Après six mois de suspens, Jean Castex renouvelle l'agrément d'Anticor

Publié le 3 avril 2021 à 8h58
Jean Castex à la sortie du conseil des ministres, le 17 mars 2021.
Jean Castex à la sortie du conseil des ministres, le 17 mars 2021. - Source : LUDOVIC MARIN / AFP

CORRUPTION - Après des mois d'incertitudes et alors que l'association craignait que son agrément pour agir en justice ne soit pas reconduit pour des raisons politiques, le Premier ministre a annoncé ce vendredi son renouvellement.

Anticor pourra continuer sa lutte contre la corruption. Après six mois d'instruction, Jean Castex a annoncé vendredi 2 avril le renouvellement de l'agrément de l'association anticorruption, créée en 2002 et actuellement dirigée par Elise Van Beneden, qui lui permet d'agir en justice.

Accordé à l'association en 2015 puis renouvelé sans difficulté jusqu'à présent, cet agrément expirait officiellement le 15 février. Mais la décision avait été prorogée au vendredi 2 avril et Anticor avait exprimé des inquiétudes quant à son renouvellement.

Un combat partisan contre la macronie

En cause ? Selon le communiqué du Premier ministre, "un manque de transparence interne sur les dons collectés" et  "une contestation des conditions de renouvellement du Conseil d’administration en juin 2020, dans le cadre d’une action contentieuse portée par une partie des membres de l’association."

De manière moins officielle, les adversaires d'Anticor accusaient aussi l'association de mener un combat partisan, en attaquant la Macronie et la droite. Ces dernières années, plusieurs proches du président Emmanuel Macron avaient été ciblés par l'association, notamment le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti ou dernièrement le ministre de la Santé Olivier Véran accusé de "favoritisme" pour la gestion de l'application StopCovid.

Mais ce sont des interrogations sur l'identité d'un important donateur, que l'association a refusé de livrer en invoquant la protection des données personnelles, qui avaient mis le feu aux poudres. Le nom du mécène a fini par être révélé par la presse : il s'agit de l'homme d'affaires Hervé Vinciguerra qui a fait fortune dans les logiciels de gestions et qui détient des sociétés immatriculées au Luxembourg et à Singapour. 

Un versement, réalisé par ce proche d'Arnaud Montebourg quelques jours avant la plainte d'Anticor contre Alexis Kohler pour "prise illégale d’intérêt" et "trafic d'influence", est apparu pour certains comme un don fléché visant à financer cette procédure. Une accusation que Hervé Vinciguerra a réfuté dans L'Obs : "Je n'ai jamais influencé les choix d'Anticor dans les dossiers qu'ils menaient".

Égaré dans un premier temps, le dossier était instruit par la Chancellerie depuis le mois d'octobre, sous le contrôle de Jean Castex. Malgré le "manque de transparence" mentionné par le Premier ministre, ce dernier a  décidé, "au regard des réponses faites par l'association indiquant son intention de modifier ses statuts pour mieux garantir les conditions de transparence sur son financement, d’une part, et de l'absence de décision de justice à ce jour sur la régularité des décisions contestées", de renouveler l'agrément d'Anticor. 

Le chef du gouvernement a toutefois précisé que "ce renouvellement réserve la possibilité de procéder à une réévaluation de la situation si de nouveaux éléments devaient le justifier."


La rédaction de TF1info

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