DÉSACCORD(S) - Tout au long de ce week-end, l’affaire Benalla enflamme l’Assemblée nationale. Parmi les députés de la majorité, Sonia Krimi fait entendre une voix singulière en demandant plus de transparence à l’exécutif. Une liberté de ton désormais coutumière pour l’élue de la Manche.
Elle est une nouvelle fois montée au front. Samedi, la députée LaREM Sonia Krimi a fait entendre sa voix sur l’affaire Benalla, qui a littéralement embrasé l’Assemblée nationale. Face aux caméras - dont celle de LCI - l’élue n’a pas cherché d’excuses : "Je pense que lorsqu’on se trompe, il faut avoir l’audace et le courage de dire : 'On s‘est trompé'", a-t-elle considéré au sujet de cette affaire de violences impliquant un collaborateur élyséen lors d’une manifestation le 1er mai dernier.
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"C’est une affaire grave, une affaire qui n’était pas transparente depuis le départ alors que nous avons promis aux Français transparence, probité", a poursuivi la députée de 35 ans, appuyant là où ça fait mal pour le macronisme au pouvoir. Et la jeune élue de se tourner d’ailleurs directement vers l’Elysée : "Les Français ne comprennent pas pourquoi (...) l’exécutif ne se justifie pas." Au-delà du service minimum assuré par Edouard Philippe ou Gérard Collomb - qui sera entendu lundi devant la commission d’enquête de l’Assemblée -, Emmanuel Macron reste effectivement muet dans cette embarrassante affaire.
Au contraire de Sonia Krimi, qui, après l’Assemblée samedi, a enfoncé le clou ce dimanche matin sur les ondes d’Europe 1 ou de RTL, faisant entendre, une nouvelle fois, une voix dissonante sur un sujet brûlant d’actualité. Il faut dire que celle qui fait partie de l’imposant contingent de nouveaux élus qui a pris d’assaut le Palais-Bourbon lors des dernières législatives, n’en est effectivement pas à son coup d’essai.
En décembre dernier, pour sa première prise de parole dans l’Hémicycle, Sonia Krimi avait durement interpellé Gérard Collomb au sujet de la première mouture du projet de loi Asile-immigration, jugé trop répressif vis-à-vis des étrangers. Et si la novice avait, sur ce sujet, mis de l’eau dans son vin, elle s’était également fait un nom en politique. De quoi poursuivre sur sa lancée.
Récemment, la Tunisienne de naissance, naturalisée Française en 2005, s’était dite "mal à l’aise" face aux propos d’Emmanuel Macron sur le "pognon de dingue" injecté dans les minimas sociaux. Et le 12 juin dernier, alors que le gouvernement restait silencieux face à l’odyssée de l’Aquarius, Sonia Krimi avait mis les pieds dans le plat : "Je ne vais pas attendre qu'un ministre m'épelle ce que je dois penser ! Mais on est où là ? On les accueille, point !", avait-elle tonné au sujet des 629 migrants qui erraient en Méditerranée.
Autant de prises de position qui font évidemment grincer des dents dans son camp, mais qui séduisent l’opposition. Ainsi, le bras droit de Jean-Luc Mélenchon, Eric Coquerel lui reconnaît "un côté insoumis" et des "colères saines", quand d’autres à gauche se demandent ce qu’elle fait encore dans les rangs de la majorité. Réponse de l’intéressée, dans un portrait d’elle dressé par Vanity Fair : "Je ne suis ni dans le zèle, ni dans la fronde. Il est hors de question de faire partie des courtisans. Le président n’a pas besoin de ça. Au contraire, c’est intéressant qu’il puisse avoir des gens autour de lui qui ne sont pas d’accord." Avec Sonia Krimi, le chef de l’Etat est servi.