80 ans des accords de Matignon célébrés par Valls : c'était quoi le Front populaire ?

Publié le 7 juin 2016 à 18h06
80 ans des accords de Matignon célébrés par Valls : c'était quoi le Front populaire ?

UN PEU D'HISTOIRE - Manuel Valls célèbre mardi, avec un discours prononcé à l'hôtel de Matignon, les 80 ans des accords du même nom, signés en 1936 sous le Front populaire. Pour ceux qui auraient besoin d'une petite remise à jour de leurs connaissances sur cette période si particulière de l'entre-deux-guerre, metronews en propose un rapide récap'.

C'était quoi et quand le Front populaire ?
Manuel Valls prononçant mardi un discours à l'occasion des 80 ans de cette période, il ne faut pas être mathématicien pour calculer (tout comme il ne faut pas être historien pour le savoir...) qu'elle a débuté en 1936. Le  3 mai de cette année-là, date que François Hollande avait de son côté choisie pour célébrer le Front populaire, lui aussi avec un discours marqué à gauche, les socialistes, radicaux et communistes sortaient victorieux des législatives. Leur alliance politique (à noter que les communistes soutiendront mais ne participeront pas à la gestion des affaires), alors que l'heure était grave avec l'ascension de Hitler de l'autre côté du Rhin, en pleine déprime économique de l'Hexagone, méritait bien le nom de "Front". Un Front véritablement "populaire" puisque ses premières semaines d'existence sont marquées par une vague sans précédent de grèves spontanées et joyeuses encourageant son action.

L'expérience, intense, sera de courte durée puisque ce rassemblement des forces de gauche se disloquera dès 1937-1938, notamment à cause de déconvenues économiques et de ses divisions sur l'opportunité d'intervenir face à Franco en Espagne. Sa figure emblématique, Léon Blum, démissionne de la présidence du Conseil le 22 juin 1937, laissant les radicaux prendre peu à peu la main (un second gouvernement Blum tournera court l'année suivante). Le Front populaire glissera vers la droite et prendra définitivement fin avec l'arrivée à la tête du gouvernement du radical Daladier, futur signataire des funestes accords de Munich, en avril 1938.

► Pourquoi la gauche en garde-t-elle un souvenir mythique ?
Parce que les réformes qui ont alors été votées sont mythiques. Les Français en retiennent une en particulier : c'est la première fois qu'ils ont pu partir en vacances grâce l'instauration des congés payés (deux semaines à l'époque). Mais c'est loin d'être le seul acquis social à mettre au crédit de la période : les "accords de Matignon" du 7 juin 1936, en plus d'une augmentation générale des salaires (de 7 à 15% !) , prévoyaient aussi la semaine de 40 heures, la généralisation des conventions collectives ou la reconnaissance de la liberté syndicale. Le Front populaire, ce sont aussi des nationalisations comme celle des industries aéronautiques, des mesures en faveur des loisirs, de la culture ou de l'école (l'obligation scolaire passe par exemple de 13 à 14 ans)… A noter que c'est aussi à cette période que des femmes, sans qu'elles n'aient toujours pas le droit de vote, sont pour la première fois entrées au gouvernement.

► Et pourquoi François Hollande et Manuel Valls s'en revendiquent-t-ils plus que jamais ?
Le discours que le chef de l'Etat avait prononcé le 3 mai en conclusion d'une journée de débats sur le thème de "la gauche au pouvoir", organisée par la Fondation Jean Jaurès et le think tank proche du PS Terra Nova, constitue pour le chef de l’Etat l'occasion "de parler à sa famille politique et de remettre en perspective son action dans l’histoire de la gauche", expliquait alors son entourage à Libération . A un an de la présidentielle, l'hôte malmené de l'Elysée s'évertue en effet, comme l'ont tenté ses proches lors du meeting "Eh Oh la Gauche" , à convaincre les déçus de son discours du Bourget que non, il n'a pas renié les valeurs de son camp. Quoi de mieux pour le faire que de se référer à l'épisode fondateur du Front populaire, symbole de l'émancipation de la classe ouvrière ?

D'autant que depuis le début de la contestation contre la loi Travail, certains socialistes n'ont pas hésité à faire le parallèle avec le Front populaire. Leur premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, avait ainsi estimé  au micro de France Inf o qu'avec les "avancées sociales" contenues dans le texte de Myriam El Khomri, "comme le compte personnel d'activité qui est une nouvelle Sécurité sociale", la gauche au pouvoir renouait avec "les acquis de 1936". Dans le même temps, on a aussi entendu des critiques contre une "trahison" de Léon Blum...

EN SAVOIR + >>  "Il faut savoir arrêter une grève" : Hollande oublie le bout de citation qui le dérange
Ce mardi matin encore, François Hollande a lié la situation sociale actuelle au Front populaire dans une interview publiée par La Voix du Nord  : il y a emprunté une célèbre formule du communiste Maurice Thorez, prononcée juste après la signature des accords de Matignon, pour estimer qu'il "y a un moment () où il faut savoir arrêter une grève". "D’accord avec François Hollande, à une nuance près : 'il faut savoir arrêter une grève quand on a obtenu satisfaction'", lui a répondu la CGT.

 
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Gilles DANIEL

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