Masques, tests, Ehpad... Jérôme Salomon devant la commission d'enquête ce mardi

Publié le 16 juin 2020 à 14h21, mis à jour le 16 juin 2020 à 14h27

Source : TF1 Info

CORONAVIRUS - Les 32 députés de la commission d'enquête sur la gestion de crise de l'épidémie de Covid-19 en France entameront leur série d'auditions en recevant Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, ce mardi après-midi.

Pendant des semaines, Jérôme Salomon a donné chaque soir le bilan de l'épidémie et les consignes à suivre pour tous les Français. Mais ce mardi, c'est lui qui va devoir écouter les députés, et rendre des comptes. La commission d'enquête s'ouvre devant l'Assemblée nationale pour disséquer les "défaillances" dans la gestion de la crise du coronavirus. A-t-on réagit trop tard ? Aurait-on pu sauver des vies dans les Ehpad ? Le confinement a-t-il été trop tardif ? Les députés ont beaucoup de questions à poser au Directeur général de la santé, avec une interrogation particulière sur le sujets des masques. Pourquoi a-t-il d'abord déconseillé d'en porter un ?

"Il ne faut pas mettre de masques lorsque l'on n'est pas un professionnel de santé", martelait-il le 18 mars, dans sa conférence de presse quotidienne. "Nous continuons de voir beaucoup de gens avec des masques dans la rue, je rappelle que c'est une denrée rare, inutile pour toutes les personnes dans la rue", affirmait-il haut et fort. Depuis, la Direction générale de la Santé et le gouvernement ont fait marche arrière : le masque a été rendu obligatoire dans nombre d'espaces publics, y compris dans les rues de certaines villes.

Masques, tests, stocks, Ehpad, confinement

A l'Assemblée nationale, la commission d'enquête entend bien faire la lumière sur le manque d'anticipation concernant l'épidémie. "Ça a commencé par les pénuries, de masques mais aussi de tests, de protections en tout genre", rappelle Pierre Dharréville, député PCF des Bouches-du-Rhone, qui s'interroge : "Pourquoi n'y avait-il plus de stocks ? Pourquoi cela a mis aussi longtemps pour passer des commandes et pour qu'elles arrivent ?" Pour les 32 députés de la commission, Jérome Salomon fait partie de ceux qui savent vraiment ce qu'il s'est passé. "On veut savoir précisément quelle était la chaîne de commandement, quel était l'état des stocks à son arrivée, pourquoi un certain nombre de stock ont été détruits ?" questionne encore M. Dharréville.

Les députés de la commission évoqueront la gestion des stocks de masques, puis la stratégie en matière de tests et le manque de production en Europe de médicaments et d'équipements de protection. Devrait suivre des interrogations sur "la prise en charge des résidents des Ehpad" - où ont eu lieu plus du tiers des décès du Covid-19 - "la question des frontières, la tenue des événements culturels et sportifs ou encore la liberté de prescription médicale", selon Eric Ciotti, député LR et rapporteur de la commission d'enquête.

Delfraissy, Raoult et Buzyn également attendus

Tout le personnel politique, du président de la République aux membres de l'opposition, s'accordent à dire qu'il faut "tirer les leçons" de cet épisode inédit. Le Directeur général de la Santé était au cœur de la gestion de l'épidémie, ses réponses seront donc particulièrement édifiantes. Les auditions se poursuivront ensuite pendant plusieurs jours. Ministres, dirigeants d'agences sanitaires et d'administrations se succèderont devant les députés pour "établir la généalogie et la chronologie de cette crise", a indiqué la présidente de la commission d'enquête, Brigitte Bourguignon (LaREM), à l'AFP. 

Jeudi aura lieu l'audition de Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique dont les avis ont incité le gouvernement à décréter le confinement puis guidé sa fin progressive. Après l'audition des anciens directeurs généraux de la Santé viendra le tour des scientifiques, dont le controversé professeur marseillais Didier Raoult, le 25 juin. Puis après le second tour des élections municipales, seront entendus les politiques, avec notamment l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, le 30 juin.

A la différence de la mission d'information parlementaire qui a rendu son rapport le 3 juin, la commission d'enquête a des pouvoirs d'investigation élargis : ses convocations sont obligatoires sous peine de sanctions pénales et les auditions se déroulent sous serment. Ses membres peuvent aussi réaliser des contrôles sur pièces, ou organiser des déplacements, des contrôles, par exemple dans un hôpital ou un Ehpad durement touché par l'épidémie. 

De son côté, le Sénat a aussi prévu sa commission d'enquête, qui sera mise en place à la fin du mois. En parallèle de ces investigations politiques, la recherche d'éventuelles responsabilités judiciaire sera menée : le parquet de Paris a ouvert une vaste enquête préliminaire sur la gestion de la crise, visant notamment les chefs d'"homicides involontaires" ou "mise en danger de la vie d'autrui".


La rédaction de TF1info

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