Trafic de drogue : l'exécutif veut étendre le travail rémunéré pour les jeunes guetteurs

Publié le 12 octobre 2020 à 14h00

Source : TF1 Info

INSERTION - Marlène Schiappa annonce dans Le Figaro l'extension du Tapaj, un dispositif déjà expérimenté visant à fournir un travail rémunéré à la journée pour les jeunes de 16 à 25 ans qui font le "chouf", c'est-à-dire les guetteurs au profit des trafiquants de drogue. L'objectif de la mesure est d'empêcher leur basculement dans la délinquance.

Face aux trafics de drogue qui gangrènent certains quartiers, l'exécutif veut réactiver des dispositifs de réinsertion. Dans un entretien au Figaro, Marlène Schiappa annonce l'extension d'un dispositif baptisé "travail alternatif payé à la journée" (Tapaj), visant à fournir des activités rémunérées aux petits délinquants afin de les sortir de la spirale de la délinquance ou d'éviter qu'ils n'y basculent. Il concerne les jeunes qui font "le chouf", c'est-à-dire les guetteurs, pour le compte des dealers. 

"C'est un programme d'insertion global qui s'adresse aux 16-25 ans en situation de grande précarité et qui leur propose d'éviter ce risque de basculement vers la délinquance en leur proposant des activités rémunérées à la fin de la journée", détaille la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté auprès du Figaro. "Cela leur donne le goût du travail, le goût de l'effort. De premières expérimentations menées à bas bruit marchent très bien. Nous voulons les étendre à 60 nouveaux quartiers d'ici à 2022", précise-t-elle. 

Un dispositif lancé dès 2013

Le dispositif d’insertion sociale et professionnelle Tapaj, adaptation d'un projet lancé au Québec, a été expérimenté dès 2013 à Bordeaux auprès de jeunes de moins de 25 ans ne pouvant prétendre au RSA, parfois eux-mêmes usagers de drogues, dans le cadre d'une démarche de prise en charge globale de ces publics. Le Tapaj doit permettre à ces publics d'entrer progressivement dans le monde du travail en commençant par une journée par semaine, puis davantage, sur un emploi non qualifié, payé 10 euros de l'heure, payé sous forme de chèque emploi service échangeable en liquide à La Poste.

La première expérimentation, à Bordeaux, aurait permis à 45% des jeunes pris en charge de trouver "une issue positive", un niveau supérieur aux dispositifs d'insertion classiques, selon un bilan ministériel. En 2017, 17 villes étaient concernées par un tel dispositif, dont Paris, Nice, Marseille, Strasbourg et Toulouse, sollicitant une quinzaine d'entreprises publiques et privées, organisations et administrations, et 378 jeunes avaient été inscrits. Fin 2018, Emmanuel Macron avait mentionné le dispositif dans son plan de lutte contre la pauvreté, et le gouvernement avait débloqué 7 millions d'euros de crédits pour les quatre années à venir en vue de son déploiement national. 

"Il ne s'agit pas d'acheter la paix sociale"

"Il ne s'agit pas d'acheter la paix sociale", a assuré Marlène Schiappa au Figaro. "Nous allons proposer des travaux très concrets, non qualifiés et sans engagement, indemnisés au jour le jour, avec un accompagnement social. Cela peut être des travaux d'urbanisme, de ramassage ou de nettoyage. L'idée, c'est de compenser ce que les 'petits frères' pourraient gagner en faisant quelques heures de 'chouf' pour le compte des dealers."

L'initiative laisse les syndicats de police sceptiques. "Il va falloir leur donner un salaire mirobolant, par rapport à ce qu'ils gagnent toute la journée", a réagi sur LCI Grégory Joron, secrétaire général délégué du syndicat Unité SGP Police FO. "Ces jeunes-là, quand ils sont en 'chouf', on sait que c'est 150 à 200 euros par jour pour simplement faire les guetteurs."


Vincent MICHELON

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