ENQUETE - Latifa Ibn Ziaten, mère d'un soldat tué par Mohammed Merah en 2012, a annoncé lundi 10 juin avoir porté plainte après avoir découvert des inscriptions sur les murs de sa maison contenant des menaces de mort. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et plusieurs membres de la classe politique lui ont apporté leur soutien.
Des menaces de morts au domicile de Latifa Ibn Ziaten. Des insultes antisémites taguées sur ses murs. La mère d'Imad, l'un des militaires tués par le terroriste Mohammed Merah en mars 2012, a annoncé lundi 10 juin avoir déposé plainte après avoir découvert des tags sur la façade de son domicile. Celle qui est désormais connue pour son engagement contre le terrorisme et la radicalisation des jeunes a publié plusieurs photos, montrant des messages sans équivoque la menaçant de mort, ainsi qu'une inscription à caractère antisémite et une mention "Vive Merah".
En me réveillant ce matin, c’est sous le choc que j’ai découvert ces tags sur les murs de ma maison. Une nouvelle fois, je suis prise pour cible. J’ai déposé plainte. J’espère que les coupables seront retrouvés et punis de leur acte haineux. pic.twitter.com/Q6OXyEsbSe — Latifa Ibn Ziaten (@LatifaIbnZ) June 10, 2019
La plainte a été déposée le matin de la découverte des tags, près de Rouen, a confirmé une source judiciaire à LCI. Les faits se seraient déroulés dans la nuit de dimanche à lundi. "Une nouvelle fois, je suis prise pour cible", a déclaré Latifa Ibn Ziaten. Interrogée par les caméras de TF1, elle a déclaré : "Je n'ai pas peur. Mais je n'aime pas ça chez moi : c'est ma maison. C'est privé. C'est ma famille. S'ils veulent ma peau, je suis là. Mais pas ma famille."
Emmanuel Macron s'est fendu d'un tweet pour assurer que "les auteurs de ces actes odieux seront punis". "Mais ils ont déjà perdu. Car ils ne peuvent rien face au combat d'amour d'une mère ayant déjà survécu au pire. Nous sommes des millions à vos côtés", a écrit le président de la République. "J'espère que les coupables seront retrouvés et punis de leur acte odieux." Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, lui a témoigné son "soutien" dans la matinée, l'assurant de sa "détermination" à faire en sorte que "les auteurs de cette infamie répondent de leurs actes devant la justice".
Les proches de la plaignante ont déposé des bâches noires pour dissimuler les inscriptions.
Chère @LatifaIbnZ , vous venez de subir une nouvelle blessure. Les auteurs de ces actes odieux seront punis. Mais ils ont déjà perdu. Car ils ne peuvent rien face au combat d’amour d’une mère ayant déjà survécu au pire. Nous sommes des millions à vos côtés. — Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 10, 2019
Les proches de Latifa Ibn #Ziaten ont déposé des bâches noires pour cacher les tags haineux découverts ce matin au domicile de la mère de la première victime de Mohamed #Merah à #Sotteville pic.twitter.com/pHG6cYEkQJ — Thibault Malandrin (@tibomalandrin) 10 juin 2019
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Des précédents
"Tout mon soutien à Latifa Ibn Ziaten et à son combat inlassable contre l'antisémitisme", a écrit le député LaREM Benjamin Griveaux. "Honte à ceux qui, en s'en prenant à elle, nous salissent tous", a également réagi, sur Twitter, l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot.
La mère d'Imad Ibn Ziaten avait déjà fait l'objet de menaces par le passé. Elle avait notamment raconté avoir été prise pour cible par Radouane Lakdim en décembre 2016, avant que celui-ci ne soit connu comme le tueur du Super U de Trèbes en mars 2018. "Continue comme ça et tu verras", avait alors lancé le terroriste, selon le récit qu'elle en avait fait. En novembre 2017, elle avait déposé plainte pour "violences volontaires" contre un homme qui l'avait bousculée peu avant le verdict du procès Merah. Ce dernier avait assuré que son geste était "accidentel".
En janvier 2015, une jeune femme de 19 ans avait été placée en garde à vue après avoir proféré des menaces sur la page Facebook de Latifa Ibn Ziaten. Dès mai 2013, une mère et sa fille avaient été interpellées par la police, suspectées de lui avoir adressé des emails menaçants. Latifa Ibn Ziaten avait alors déclaré que les menaces dont elle était l'objet "justifiaient" son combat contre l'extrémisme religieux.