Comment les cathédrales se protègent-elles des incendies ? A Strasbourg, un dispositif unique en France

TF1
Publié le 19 juillet 2020 à 13h03, mis à jour le 19 juillet 2020 à 17h24

Source : JT 13h WE

REPORTAGE - Un an après celui de Notre-Dame-de-Paris, le drame qui s'est produit à la cathédrale de Nantes soulève de nouveau des questions sur la gestion de la sécurité incendie dans les édifices religieux. Un plan d'action a été adopté en novembre dernier. La cathédrale de Strasbourg, récemment rénovée, fait notamment office d'exemple à suivre.

Et si le dramatique incendie de la cathédrale de Nantes avait pu être évité ? Très tôt samedi matin, ce sont en effet les riverains qui ont donné l’alerte concernant les départs de feu qui ont notamment ravagé le grand orgue de l’édifice, vieux de 400 ans. Le système anti-incendie était-il alors défectueux ? L'enquête le dira.

Après la catastrophe de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris en avril 2019, un plan d’action pour la sécurité de 89 cathédrales, dont celle de Saint-Pierre-et-Saint-Paul, a pourtant été mis en place en novembre dernier. Ce plan "sécurité cathédrales", doté de 2 millions d'euros en 2020, qui s’ajoutent aux 40 à 45 millions d'euros affectés annuellement à ces édifices, a pour but de "porter une attention toute particulière aux installations électriques et aux procédures mises en œuvre à l'occasion de travaux", ainsi que de "réduire les risques de propagation" du feu, "faciliter l'action des sapeurs-pompiers", "mettre en place un plan de sauvegarde des biens culturels", et "renforcer la formation des acteurs sur la sécurité incendie".

Extincteurs, portes coupe-feu et détecteurs de fumée installés

A Strasbourg, la cathédrale Notre-Dame a fait l’objet ces dernières années de nombreuses rénovations. Elle possède ainsi désormais un dispositif unique en France : la charpente en bois des combles de la nef est en partie protégée, comme l’explique à TF1 Romuald Schnell, responsable entretien et sécurité DRAC (Direction régionale des affaires culturelles)  : "On crée des SAS, des compartiments, avec des portes coupe-feu, qui permettent de ralentir la progression du feu. Nous avons ça sur toute la longueur de la nef."

Dans les combles de la nef, outre les portes coupe-feu et des murs permettant de ralentir la progression du feu, de nombreux extincteurs ont été installés, tout comme des détecteurs de fumée. Il y en a 300 dans la cathédrale, reliés entre eux par un système centralisé. Ainsi, si l’exploitant détecte un départ de feu, l’alerte est donnée aux pompiers, qui arrivent en cinq minutes et peuvent se raccorder aux colonnes sèches.

Concernant les œuvres importantes du monument, elles sont également protégées, comme par exemple le grand orgue. Ce dernier a été rénové il y a quatre ans, avec nouveau système électrique et un ajout de détecteurs incendies. Pour Marc Baumann, l’organiste titulaire de la cathédrale Notre-Dame, c’est un gage de sécurité : "Nous sommes aujourd’hui vraiment au top de la sécurité. Après, des intrusions peuvent toujours éventuellement mettre en péril l’instrument. Mais globalement, nous sommes vraiment rassurés."

Pour autant, les conséquences d’un incendie sont fortement redoutées par le personnel opérant à la restauration de l’édifice, notamment Frédéric Degenève, responsable ateliers Œuvre Notre-Dame, qui restaure depuis 20 ans cette cathédrale : "Si un incendie se déclare au niveau du beffroi, les dix cloches, dont la plus grosse pèse neuf tonnes, pourraient traverser la voûte du Narthex et se retrouver dans la cathédrale."

Au total, chaque année, l’Etat investit 120 000 euros pour l’entretien et la sécurité incendie du monument, dont le système de sécurité est constamment mis à jour. De quoi éviter un scénario catastrophe pour la deuxième cathédrale la plus visitée de France.


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