Interpellation controversée à Sevran : colère des policiers après la demande de suspension d'un de leur collègue

Publié le 13 septembre 2019 à 12h20, mis à jour le 13 septembre 2019 à 16h56

Source : TF1 Info

ENQUETE - Plusieurs syndicats de police ont fait part de leur ire après la suspension d'un de leur collègue de Seine-Saint-Denis. Ce dernier avait procédé à une interpellation musclée et filmée à Sevran (Seine-Saint-Denis), mercredi 11 septembre. L'IGPN a été saisie.

La vidéo a été tournée, mercredi 11 septembre, dans le quartier des Beaudottes à Sevran (Seine-Saint-Denis) en milieu de semaine et a été vue, depuis, des milliers de fois. Sur les images, l'interpellation musclée d'un homme, Lamine Ba, médiateur du quartier. 

Au lendemain de la mise en ligne et du relais de ces images, le préfet de police Didier Lallement a annoncé dans un communiqué avoir demandé "la saisine administrative de l’Inspection générale de la police nationale et ordonné la suspension immédiate du fonctionnaire de police primo intervenant [afin] d’établir les circonstances exactes de cette interpellation". 

Les réactions des syndicats, qui appelaient déjà à une Marche de la colère le 2 octobre pour notamment exiger "l'amélioration des conditions de travail", ne se sont pas faites attendre. 

Dans la soirée du 12 septembre, des policiers se sont rassemblées devant le commissariat d'Aulnay-sous-Bois, duquel dépend le fonctionnaire, en signe de protestation contre la suspension du fonctionnaire. "Il a fait son boulot, il a tenté d'interpeller un individu et a été outragé", a insisté Grégory Goupil, secrétaire régional du syndicat Alliance 93, qui juge que la suspension est "injustifiée". 

"C’est plus que surprenant, c’est honteux, a abondé Linda Kebbab, déléguée nationale Unité SGP Police FO sur LCI. On se contente de suspendre le collègue et ça c’est juste inadmissible!" Un autre policier à ses côtés a déclaré : "Il y a une vidéo qui tourne sur les réseaux sociaux, qui est sortie d’un contexte, et une autorité administrative qui qui prend une décision très certainement commandée par les pouvoirs politiques pour acheter la paix sociale à Aulnay-sous-Bois." 

Au même moment, le syndicat SGP Police a annoncé qu'il lançait "une opération 'commissariats morts sur le 93' jusqu'à la réintégration" de leur collègue". Il a prévenu que cette action pourrait "s'amplifier au-delà de l'Île-de-France et prendre une ampleur nationale". 

Sur le même réseau social, ce vendredi matin, le syndicat Alliance, qui s'indigne de "la suspension de trop", a appelé "tous les collègues du 93 à ne répondre qu’aux appels d’urgence à compter de ce jour, jusqu’au 02.10.2019, jour de la marche de la colère."

Dossier à l'instruction

Le même jour, BFM TV annonçait que le directeur général de la police nationale, Eric Morvan, avait "refusé de suspendre le policier" filmé aux Beaudottes, comme l'avait "ordonné" le préfet de police de Paris, Didier Lallement. 

"Ce n’est pas le préfet de police mais le directeur général de la police nationale qui est le seul avec le ministre de l'Intérieur à pouvoir suspendre un policier. Or actuellement, le cas du policier est à l’étude au sein de la DGPN, toujours en phase d’instruction. La décision sera très certainement prise dans la soirée", a appris LCI ce vendredi.

Le médiateur de Sevran Lamine Ba, a déposé plainte pour "violences par personne dépositaire de l'autorité publique", a appris LCI. Il a également posté un message sur Instagram sur lequel on pouvait lire :" Merci à tous pour votre soutien, on va laisser la justice faire son travail". 

Les syndicats reçus par le préfet

Le policier filmé est lui "en arrêt", ont fait savoir les syndicats. "Il est blessé à la tempe, il est en arrêt," a indiqué l'un d'entre eux à LCI. 

Ce vendredi matin, les syndicats de police ont été reçus par Didier Lallement. Dans un communiqué publié à l'issue de cette rencontre, Alliance Police Nationale ne décolère pas et dénonce une suspension "illégale", faisant valoir qu'il avait "été blessé lors de l’intervention de police" et qu'il se trouvait "en arrêt de travail". Et de poursuivre : "De ce fait, celle-ci ne sera pas notifiée et avons exigé que l’enquête soit rapidement effectuée. Elle confirmera sans doute le caractère arbitraire de cette décision. Alliance Police Nationale prend acte de cette annonce, tout en regrettant la précipitation et la méthode employée à l’encontre de notre collègue".

Le syndicat annonce également qu'"après avoir échangé avec [son] collègue, particulièrement affecté, il a été décidé, avec son accord, de suspendre l’action déclenchée ce matin (dans le 93 ndlr)".


La rédaction de TF1info

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