"Apartheid" : quand Manuel Valls enterre les politiques d'intégration

GOUVERNEMENT – En présentant ses voeux à la presse ce mardi, Manuel Valls n'a pas hésité à évoquer un "apartheid qui s'est imposé à notre pays". Critiqué par le FN et l'UMP, le Premier ministre n'a pourtant pas choisi ses mots au hasard...
Le poids des mots. Pour ses traditionnels vœux à la presse, Manuel Valls est revenu mardi sur "les maux qui rongent notre pays" et que "ces derniers jours ont soulignés". Au nombre desquels le Premier ministre a cité celui-ci : "Un apartheid territorial, social, ethnique, qui s'est imposé à notre pays", en pointant du doigt "la relégation périurbaine, les ghettos".
En finir avec l'idée d'intégration
L'apartheid faisant référence à une politique de ségrégation raciale construite par un Etat (l'Afrique du Sud jusqu'en 1991), le choix de ce mot est lourd, accusatoire même. Ce qui n'a pas échappé à Florian Philippot, vice-président du FN, qui a reproché au Premier ministre d'avoir "tenu des propos aussi irresponsables qu'insultants pour notre pays". Analyse reprise par Nathalie Kosciuzko-Morizet, vice-présidente de l'UMP : "Prétendre qu'il existe en France un pouvoir ségrégationniste, marque de fabrique de l'apartheid, est insultant pour la République". Et de marteler : "Il n'y a pas de ségrégationnisme en France. Il y a des problèmes d'inégalité et de discrimination".
En habitué des polémiques sémantiques –
il propose notamment de renommer le PS sans la référence au socialisme
–, Manuel Valls savait que le choix de ce terme ne passerait pas inaperçu. Mais il l'a fait à dessein, justement pour souligner ce qu'il considère comme l'échec des politiques d'intégration. "Ne parlons pas d'intégration, oublions les mots qui ne veulent plus rien dire", a-t-il ainsi lâché devant la presse. S'il faut lutter selon lui "avec acharnement" contre les inégalités, c'est plutôt en vertu de la "citoyenneté", "c'est-à-dire ce sentiment d'appartenir à une même nation, d'avoir un destin commun, d'avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs". Derrière la sémantique, c'est un virage idéologique qu'il a dessiné.
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