aux ordres de Pierre Bergé". Compagnon d'Yves Saint Laurent et cofondateur de sa maison de couture, décédé en 2017, il "aidait beaucoup de gens, connus et inconnus". Il explique ainsi qu'il lui avait demandé de régler l'hôtel de Gabriel Matzneff et se défend en assurant que "[s]on rôle, c'était d'annoncer la bonne nouvelle à celle ou celui qui était dans la merde".

Une affaire surveillée de près à la mairie de Paris

Les mêmes justifications sont tenues à la mairie de Paris. "Ça ne fait pas de lui un complice de pédophilie", témoigne une source. Soutenue par un autre responsable politique du bureau d'Anne Hidalgo, qui estime que Christophe Girard est "une excellente victime expiatoire dans ce règlement de comptes d'une génération avec une autre, en l'occurrence la génération 68".

Mais à l'Hôtel de Ville, on suit depuis plusieurs semaines d'un œil inquiet cette affaire dont le camp Hidalgo se serait bien passé à quelques jours des élections municipales. "On a traité l'affaire en haut lieu. Christophe Girard s'en est entretenu avec Anne (Hidalgo), Emmanuel Grégoire (directeur de campagne) et Jean-Louis Missika (président de la plateforme de campagne)", confie à l'AFP un autre proche de l'édile. Pour l'heure, pas de changement dans la stratégie. "Il a répondu à toutes les questions qui lui ont été posées", a ajouté la même source. "Il n'est prévu aucune autre audition de quelque nature que ce soit". Le cabinet retient son souffle en espérant passer le 22 mars avant un autre rebondissement.


La rédaction de TF1info

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