Jeune fille tondue à Besançon : condamnée à un an de prison, la famille a été expulsée ce samedi matin

C.A.
Publié le 24 octobre 2020 à 14h26, mis à jour le 24 octobre 2020 à 15h40
Marlène Schiappa et Gérald Darmanin ont annoncé conjointement l'expulsion de cette famille
Marlène Schiappa et Gérald Darmanin ont annoncé conjointement l'expulsion de cette famille - Source : Thomas COEX / POOL / AFP

PROCÈS - La justice a estimé "très graves" les faits reprochés aux parents, à l'oncle et à la tante d'une jeune fille musulmane bosniaque et les a condamnés à un an de prison dont quatre mois avec sursis. Cinq membres de cette famille ont été expulsés ce samedi matin.

Cette affaire avait soulevé une vive émotion en France et même à l'étranger, rappelant le sort de milliers de femmes tondues à la Libération pour avoir entretenu une liaison avec un soldat allemand sous l’Occupation. Le tribunal correctionnel de Besançon a condamné vendredi soir les parents, l'oncle et la tante d'une jeune fille musulmane bosniaque à un an d'emprisonnement dont quatre mois avec sursis. Cette dernière avait été tondue en août dernier parce qu'elle fréquentait un jeune Serbe chrétien. Le tribunal a également prononcé une interdiction de territoire français de cinq ans à l'encontre des parents de la jeune fille, âgée de 17 ans. Dans la foulée, Gérald Darmanin et Marlène Schiappa ont annoncé que les cinq membres de cette famille avaient été expulsés ce samedi matin vers Sarajevo.  Il s'agit des parents condamnés et de 3 de leurs enfants. L'oncle et la tante de la jeune fille bénéficient, eux, du statut de réfugié. 

"Comme nous nous y étions engagés, la  famille qui s'en est pris lâchement à leur fille et nièce en la frappant et en allant jusqu'à la tondre de force parce qu'elle était amoureuse d'un homme d'une autre confession a été expulsée ce matin", écrivent conjointement Marlène Schiappa et Gérald Darmanin. 

Quand une jeune fille mineure fait une grosse bêtise, on lui tond les cheveux, c’est comme une amende.
L'oncle de la victime

Lors de la médiatisation de cette affaire fin août, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait à l'époque estimé que l'oncle et la tante, arrivés en France en 2016 et qui bénéficiaient du statut de réfugiés, n'avaient "rien à faire sur le sol national", affirmant qu'ils seraient reconduits à la frontière dès la fin de la procédure judiciaire. La jeune fille avait été placée sous la protection du service de l'aide sociale (ASE) à l'enfance et ses parents, son oncle et sa tante sous contrôle judiciaire en attendant leur procès. Ils avaient été été interpellés mi-août par la police, alertée par le petit ami de l'adolescente. Marlène Schiappa a annoncé ce samedi que la jeune victime bénéficiera d'un titre de séjour à sa majorité.

Le père dit l'avoir "juste tondue"

A l'audience, la jeune fille et la famille de son petit ami, présente au moment des faits, ont affirmé qu'elle avait été emmenée dans sa chambre, molestée par les quatre adultes et tondue par son oncle. Lors de son audition par les enquêteurs, elle avait déjà expliqué que ses parents lui avaient "mis des coups de poing et de pied" parce qu'ils s'opposaient à leur mariage et à ce qu'ils se fréquentent "à cause de la religion"

L'oncle a par ailleurs estimé que "quand une jeune fille mineure fait une grosse bêtise, on lui tond les cheveux, c’est comme une amende". Les quatre prévenus ont en revanche "réfuté avoir roué de coups Selma. Le père dit l’avoir 'juste tondue', la mère lui avoir 'mis deux claques', la tante 'une poussette sur l’épaule' et l’oncle, ne pas l’avoir touchée", a relevé le procureur Etienne Manteaux. Mais "comment expliquez-vous la sévérité de l’examen médico-légal, côtes cassées, multiples hématomes, 14 jours d’ITT... ?", s'est interrogé  avant de requérir un an de prison contre les quatre adultes pour ces "faits extrêmement graves".

Le petit ami de la victime pointé du doigt par la famille

Les avocats de la défense, eux, réfutent tout "passage à tabac" de la part de la famille et rejettent la faute sur le petit ami de la jeune fille. Les ecchymoses plus anciennes "ne peuvent pas être attribuées à sa famille", c'est son petit ami qui l'a "frappée", ont-ils assuré. Pour Me Patrick Uzan, avocat de l’oncle et de la tante, "cette enfant a trahi la vérité". "Vous avez affaire à une jeune fille amoureuse de 17 ans qui protège son petit-copain et qui ne voit pas le mal qu’il fait", a plaidé Me Catherine Bresson, conseil des parents de la victime.

L'avocate de la famille "scandalisée"

"Je suis scandalisée", a réagi auprès de l'AFP Me Catherine Bresson, avocate des parents, précisant qu'elle ignorait la présence de fonctionnaires de la Police de l'air et des frontières au tribunal et ne trouvait "pas normal"  que l'expulsion "ait été faite dans le dos de tout le monde, en catimini". L'avocate a toutefois admis que cette expulsion était "légale" et n'avoir "juridiquement aucun moyen de s'y opposer". Ses clients auxquels le statut de réfugié politique avait été refusé avaient en effet "signé les documents pour rentrer dans leur pays  bien avant les faits", leur retour étant repoussé en raison du Covid et pour des questions administratives. "Ils n'avaient pas besoin de Darmanin", a insisté Me Bresson.

 


C.A.

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