Confinement : "Les appels pour violences sur des enfants sont en hausse depuis lundi"

Publié le 27 mars 2020 à 14h06, mis à jour le 27 mars 2020 à 14h11
Confinement : "Les appels pour violences sur des enfants sont en hausse depuis lundi"
Source : AFP/Illustration

ALERTE – Les associations de protection de l'enfance redoutaient une hausse des violences avec le confinement imposé depuis dix jours en France contre la propagation du coronavirus. Et depuis lundi, malheureusement, la réalité leur donne raison.

Dès le 19 mars, deux jours après le début du confinement, Adrien Taquet, secrétaire d’Etat à la Protection de l’enfance, avait alerté sur les risques de maltraitance des enfants qui peuvent survenir pendant cette période. En début de semaine, le gouvernement rappelait qu'il restait pleinement mobilisé contre les violences intrafamiliales. Mais dix jours exactement après le début de cette mesure d'incitation à rester chez soi, ce que les associations de protection de l'enfance craignaient est en train de se produire.

"La première semaine de confinement a été, si l'on peut dire, 'normale', avec un nombre d'appels équivalents à celui que nous avons tous les jours de l'année, explique Isabelle Debré, présidente de l'association L'Enfant bleu enfance maltraitée, ce vendredi à LCI. Depuis lundi, ce que nous redoutions se produit malheureusement, avec un nombre d'appels auprès des associations comme du numéro national pour signaler des violences sur des mineurs qui est en hausse". 

"Il n'y a pas de soupape"

Pour Isabelle Debré, cette hausse des violences intrafamiliales, sur conjoint comme sur les enfants, était attendue. "Les personnes violentes le sont encore plus quand elles sont enfermées. Même des gens normaux, enfants ou adultes, ont du mal à se supporter quand ils passent tout leur temps ensemble. Quelqu'un qui ne maîtrise ni ses mots, ni sa force, est encore plus énervé dans ces cas-là. Il n'y a pas de soupape. Pour décompresser, pour évacuer, les personnes violentes vont frapper, avec parfois des conséquences terribles et parfois tragiques".

Si la présidente de l'Enfant bleu ne peut donner de chiffres, elle sait que son association dédiée aux maltraitances a reçu, comme le 119, numéro national dédié à l'enfance en danger, des appels venant de toute la France.

"Alertez, même en cas de doute"

Pour la présidente de l'Enfant bleu, il est "fondamental" pendant ce confinement que tous les habitants de toutes les communes aient bien les "yeux et les oreilles" ouverts. "En temps normal, plusieurs personnes peuvent alerter sur des violences. Les copains des enfants battus qui ont constaté des ecchymoses, par exemple, ou à qui la victime se serait confiée, peuvent signaler. Les professeurs, Atsem (agent territoriaux spécialisés des écoles maternelles, ndlr), infirmières, tout ceux qui font partie de l'Education nationale peuvent aussi alerter. Mais là, il n'y pas d'école… Les voisins, passants, commerçants, toute personne qui verrait ou entendrait des choses suspectes doit alerter. Même en cas de doute. Mieux vaut prévenir que ne pas pouvoir guérir". 

L'Enfant bleu comme les autres associations de défense des enfants rappelle souvent la  triste fin du petit Tony, petit garçon de 3 ans battu à mort dans un appartement de Reims en 2016. Des voisins, après les faits, avaient indiqué avoir entendu plusieurs fois des cris, mais ne pas avoir appelé les secours. "On ne doit jamais hésiter. S'il y a urgence, on appelle la police ou les gendarmes. S'il s'agit de doute, on fait le 119, ou on appelle une association dédiée. Tout peut se faire de manière anonyme. Il ne faut pas hésiter. Surtout en ce moment", conclut Isabelle Debré.

Associations de protection de l’enfance :

L’Enfant bleu – Enfance maltraitée : 01 56 56 62 62

La Voix De l’Enfant : 01 56 96 03 00

Colosse aux pieds d’argile : 07 50 85 47 10

Stop maltraitance / Enfance et Partage : 0 800 05 1234

Numéro national : 119 (numéro d’appel pour l’enfance en danger, de continuer à être joignable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 en priorisant les appels d’enfants. )


Aurélie SARROT

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