Escroqueries au chômage partiel : avec les aides, elle se fait refaire la poitrine et s'offre un train de vie de luxe

par Georges BRENIER Georges Brenier
Publié le 14 octobre 2020 à 7h06
Escroqueries au chômage partiel : avec les aides, elle se fait refaire la poitrine et s'offre un train de vie de luxe

INFO TF1/LCI - D’après nos informations, une femme de 38 ans a récemment été arrêtée par la PJ parisienne, soupçonnée d’avoir obtenu frauduleusement plus de 200.000 euros d’aides grâce au chômage partiel mis en place après l’apparition du Coronavirus. La justice s’inquiète des montants faramineux détournés depuis le confinement.

A-t-elle eu les yeux plus gros que le ventre ? En déclarant subitement devoir mettre un contingent de 50 employés au chômage partiel, Ami K. s’est sans doute trahie. La gérante d’un institut de beauté situé en Seine-Saint-Denis pensait à l’évidence pouvoir tromper son monde. "Son récit était passé comme une lettre à la Poste", soupire un policier rôdé à ce types d’arnaques. 

Mais le 8 septembre dernier à l’aube, la jeune femme de 38 ans s’est vue passer les menottes aux poignets à son domicile. La Brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA) de la police judiciaire parisienne l’a placée en garde à vue, pour des soupçons d'"escroqueries au détriment d’un organisme de protection sociale ou d'un organisme chargé d'une mission de service public".

210.000 euros détournés

Car la gérante n’a, en vérité, jamais eu le moindre salarié. Son salon de beauté, lui, ne gagnait plus un euro depuis bien longtemps. En indiquant simplement sur le site internet mis en place par l’Etat pendant le confinement que ses 50 employés allaient se retrouver en situation de grande précarité, Ami K. n’a pas eu longtemps à plaider sa cause. Elle a sans aucune difficulté, et sans avoir à fournir le moindre justificatif, pu obtenir au total 210.000 euros d’aides financières. "Une simple déclaration sur internet suffisait alors, il n’y avait aucun contrôle",  se désole un magistrat. 

L’entrepreneuse aux salariés imaginaires a rapidement su comment utiliser cet argent obtenu le plus simplement du monde. D’après les investigations policières, elle a estimé nécessaire de rapidement prendre rendez-vous chez un chirurgien esthétique pour se refaire la poitrine et le fessier. Facture totale de l’opération : 12.000 euros, réglés rubis sur l’ongle aux frais de l’Etat. 

Autres achats impulsifs recensés par les enquêteurs : une voiture pour un montant de 35.000 euros, ainsi que des vêtements et des articles de grandes marques. Elle a également réglé un chèque de 25.000 euros pour les frais de scolarité de ses quatre enfants, avant de placer 90.000 euros sur les comptes bancaires de sa progéniture. 

Les autorités ont pu saisir son véhicule flambant neuf, des articles de luxe ainsi que 86.500 euros que la suspecte avait mis de côté. Au total, 123.500 euros sont passés entre les mailles du filet. Face aux policiers, en garde à vue, la mère de famille a plaidé une santé mentale fragile. L’appât du gain lui aurait fait tourner la tête, mais l'argument n’a pas eu l’air de convaincre une seule seconde les enquêteurs.

Relâchée à l’issue de sa garde à vue, la patronne de l’institut de beauté est désormais convoquée le 22 octobre prochain au Tribunal judiciaire de Paris, avant son probable procès. L’affaire d’Ami K. et de ses rêves de chirurgie esthétique risque fort de ne pas être un cas isolé : ces dernières semaines, les dossiers d’escroqueries au chômage partiel se sont multipliés à travers la France. D’après de premières investigations, ce sont sans doute plusieurs dizaines de millions d’euros qui ont ainsi été obtenus de façon illégale. 


Georges BRENIER Georges Brenier

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