"Je ne savais pas si j’allais devenir tétraplégique ou juste mourir" : le policier agressé à Lyon témoigne

Publié le 22 juin 2020 à 14h13

Source : TF1 Info

TÉMOIGNAGE - Dans la nuit du 13 au 14 juin dernier, un policier de 34 ans et sa compagne ont été agressés par une douzaine d'individus à Lyon. Roué de coups et laissé pour mort, la victime se dit traumatisée par cette agression : "Je vis dans l’angoisse totale, j’ai une boule au ventre". Il se confie à visage couvert.

C'était dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 juin à Lyon, dans le Rhône. Alexandre, policier de 34 ans, est agressé et roué de coups par une douzaine d'individus l'ayant reconnu tandis qu'il rentre chez lui avec sa compagne. Huit jours plus tard, la victime est toujours traumatisée par cet événement : "Je vis dans l’angoisse totale, j’ai une boule au ventre, je ne peux pas retourner là-bas sans me dire 'Bon, ben il y en a encore 9 en liberté'.

Ce fameux samedi soir, après une soirée chez des amis, Alexandre rentre chez lui avec sa compagne, quand une voiture avec 2 passagers aurait tenté de les renverser. "Il y a un jeune homme qui descend, qui vient vers moi avec les yeux injectés de sang et qui commence à me dire 'On va t’enc***er sale flic'" explique Alexandre, qui a reconnu un des jeunes qu’il a déjà interpellé auparavant.

Ma tête est vraiment devenue un ballon de foot.
Alexandre, policier de 34 ans agressé à Lyon.

Quelques minutes plus tard, d’autres individus les rejoignent, une douzaine selon le policier qui était alors en civil. Ils entourent le couple. "C’était clairement un lynchage, j’ai reçu une quarantaine de coups de pieds, derrière la nuque. Ma tête est vraiment devenue un ballon de foot. Je ne savais pas si j’allais devenir tétraplégique ou si j’allais juste mourir" déclare la victime, qui présente "plusieurs fractures à la cheville, une luxation du talon d'Achille et de nombreuses ecchymoses sur tout le corps" et s'est vu  prescrire une incapacité totale de travail de 45 jours. Sa compagne a aussi reçu un coup à la clavicule (ITT de 3 jours).

"On ne se serait jamais imaginé, qu’à l’heure actuelle, un policier hors-service puisse se faire agresser aussi violemment, laissé pour mort ! Parce que c’était le cas, j’étais complètement inconscient, laissé pour mort. Aujourd’hui, on ne devrait pas avoir à subir ce genre de violences, et dans un monde idéal, on ne devrait même pas subir de violences tout court" s'insurge Alexandre, qui affirme ne pas pouvoir rentrer chez lui. Il est pour l'heure hébergé chez des proches.

Alors que le parquet de Lyon a ouvert une enquête le dimanche suivant l'agression, trois suspects ont été interpellés et mis en examen. Il s'agit d'un majeur et de deux mineurs, de 14 et 17 ans, jusqu'à présent inconnus de la justice. Le majeur et le mineur de 17 ans ont été placés en détention provisoire. 

Reconnaissant "leur présence sur les lieux de l'agression tout en minimisant leur participation et en contestant avoir connu la qualité de policier de la victime", ils ont été mis en examen pour "violences volontaires avec arme et en réunion ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours sur une personne dépositaire de l'autorité publique" et "violences volontaires en réunion sur le  conjoint d'une personnes dépositaire de l'autorité publique à raison des fonctions de cette dernière".

Le 15 juin dernier, Pierre Tholly, secrétaire régional Auvergne-Rhône-Alpes du syndicat Alliance Police Nationale, s'indignait sur TF1 des violences subies par les forces de l'ordre ces derniers mois : "Il y a un vrai ras-le-bol. On souhaite vraiment que le président Macron prenne conscience de cela, et qu'il nous donne des gages, pour qu'on arrête de donner du crédit à ceux qui nous jettent l'opprobre". 


La rédaction de TF1info

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