EXPÉRIMENTATIONS - Le professeur Henri Joyeux, connu et contesté pour ses prises de position anti-vaccins, est mis en cause après la découverte d’essais cliniques menés illégalement sur des malades d’Alzheimer et Parkinson, dans une abbaye près de Poitiers. Les expérimentations font l’objet d’une enquête, mais le médecin réclame leur poursuite.
Soupçonné d’avoir mené des essais cliniques illégaux sur des malades d’Alzheimer et Parkinson, visés désormais par une enquête de justice, le professeur Henri Joyeux a répondu via un communiqué publié sur son site internet. Dans ce texte, le vice-président du Fonds Josefa, qui a organisé les expérimentations, affirme que ces dernières n’avaient "rien d'illégal". "Il s'agit d'un test de preuve de concept, phase antérieure à un essai clinique. Cela n'a rien d'illégal", écrit-il.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui a révélé l’affaire le 19 septembre et qui a saisi le parquet, et selon qui plus de 350 malades étaient concernés, a ordonné qu’un terme soit mis aux expérimentations. "Les travaux doivent impérativement se poursuivre dans l'intérêt des malades", réagit le professeur Joyeux. Lui-même, par ailleurs contesté par la communauté médicale notamment à cause de ses positions anti-vaccins, assure avoir été "participant" à ces tests.
Selon lui, il est "faux" de dire qu'on demandait aux malades de cacher à leur médecin leur participation au test et d'arrêter leur traitement habituel. Il dément également le fait que les patients aient dû "payer des sommes astronomiques pour un patch".
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L’expérimentation consistait à appliquer aux patients des patchs contenant deux molécules, appelées valentonine et 6-méthoxy-harmalan, dans l'espoir de traiter plusieurs maladies neurologiques (Parkinson, Alzheimer mais aussi troubles du sommeil...). Après que l'affaire a été rendue publique, la Miviludes (instance de lutte contre les dérives sectaires) avait indiqué que des patchs pouvaient être vendus 1.500 euros. Elle avait reçu des signalements sur cette affaire fin 2018/début 2019.
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Révélation divine
"La Valentonine un médicament. Toujours faux", affirme en outre le médecin montpelliérain. Pourtant, l'un des brevets que le Fonds Josefa dit avoir déposés en 2015 pour cette hormone s'intitule "système thérapeutique transdermique contenant de la valentonine et son utilisation comme médicament", comme on le lit sur son site internet.
La découverte de la valentonine est revendiquée par le président du Fonds Josefa, Jean-Bernard Fourtillan, mais ce produit n'a fait l'objet d'aucune évaluation ni publication scientifiques. Sur le site du fonds, ce pharmacien de formation dit que cette hormone lui a été "dévoilée" en 1994 et estime que cette "révélation signe la miséricorde de Dieu".
Interrogé par TF1 après la révélation de l’affaire, Henri Joyeux avait déjà nié avoir mis en place un essai clinique, parlant de simple "étude scientifique". Même discours du côté du professeur Fourtillan. Mais comme le rappelle France 3 Occitanie, les échantillons de sang découverts par l’ANSM, envoyés à un laboratoire pour analyse par le professeur Fourtillan, étaient accompagnés d’un document mentionnant bien un "essai clinique", jamais autorisé par l’ANSM.
Le pôle santé publique du parquet de Paris a ouvert vendredi 37 septembre une information judiciaire au sujet de ces expérimentations, notamment pour "tromperie", "abus frauduleux de l'ignorance ou de la faiblesse d'une personne vulnérable" et "exercice illégal de la profession de pharmacien".