FAIT DIVERS - Une magistrate, présidente de la cour d'assises des Yvelines, a été violemment agressée lundi matin à son domicile. La victime, blessée à la tête par un tir d'arme "non identifié", présente plusieurs fractures au visage. Deux personnes sont activement recherchées. Une enquête a été ouverte pour "tentative d'assassinat". La garde des Sceaux Nicole Belloubet a assuré mardi que les auteurs étaient "activement recherchés".
C'est un tweet de la ministre de la Justice Nicole Belloubet qui a médiatisé l'événement. Ce lundi matin, aux alentours de 9h40, la présidente de la cour d'assises des Yvelines a été agressée à son domicile. Selon nos informations, c'est son fils qui a appelé le 17 pour alerter.
"La victime a été blessée au niveau de la tête. Elle a été hospitalisée. Le pronostic vital n'est pas engagé", a indiqué une source proche de l'enquête à LCI. Le type d'arme utilisé n'est pas encore identifié, a indiqué dans la soirée le procureur de la République de Versailles mais selon certaines sources, il pourrait s'agir d'une arme de type LBD ("lanceur de balle de défense.")
J’apprends avec indignation et émotion l’agression de la présidente de la cour d’assises de Versailles. Toutes les forces de l’ordre sont mobilisées pour retrouver les auteurs. Tout mon soutien à la magistrate, à sa famille et à la communauté judiciaire de Versailles. — Nicole Belloubet (@NBelloubet) 17 juin 2019
Une pensée à notre collègue de Versailles, agressée violemment à son domicile ce matin. C’est aussi lâche qu’insupportable. J’espère qu’elle se remettra vite. Nous pensons fort à elle ainsi qu’à ses collègues. — Youssef Badr (@porte_parole_MJ) 17 juin 2019
Nicole Belloubet a précisé, mardi à l'Assemblée nationale, que la magistrate avait été "grièvement blessée", mais qu'elle était "hors de danger".
"Prise en charge par les secours et actuellement hospitalisée, elle présente plusieurs fractures au niveau du visage. Les investigations se poursuivent en vue d'identifier et d'interpeller les auteurs des faits actuellement en fuite, et de déterminer les motifs de l'agression, à ce jour inconnus", indique le procureur.
Enquête pour "tentative d'assassinat"
Une enquête a été ouverte du chef de tentative d'assassinat et confiée à la section de recherche de la gendarmerie de Versailles. "Selon les premiers éléments de l'enquête, deux individus casqués et circulant à bord d'une moto se sont présentés à son domicile et ont sonné à l'interphone. Ayant ouvert une fenêtre, la victime a alors essuyé un tir d'arme de poing à ce jour non identifiée, dirigé vers son visage", a indiqué le procureur de la République de Versailles.
"Les premiers éléments ont justifié l'ouverture d'une enquête du chef de tentative d'assassinat", a indiqué la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, mardi devant les députés. "Les auteurs de ce crime sont activement recherchés et trente enquêteurs sont actuellement mobilisés à cette fin." Selon la ministre, "l'enquête déterminera si elle a été agressée en raison de ses fonctions, c'est une piste qui ne peut pas être négligée".
Indignation du monde judiciaire
"Magistrats et avocats font face à une vague sans précédent de violences et de menaces dans notre pays. Nous ne laisserons pas faire !", a dénoncé la présidente du Conseil national de barreaux (CNB) Christiane Feral-Schuhl. L'Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire dans la profession, s'est dite mardi "vivement préoccupée" de la sécurité des juges et demande au ministère de la Justice de repenser la question. Selon Nicole Belloubet, "60 agressions sont signalées chaque année au ministère de la Justice", touchant greffiers et magistrats.
L'agression a aussi suscité l'émoi au palais de justice de Paris, où se poursuivait lundi le procès de Patrick et Isabelle Balkany. A l'ouverture de l'audience, le président de la 32e chambre correctionnelle, Benjamin Blanchet, a évoqué l'agression : "elle a reçu une balle de flashball dans l'oeil, tirée à bout portant. Le tribunal dans son ensemble a une pensée pour elle". Il a aussi rappelé "l'urgence du règlement de la protection des magistrats dans l'exercice de leur fonction". L'ancien bâtonnier Pierre-Olivier Sur, qui défend Isabelle Balkany, a lui aussi exprimé son émotion avant le début des plaidoiries.
La magistrate a été nommée à Versailles en août 2015, après avoir été vice-présidente du tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre. La semaine précédant son agression, elle présidait à Nanterre - juridiction qui dépend de Versailles - un procès à la cour d'assises des mineurs. Ces derniers mois, elle a notamment présidé le procès d'un animateur accusé de viols et d'agressions sur des enfants, et celui d'un homme accusé d'avoir assassiné sa femme.