Interpellation musclée d'un manifestant à Bordeaux : le jeune homme porte plainte, la police des polices saisie

Publié le 13 février 2020 à 12h39
L'interpellation mouvementée est jugée  "appropriée et réglementaire" selon la police.
L'interpellation mouvementée est jugée "appropriée et réglementaire" selon la police. - Source : AB7 MEDIA / CAPTURE ÉCRAN

VIOLENCES - Mise en cause par une vidéo après l'interpellation d'un jeune homme, samedi 8 février en marge de l'acte 65 des Gilets jaunes, la police s'est défendue, évoquant l'utilisation d'une technique "appropriée et réglementaire". Le parquet a annoncé avoir saisi l'Inspection générale de la police nationale. Ce jeudi, le manifestant a, lui, porté plainte.

La vidéo a enflammé les réseaux sociaux en un week-end. Lundi soir, elle comptabilisait quelque 2,5 millions de vues. Titrée "Interpellation violente de la BAC", la séquence de 48 secondes montre un jeune homme interpellé sans ménagement au milieu de voyageurs alignés devant les parois vitrées de la gare de Bordeaux samedi 8 février en marge d'une manifestation des Gilets jaunes émaillée de violences. Sauf que la dite vidéo, tournée par un "média indépendant et militant", a été "tronquée des événements ayant précédé cette interpellation", affirment les services du procureur de la République à l'AFP.

Alors que le parquet annonçait mardi avoir saisi l'inspection générale de la police nationale afin de pouvoir "fonder sa décision future sur les suites à donner à cette affaire", l'avocat du jeune homme a fait savoir ce jeudi qu'une plainte avait été déposée au nom de son client. "J'ai déposé une plainte entre les mains du procureur de la République de Bordeaux. Celle-ci concerne des faits de violences aggravées par trois circonstances et menaces réitérées de commettre un délit ou un crime", a expliqué à l'AFP Me Gabriel Lassort. 

Ces trois circonstances aggravantes sont liées au fait que le ou les auteurs présumés de l'interpellation, des policiers de la BAC, sont des "personnes dépositaires de l'autorité publique", qu'il a été fait "usage ou menace d'une arme" et que cela a été effectué "en réunion", a assuré l'avocat.   

Sur les images, on voit un policier s'avancer et désigner un homme : "Non, à gauche, à gauche !". Un autre policier court alors vers un autre homme porteur d'un bonnet vert, l'attrape par les vêtements et le tire au sol, avant de l'immobiliser tandis que son collègue lui assène un coup de pied dans le bas du corps, devant des badauds interloqués et plusieurs enfants choqués. 

Il a été vu "jetant des pierres" sur la police

Contacté par l'AFP, le directeur départemental de la sécurité publique de la Gironde, Patrick Mairesse, s'est employé à justifier cette somme de violence par les antécédents du jeune homme au bonnet. Ce dernier, explique le cadre policier, avait été auparavant vu par un policier en train de "jeter des pierres" en direction des forces de l'ordre, dans le secteur de la gare, alors en proie à "beaucoup d'agressivité". "Un hélicoptère l'avait précédemment filmé en train de récupérer des objets sur un chantier", a précisé le parquet de Bordeaux à l'AFP. "Oui, il est interpellé au milieu de badauds, mais c'est lui qui s'est dissimulé au milieu d'eux pour éviter d'être interpellé", a justifié le chef de la sécurité publique.

Selon la police, l'interpellation mouvementée de cet individu était "appropriée et réglementaire". "Le policier a effectué un balayage qui consiste à mettre à terre une personne pour qu'elle soit menottée plus facilement : ce geste fait partie des techniques appropriées et réglementaires", a détaillé à l'AFP Patrick Mairesse. Le parquet de Bordeaux a précisé que le jeune homme n'avait pas déposé plainte. Remis en liberté ce dimanche soir, il devait être réentendu lundi en garde à vue.


La rédaction de TF1info

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