Au point d'Edouard Philippe, une crise sociale et économique à éviter en plus de la crise sanitaire

Publié le 28 mars 2020 à 21h57

Source : TF1 Info

EPIDEMIE - Samedi 28 mars, au terme d'un long point de situation où il aura été autant intervenant que passeur de micros, le Premier ministre a réitéré les mesures prises pour accompagner les travailleurs et les entreprises en cette période de crise sanitaire.

C'était un point de situation fleuve auquel Edouard Philippe avait convoqué le seul représentant de la presse. S'y sont succédé la professeure Karine Lacombe, l'infectiologue Xavier Fontanet, mais aussi le directeur général de la santé Jérôme Salomon et, enfin, le ministre de la Santé Olivier Véran. Pour le Premier ministre, qui a martelé que "le plus dur était à venir", il s'agissait surtout de faire preuve de "transparence" face aux "interrogations légitimes" des Français. 

La première d'entre elle, face à l'ampleur de la vague épidémique, venait interroger la lenteur de réaction du gouvernement, son choix de maintenir les élections municipales. "Au moment où nous avons pris cette décision de confinement, il y avait moins de 8.000 cas sur le territoire national et moins de 200 morts", a-t-il commenté. "Chacun pourra apprécier les moments où les gouvernements ont pris cette décision mais je ne laisserai personne dire qu'il y a eu du retard sur la prise de décision s'agissant du confinement", a affirmé le chef du gouvernement, fermant le ban, du moins pour le moment. 

"Impossible de chercher activement un emploi"

Mais au-delà de la crise sanitaire, c'est à d'autres accusations qu'Edouard Philippe voulait répondre, depuis Matignon. Alors que les dispositions socio-économiques de la loi instaurant l'état d'urgence économique ont, pour certaines, ulcéré les syndicats, le Havrais a tenu à conclure ce point en faisant une revue générale des mesures de protection prises "s'agissant des emplois et des revenus". "Nos concitoyens ont commencé à s'en rendre compte, et beaucoup sont inquiets". Soucieux d'"éviter les ruptures de droit", il a annoncé que "la durée des allocations chômage est prolongée pour les demandeurs d'emploi qui ont épuisé leurs droits" et ce, à côté du 12 mars 2020. 

Alors que la réforme de l'assurance-chômage était crainte pour les demandeurs d'emploi, et notamment les permittents, ces travailleurs qui enchaînent de courtes périodes de travail et de chômage, Edouard Philippe a annoncé sa suspension : "Il faut pouvoir prolonger cette période, car il est impossible de chercher activement et trouver un nouvel emploi". Cela signifie-t-il que les droits au chômage ne seront pas dégradés pendant cette période ? Le Premier ministre n'est pas allé aussi loin. Il a par ailleurs rappelé que la fin de la trêve hivernale serait repoussée de deux mois, au 31 mai. Même chose pour l'autorisation faite aux fournisseurs d'énergie de "procéder à une interruption pour non paiement des factures". 

"Il ne s'agit pas d'aider les entreprises pour les aider"

Les entreprises, qui ont été visées la semaine passée en se voyant incitées à ne pas verser de dividendes pour les plus grosses d'entre elles, ont été aussi évoquées. Face à l'arrêt ou au ralentissement de leur activité, Edouard Philippe leur a proposé le principe de "gel" suivant : "Zéro recette, zéro dépense". Ce qui induit un "report des échéances sociales et fiscales", un plan qui représente 30 milliards d'euros. Idem pour le paiement des factures d'eau, de gaz et de loyer pour les plus petites entreprises. Surtout, le Premier ministre a rappelé que son gouvernement a "mis en place un régime de chômage partiel renforcé, jamais vu en France, le plus généreux d'Europe, qui permettra aux entreprises de conserver leur main d'oeuvre, et de repartir, une fois la crise sanitaire passée."

"Il ne s'agit pas d'aider les entreprises pour les aider", a défendu Edouard Philippe, alors que nombre d'associations et organisations de défense des travaillent, d'un côté, et d'opposants de l'autre, reprochent à l'exécutif de les défendre davantage que leurs employés. "Mais il faut continuer à faire circuler les flux financiers", expliquait-il par exemple en citant les lignes de crédit qui leur seraient ouvertes. "Sans quoi, c'est une crise financière grave qui atteindrait notre pays".


La rédaction de TF1info

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