Au FN, on n'arrive pas à se mettre d'accord sur la loi Travail

Publié le 18 juin 2016 à 9h30
Au FN, on n'arrive pas à se mettre d'accord sur la loi Travail

DIVISEES - La députée FN du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen, s'est désolidarisée de Marine Le Pen, vendredi, en se disant favorable à l'interdiction de certaines manifestations contre la loi Travail. Une divergence de plus au sein du parti à propos de cette réforme.

Le FN en pleine contradiction face au projet de loi Travail. Vendredi sur France Info , la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen a pris position en faveur de l'interdiction de certaines manifestations contre la réforme, à l'instar du gouvernement, et contre l'avis de Marine Le Pen. Ce n'est pas le premier désaccord sur le projet de loi au sein de ce parti, écartelé entre ses différents électorats. Faisons le point.

► Interdire ou pas les manifs
Le 15 mai, la présidente du FN, Marine Le Pen, avait réagi à la menace du gouvernement d'interdire certaines manifestations contre la loi Travail en se montrant hostile à ce scénario. "Il faut maintenir l'ordre", martelait-elle. "Interdire les manifestations, c'est admettre qu'on est dans l'incapacité de maintenir l'ordre." Deux jours plus tard, Marion Maréchal-Le Pen affirme le contraire. "Je ne suis pas particulièrement choquée que le gouvernement puisse envisager [...] que certaines manifestations soient temporairement interdites." La députée reconnaît d'ailleurs "un point de divergence" avec sa tante.

A noter : Marine Le Pen est en contradiction avec elle-même, puisqu'elle estimait courant mai " qu'en état d'urgence, il n'y a pas de manifestation ".

► Dénoncer ou pas les syndicats
Marion Maréchal-Le Pen avait vendredi matin des mots assez durs pour les syndicats organisateurs des manifestations, dont la CGT, qu'elle accuse de "défendre des intérêts catégoriels". "Je ne suis pas sûre d'être emballée par les méthodes utilisées par ces syndicats", a-t-elle renchéri. Pour l'élue du Vaucluse, en outre, "il y a une partie de manifestants syndicalistes extrêmement violents" dans les manifestations.

Si elle a la dent dure contre la CGT, Marine Le Pen prend beaucoup plus de pincettes vis-à-vis des manifestations anti-loi Travail. D'ailleurs, sur son blog , elle prend soin de "faire la part des choses entre la légitime contestation de la loi Travail par les Français [...] et l’action de ces hordes d’extrême gauche que personne ne devrait accepter de voir sévir sur notre territoire".

► Juger la loi Travail "dangereuse" ou bien la trouver insuffisante
Vendredi matin toujours, Marion Maréchal a estimé que la loi Travail "rate le coche. Elle ne répond en rien aux attentes des TPE-PME". De plus, estime la députée, "les accords d'entreprise (favorisés par le projet de loi, ndlr) sont une mauvaise réponse à un problème de fond qu'est le déficit de représentativité des syndicats". En somme, la loi est insuffisante pour produire un quelconque cercle vertueux. La benjamine de l'Assemblée rejoint ainsi la sensibilité des sénateurs FN David Rachline et Stéphane Ravier, dont des amendements très libéraux au projet (dont la suppression du compte pénibilité) ont été retirés in extremis à la demande de la direction du FN .

Côté Marine Le Pen, c'est la ligne de son numéro 2, Florian Philippot, qui l'emporte. A savoir : une défense présumée des salariés, finalement assez proche de la position du Front de gauche. "Cette loi Travail, c'est la feuille de route de Bruxelles", clamait-elle déjà en mars dernier, taxant même le texte "d'infâme". Ce qui a fait dire à Robert Ménard, le maire de Béziers proche du FN, que le parti de Marine Le Pen utilisait " les mêmes mots qu'un cégétiste il y a vingt ans . C'est un vocabulaire d'un autre temps sur une réalité des entreprises infiniment plus complexe". L'illustration, surtout, de la séparation entre un électorat FN traditionnel, libéral et proche des petits patrons, et un électorat ouvrier, sur lequel Marine Le Pen et Florian Philippot misent beaucoup. En témoigne le lancement récent d'un "Front syndical", qui tente de noyauter les grandes centrales syndicales, quitte à faire de l'œil, par exemple, à Force ouvrière , dont un tiers des sympathisants auraient voté FN lors des Européennes de 2014.

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Vincent MICHELON

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