LYNCHAGE - La scène de crime avait à l’époque marqué les enquêteurs. D’après nos informations, trois jeunes suspects viennent d’être interpellés pour un meurtre d’une rare violence en décembre dernier. La victime avait été piégée par une jeune fille de 14 ans.
L’affaire rappelle évidemment le scénario morbide du film L’appât, inspiré d’une série de meurtres bien réels commis à Paris dans les années 80. Dans les bureaux de la célèbre Brigade criminelle de la police judiciaire parisienne, ce mardi matin 19 février, les enquêteurs font face à une meurtrière présumée qui vient de fêter ses 15 ans. L’adolescente a été interpellée à l’aube, avec ses deux complices présumés, deux jeunes hommes de 17 et 18 ans. Tous sont soupçonnés d’avoir tué, au début de l’hiver, un homme de 35 ans.
L’enquête avait démarré le 19 décembre dernier, dans un appartement de la rue Meunier dans le XVIIIe arrondissement de la capitale. Ce jour-là, les limiers de la "Crim’" tombent sur une scène sordide : un homme gît dans son sang, le crâne défoncé par une série de coups. Ses agresseurs, en fuite, se sont visiblement acharnés sur lui à main nues et à coups de pieds, jusqu’à sa mort.
Nettoyage à l’eau de javel
Dans l’appartement, les tueurs ont dérobé un maigre butin. Un téléphone et quelques objets, qui seront revendus plus tard pour des sommes dérisoires. Dans leur fuite, les suspects ont pris le temps de nettoyer la scène de crime avec de l’eau de javel, dans l’espoir d’effacer empreintes digitales et traces ADN.
Un énorme travail des "Experts" de l’identité judiciaire, puis l’exploitation minutieuse de dizaines de caméras de vidéo-surveillance du quartier et du métro vont pourtant rapidement mettre les policiers sur une piste. Celle d’un guet-apens, tendu par une jeune fille âgée de seulement 14 ans au moment des faits. La victime l’aurait rencontrée quelques jours plus tôt dans les rues de Paris. Les deux auraient alors échangé leur numéro de téléphone, et auraient convenu quelques jours plus tard d’un rendez-vous. Au domicile de l’agent RATP. Il ne le sait pas encore, mais le piège vient sans doute alors de se refermer sur lui…
Au cours de cette soirée, l’adolescente avance une excuse pour sortir du domicile de la rue Meunier quelques minutes. A son retour, deux hommes, cachés derrière elle, entrent à leur tour, de force. D’après les premiers éléments de l’enquête, armés d’une bombe lacrymogène, ils auraient rapidement menacé et agressé le propriétaire des lieux. Le reste de la scène se déroule à huis-clos. Seule certitude : la victime sera retrouvée quelques heures plus tard mort, tuée avec une violence inouïe.
Lynchage en règle
En garde à vue pendant près de 48 heures dans les locaux de la Brigade criminelle, les trois suspects – tous déscolarisés, très connus de la police, de la justice et des services d’aide à l’enfance– sont vite "passés à table", détaillant leur scénario sordide : celui d’utiliser l’adolescente comme appât afin de soutirer ensuite de l’argent à la victime. Lors des différents interrogatoires, les deux jeunes hommes ont reconnu avoir porté des coups mais, d’après eux, en pure légitime défense, sans l’intention de tuer. Des déclarations mises à mal par les constatations et l’autopsie : la victime a été lynchée, sans lui laisser la moindre chance de survie.
Les trois suspects sont présentés depuis ce jeudi matin à un juge d’instruction au Tribunal de grande instance de Paris en vue de leur mise en examen. Leur placement en détention provisoire a d’ores et déjà été requis.