Affaire Griveaux : Christophe Castaner "regrette" ses propos à l'endroit d'Olivier Faure "s'ils l'ont blessé"

Publié le 19 février 2020 à 19h55, mis à jour le 19 février 2020 à 20h31

Source : 24H PUJADAS, L'info en questions

POLÉMIQUE - Après avoir essuyé une vague de critiques suite à ses propos sur la vie privée du Premier secrétaire du PS, ce mercredi matin sur France Inter, sur fond d'affaire Griveaux, le ministère de l'Intérieur a annoncé "regretter" sa déclaration, dans une déclaration transmise à l'AFP.

La polémique a débuté ce mercredi matin sur France Inter. Invité de Nicolas Demorand, Christophe Castaner a évoqué la vie personnelle du Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, "que je connais bien et que j'ai accompagné dans ses divorces, dans ses séparations. J'ai été étonné de ses leçons de morale." Le député de Senine-et-Marne, invité deux jours plus tôt sur France Inter, avait déploré, lundi 17 février, sur la même antenne, le manque de "précautions" dont avait fait preuve Benjamin Griveaux. Des propos que le ministre a finalement dit "regretter", dans une déclaration transmise à l'AFP dans la soirée. "Si mes propos l'ont blessé, je les regrette. Il n'y avait aucune menace", a déclaré le ministre.

Olivier Faure a répondu aux propos du ministre lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale en dénonçant une "faute grave" du ministre de l'Intérieur.

"Accompagné dans ses divorces et ses séparations"

Le ministre de l’Intérieur a critiqué le dirigeant des socialistes en évoquant l’affaire de la vidéo à caractère sexuel de Benjamin Griveaux. "Les politiques doivent rester des femmes et des hommes, sinon ils se coupent de la réalité. (...) J’ai été surpris d’entendre Olivier Faure à votre micro. Je le connais bien à titre personnel depuis longtemps, je l’ai accompagné dans ses divorces et ses séparations. J’ai été étonné de ses leçons de morale", a-t-il fustigé à l'antenne de France Inter. 

Christophe Castaner réagissait aux propos d'Olivier Faure qui avait dénoncé la veille la "légèreté incroyable" de Benjamin Griveaux, contraint de retirer sa candidature à la mairie de Paris après la diffusion de vidéos intimes à caractère sexuel sur les réseaux sociaux. "Je pense que c’est une faute", expliquait Olivier Faure. "Il faut que chacun ait en tête que ces dangers existent et que nous sommes au XXIe siècle."

Salve de critiques contre Christophe Castaner

L'intervention de Christophe Castaner lui a valu en retour une salve de critiques de tous bords, à commencer par le Parti socialiste. "Amateur en tant que ministre ? Mais professionnel de l'attaque minable. Ces propos déshonorent leur auteur et le mettent au niveau de ceux qu'il prétend combattre dans cette pathétique affaire", a cinglé le sénateur socialiste et ancien ministre Patrick Kanner.

Du côté des Verts, le secrétaire général d'EELV Julien Bayou a estimé que "le ministre des ragots se vautre dans la fange". "De quel droit le ministre de l'Intérieur dévoile la vie privé d'Olivier Faure ? La République en Marche peut réclamer l'anonymat sur les réseaux sociaux, son ministre est une vraie balance!", a affirmé de son côté Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste. Manuel Bompard, député européen La France insoumise, juge de son côté qu'"on savait Castaner capable de tout. Il le confirme à nouveau. Odieux".

A droite aussi, les critiques ont fusé. "En attaquant Olivier Faure sur sa vie privée, Christophe Castaner fait la preuve de la bassesse dont est capable ce pouvoir qui dégrade chaque jour davantage le climat politique", lance Bruno Retailleau, président des sénateurs Les Républicains, sur Twitter. "Ça veut dire quoi ça? 'Je l'ai accompagné dans ses divorces !' On rêve ! Menace ?", s'est exclamé Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national.

"Il n'y avait ni menace, ni attaque personnelle"

Face à cette avalanche de critiques, Christophe Castaner a tenu à réagir lui-même sur son compte Twitter. "Cher Olivier Faure, il n'y avait ni menace ni attaque personnelle dans mon propos. Nous nous connaissons depuis assez longtemps pour savoir l'un et l'autre que la vie n'est pas linéaire. Et nous y avons quelque fois fait face ensemble", affirme le ministre.

De son côté, Olivier Faure a dénoncé lors d'une conférence de presse la "faute grave" du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et a demandé à Emmanuel Macron d'intervenir. "Christophe Castaner a commis une faute grave. Dès lors, il appartient au président de la République, garant de nos institutions, de convoquer le ministre de l'Intérieur dans les meilleurs délais et d'en tirer les conséquences", a souligné le patron du PS lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale.

"Ce matin une ligne rouge a été franchie", a estimé Olivier Faure, pourtant très proche. "Le fait pour un ministre de l'Intérieur de chercher à intimider l'un des dirigeants de l'opposition en ayant recours à des insinuations relevant de sa vie privée est une atteinte au fondement de la démocratie. Ce n'est pas une affaire personnelle. C'est une question de principes", a dénoncé le patron du PS. "La vie publique exige de la probité, de la dignité et le respect de l'Etat de droit. Depuis quelques jours, la vie politique a pris un tournant inquiétant", a ajouté le député de Seine-et-Marne. 

Outre ses regrets, Christophe Castaner a voulu arrondir ses propos : "Depuis l'âge de 20 ans, Olivier Faure et moi-même avons cheminé ensemble. Nous avons été élus à l'Assemblée nationale pour la première fois en 2012. Nos bureaux étaient côte à côte. Au-delà de nos désaccords politiques, j'ai un profond respect pour Olivier", a-t-il dit. Et d'expliquer ensuite le sens de ses propos : "Je voulais dire à propos de ses déclarations concernant Benjamin Griveaux qu'on ne devait pas juger".


La rédaction de TF1info

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