Alexis Kohler, Patrick Strzoda et Lionel Lavergne : qui sont les trois proches d'Emmanuel Macron éclaboussés par l'affaire Benalla ?

Publié le 21 mars 2019 à 20h27, mis à jour le 21 mars 2019 à 21h52

Source : JT 13h Semaine

AFFAIRE BENALLA - Le Sénat vient d'annoncer qu'il saisissait le Parquet dans le cadre de l'affaire Benalla, pour les cas de Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Elysée et Lionel Lavergne, le patron du GSPR.

C'est d'ores et déjà un coup de tonnerre. Le Sénat a annoncé jeudi 21 mars qu'il saisissait la justice pour les cas d'Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée, Patrick Strzoda, chef de cabinet d'Emmanuel Macron et Lionel Lavergne, patron du GSPR, le Groupement de sécurité de la présidence de la République, dans le cadre de l'affaire Benalla qui ébranle l'Elysée depuis sept mois maintenant. Tous trois sont mis en cause dans le rapport de la commission d'enquête sénatoriale sur le sujet. 

Le Sénat s'est appuyé sur des "incohérences" et "contradictions" relevées par la commission d'enquête présidée par Philippe Bas (LR), qui a rendu le 20 février un rapport d'enquête accablant. Il reviendra au parquet de voir quelles suites donner à ce vote, précise un membre du bureau du Sénat à l'AFP. Hormis Vincent Crase et Alexandre Benalla, qui sont les trois autres protagonistes visés dans cette affaire ? 

Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée

Alexis Kohler est un homme discret. C'est sans doute pour cette raison qu'il est l'homme de confiance d'Emmanuel Macron à l'Elysée. Il y occupe d'ailleurs le poste stratégique de secrétaire général. Quasiment invisible dans les médias, il présente un CV de "premier de cordée" de la Macronie : Sciences Po, DEA de droit public, Essec, ENA... Il accompagne Emmanuel Macron lorsque celui-ci est conseiller de François Hollande à l'Elysée, avant d'être son directeur de cabinet à Bercy.

Il a ensuite participé au lancement d'En Marche! en avril 2016, même s'il a suivi de loin la campagne présidentielle, parti à Genève comme directeur financier au siège de l'armateur italo-suisse MSC, un des géants du secteur. Ce qui lui a valu des soupçons et plaintes pour conflit d'intérêt, rejetés par l'Elysée. Que lui reproche les sénateurs ? 

Lors de son audition par ces dernier, le 26 juillet dernier, il a affirmé qu'il n'existait "pas à l'Elysée de police parallèle" et qu'Alexandre Benalla n'avait "jamais été en charge de la protection de la présidence de la République". Il a expliqué ne pas avoir été mêlé à l'attribution à l'ex-chargé de mission d'un appartement à l'Alma, ni d'un permis de port d'arme. "Alexandre Benalla n'exerçait pas une mission de sécurité mais une mission de coordination et d'organisation des déplacements du président", a-t-il ajouté. La commission estime, elle, que "le positionnement de M. Benalla à proximité immédiate du chef de l'Etat lors de ses déplacements ne peut s'expliquer que par le besoin d'assurer sa sécurité rapprochée 'à l'épaule'". Il a aussi dit que, sur le moment, la sanction de 15 jours de suspension "paraissait proportionnée", "compte tenu des éléments en notre possession à ce moment-là".

Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron

Il est l'autre homme de confiance d'Emmanuel Macron. Aussi discret qu'Alexis Kohler, Patrick Strzoda est le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron. Ancien préfet, il a un rôle plus administratif que politique. Devant les sénateurs, le 24 juillet dernier, il a indiqué avoir autorisé Alexandre Benalla à assister à la manifestation du 1er mai, a ensuite prévenu le président, alors en Australie, de la faute de son collaborateur et a prononcé une mise à pied de 15 jours. "Je comprends parfaitement qu’on puisse penser qu'elle (la sanction) n’était pas adaptée. En ce qui me concerne, j’assume totalement ma décision", a déclaré cet homme de 67 ans devant les sénateurs le 24 juillet.

Auditionné de nouveau le 16 janvier, il a révélé qu'Alexandre Benalla avait utilisé "presque une vingtaine de fois" ses passeports diplomatiques après son licenciement et l'a accusé d'avoir falsifié un document à en-tête officiel pour obtenir un passeport. Il a sous ses ordres le chef de cabinet François-Xavier Lauch, récemment promu préfet, qui était le supérieur direct d'Alexandre Benalla. Atteint par la limite d'âge, il a fait  valoir ses droits à la retraite à compter du 6 octobre 2018.

Le général Lionel Lavergne, patron du GSPR

Le général de brigade de gendarmerie Lionel Lavergne commande le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), depuis avril 2017. Un service de gendarmes et de policiers d'élites au nombre de 80, affectés à la sécurité de la Présidence de la République et placé sous la tutelle du ministère de l'Intérieur.

Longuement interrogé par la commission d'enquête sur l'affaire Benalla au sujet des missions qui étaient confiées à Alexandre Benalla, le colonel Lionel Lavergne a défini "trois volets": la participation à l'organisation des déplacements officiels du président, à celle des déplacement non-officiels, et à la gestion des invitations du 14 juillet. "En aucune manière M. Benalla ne faisait de la sécurité", a insisté le chef du GSPR, une structure du Service de la protection (SDLP) dépendant de la Police nationale.

Faute d'éléments suffisants, le général Lionel Lavergne, comme Alexis Kohler ne sont pas suspectées de constituer des "faux témoignages". Néanmoins, le parquet a été saisi à leur sujet "pour porter à sa connaissance ces autres déclarations ainsi que la liste des incohérences et des contradictions relevées dans le rapport de la commission d’enquête". Et de préciser : "Il reviendra au ministère public de procéder, s’il y a lieu, à des investigations complémentaires qui pourront également concerner d’autres personnes et d’autres faits que celles et ceux évoqués dans ce rapport".


La rédaction de TF1info

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