VIDÉO - Collision en Méditerranée : la pollution s'étend sur 25 km, une tentative de désincarcération a échoué

Publié le 10 octobre 2018 à 6h14
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Source : Sujet JT LCI

ENVIRONNEMENT - Les opérations de dépollution ont débuté lundi matin et devraient durer plusieurs jours au large du Cap Corse, où deux navires se sont percutés. Objectif : récupérer plusieurs dizaines de mètres cubes de fuel. Pour l'heure, les conditions climatiques sont favorables mais elles pourraient évoluer défavorablement.

Un accident d'une "exceptionnelle" rareté. C'est en ces termes que la préfecture maritime de la Méditerranée, contactée par LCI, a qualifié ce lundi la collision qui s'est déroulée dimanche entre un navire roulier tunisien et un porte-conteneurs chypriote. Les deux navires se sont percutés au nord-ouest du cap Corse, provoquant une pollution au fuel en taches successives. Voici ce que l'on sait sur cet accident.

La vitesse du navire tunisien en cause ?

Le choc a eu lieu vers 7H30 du matin quand le navire tunisien, Ulysse, est entré en collision avec le porte-conteneur CLS Virginia, alors au mouillage à environ 28 km au nord-ouest du cap Corse. "Le porte-conteneurs, qui était vide, avait demandé le mouillage", a indiqué la préfecture maritime à Toulon. Comment expliquer une telle collision ? Si la préfecture maritime se refuse pour l'heure à pointer du doigt une responsabilité, celle-ci précise qu'une enquête a été ouverte pour "pollution consécutive à un accident maritime" et confiée à la gendarmerie maritime. 

Une source contactée par l'AFP précise que le navire tunisien "allait peut-être trop vite par rapport à sa capacité de réaction". Seule certitude : bien que situé loin de la côte, le mouillage du porte-conteneur était autorisé à cet endroit, en dehors des eaux territoriales. Et ce grâce à une langue de sable qui remonte le niveau des fonds marins à une cinquantaine de mètres. Lundi soir, le ministre de la Transition écologique François de Rugy a dénoncé le comportement "totalement anormal" du navire tunisien, jugeant qu'il est "évident qu'il n'y a pas eu la veille à la barre du navire roulier" qui aurait, selon lui, permis d'éviter la collision.

Dans un communiqué, l'association de protection de l'homme et de l'environnement Robin des Bois a affirmé mardi que le navire tunisien "cumul(ait) les déficiences techniques ou humaines à chaque fois qu'il fait l'objet d'un contrôle à Gênes, à Libourne ou à Barcelone", regrettant que "les ports de Sète et de Marseille" soient "plus indulgents". L'association a aussi dénoncé le "mouillage incongru pour une période indéterminée" du porte-conteneurs chypriote "en chômage et en attente d'une offre de travail", jugeant qu'il s'agissait d'un "stationnement gratuit et dangereux en haute-mer".

Est-on en présence d'une marée noire ?

En attendant les avancées de l'enquête, les secours, eux, s'activent sur place où sept bateaux sont arrivés. Objectif : éviter une catastrophe environnementale. Car le choc a provoqué une brèche dans la coque du porte-conteneurs laissant échapper du fuel de propulsion du navire, du fuel "ni très léger, ni très lourd", selon la préfecture maritime qui parle de fuite "maîtrisée". La pollution s'étend ce mardi sur 25 km répartie en sept tronçons discontinus. Sur zone, la mer est peu agitée et le vent souffle vers l'ouest pour une moyenne de 20km/h. 

La quantité qui s'est déversée dans le périmètre du Parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate en Méditerranée est évaluée par la préfecture maritime de Toulon entre 40 et 200 m3. Il ne s'agit "que" du fuel de propulsion du navire et non de la cargaison du navire. A ce stade, il est donc exagéré de parler de "marée noire".  

Les images aériennes de la pollution au large de la CorseSource : Sujet JT LCI
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Comment les opérations de dépollution sont-elles organisées ?

Le préfet maritime a activé l'accord permanent Ramogepol, un plan d'intervention pour la lutte contre les pollutions marines accidentelles en Méditerranée mis en place en 1993 par la France, l'Italie et Monaco. Deux navires français et deux italiens étaient déjà présents lundi matin, et un autre de chaque pays doit encore arriver. L'objectif est d'empêcher au maximum tout nouveau dégagement de carburant de la soute du porte-conteneurs qui a été endommagée, et de récupérer le fuel qui s'en est déjà échappé. 

Contactée par LCI, la préfecture maritime a précisé que les moyens déjà présents sur place disposaient des capacités de stockages suffisantes pour faire face. Les opérations de dépollution consistent à déployer un barrage flottant pour limiter l'extension de la traînée et concentrer la pollution. Le barrage se fait grâce à un système de bras articulé qui concentre le fuel puis avec un écrémeur qui le récupère ensuite.

Les deux navires vont -ils être désincarcérés ?

Lundi,  "des discussions sont en cours pour établir dans quelles conditions on peut désincarcérer les deux navires", a encore précisé la préfecture maritime.  Celle-ci a annoncé ce mardi matin que trois bateaux ont tenté de désincarcérer les deux navires. En vain.

Une fois que la manœuvre aura réussi, les deux navires devraient ensuite rejoindre un port, en étant soit remorqués, soit escortés. Un port sans doute très fréquenté puisque, comme le rappelle la préfecture, 20% du trafic mondial a lieu dans la Méditerranée qui représente seulement 1% de la surface des mers sur terre.


Thomas GUIEN

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