A Poitiers, Valls joue la carte de l'unité et tente de séduire les frondeurs (sans succès)

Publié le 6 juin 2015 à 15h21
A Poitiers, Valls joue la carte de l'unité et tente de séduire les frondeurs (sans succès)

ESSAYE ENCORE – Pendant plus d'une heure, le Premier ministre s'est exprimé au congrès du Parti socialiste, à Poitiers. Un discours très attendu qui a réveillé le congrès, mais qui n'a pas convaincu les frondeurs du PS.

Rassurer. C’était un des objectifs de Manuel Valls, qui a tenu un discours d'une heure et demie, à Poitiers, ce samedi, pour le 77e congrès du Parti socialiste. Un discours attendu par les militants socialistes, mais surtout par les "frondeurs", qui réclament depuis dès mois une inflexion de la ligne gouvernementale et entendent bien profiter du rendez-vous pour se faire entendre. 

Les frondeurs déçus

Et force est de constater qu’à l’issue du discours, l’aile gauche du PS ne l’est pas. "On peut toujours dire qu’on est pour l’égalité, mais s’il n’y a pas une redistribution de la richesse, c’est des bobards", raille auprès de metronews la sénatrice parisienne Marie-Noëlle Lienemann, qui ne porte pas le Premier ministre dans son coeur. "C’était un discours banal sans l’ombre d’une inflexion. De la com’ !", résume-t-elle à la sortie du discours. Christian Paul, le chef de file des frondeurs essaye de cacher tant bien que mal sa déception : "Pour l’instant, la direction prise doit être accompagnée de sérieux moyens que je n’ai pas entendus". Sur Twitter, Pascal Cherki, lui, se fait bien plus direct.

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Valls jure fidélité à Hollande

Tout au long de son discours, Manuel Valls s’est adonné à une très longue séance de câlinothérapie, en faisant applaudir nombre de ses ministres, de Christiane Taubira à Marisol Touraine en passant par Stéphane Le Foll, Ségolène Royal ou encore Najat Vallaud-Belkacem. Mais comme toute liste, il y a un début et une fin. Et le diable se cache dans les détails… et les absents. Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, très décrié à gauche, n’aura pas eu un mot. Pas question de risquer les sifflets. Benoit Hamon ou encore Arnaud Montebourg n’auront pas eu, eux non plus, la moindre adresse. Quant à Martine Aurby, qui s’est pourtant ralliée à la motion majoritaire, la A, soutenue par le gouvernement, son nom ne sera pas évoqué. Un simple "oubli" concernant son ministre de l'Economie se justifiera-t-il, selon des propos rapportés par une journaliste du Point ; quant à Martine Aubry, "elle n'est pas membre du gouvernement" tranche-t-il.

En revanche, Manuel Valls n’a pas oublié de mentionner le président de la République, loin de là. Il l’a fait ovationner plusieurs fois. "Soyons fiers du président de la République qui incarne avec courage la voix de la France", assure le Premier ministre à la tribune avant de lui jurer fidélité : "Vous pouvez être certain de ma loyauté sans faille à l’égard du président de la République [...] Il n’y a pas d’aventures personnelles, il n’y que des aventures collectives". Une phrase qui sonne comme une réponse au sondage publié jeudi qui le place en tête, devant François Hollande, d’une éventuelle primaire ouverte à gauche. "Eventuelle" car, bien qu’inscrite dans les statuts du parti, la question n’a toujours pas été réglée ; sa résolution a été renvoyée à l’automne 2016, à six mois de l’élection présidentielle.

Un discours sans grandes annonces

Pendant plus d'une heure, Manuel Valls a également tenté de convaincre que la politique menée par son gouvernement était de gauche, et a esquissé les réformes à venir. "Nous devons continuer à réformer [...] il n’y aura pas de pause", a-t-il assuré. Première d’entre elles qui se dessine : le prélèvement de l’impôt à la source, un serpent de mer, promis ce samedi par Manuel Valls. Le chef du gouvernement s’en est ensuite pris à la droite, qu’il a critiquée vertement, notamment Nicolas Sarkozy, qui a été rhabillé pour l’hiver.

Un discours finalement sans grandes annonces, où Manuel Valls a joué la carte de l’unité sans toutefois trop convaincre à sa gauche. "C’était un Premier ministre apaisé. Je l’ai connu plus offensif", concède cependant Christian Paul, le chef de file des frondeurs.

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La rédaction de TF1info

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