Gilets jaunes : pourquoi la hausse des revenus des smicards vire au casse-tête

Publié le 14 décembre 2018 à 13h40, mis à jour le 17 décembre 2018 à 19h31
Gilets jaunes : pourquoi la hausse des revenus des smicards vire au casse-tête

ÉCONOMIE - Création d'un "chèque Smic", nouveaux critères d'attribution de la prime d'activité... Le gouvernement étudie plusieurs pistes pour arriver à sa promesse d'augmenter "l'ensemble de ceux qui sont rémunérés au smic" de 100 euros net en janvier prochain.

"L’ensemble de ceux qui sont rémunérés au Smic" seront concernés par l’augmentation de 100 euros net annoncée par le président de la République, a assuré le Premier ministre Edouard Philippe. "Soyons clairs également, ces 100 euros viennent s'ajouter à la baisse des cotisations, mises en oeuvre en 2018. Cela veut dire qu'entre janvier 2018 et janvier 2019, la hausse sera plutôt de l'ordre de 125 euros", a-t-il ajouté jeudi 13 décembre lors de sa réponse à la motion de censure déposée par la gauche à l'Assemblée nationale.

Ce vendredi 14 décembre sur LCI, le nouveau délégué général de La République en marche (LaREM) et député de Paris Stanislas Guérini a également assuré que les parlementaires de la majorité en seraient les "garants" : "Il faut que tous les salariés au Smic, et pas seulement ceux qui touchent la prime d’activité, gagnent 100 euros net de plus". 

"Il faut que les salariés, qui gagnent aujourd’hui un salaire net d'un peu moins de 1200 euros, gagnent 100 euros net de plus. Ce sera plutôt 125 euros de plus en réalité par rapport à ce que les salariés qui gagnent le Smic gagnaient en janvier 2018. Et nous en serons les garants, il faut que ça soit pour tous les salariés au Smic car la prime d’activité ça ne touche pas tous les salariés au Smic", a-t-il précisé. 

Car dans un premier temps, pour augmenter le revenu des salariés au niveau du Smic sans affecter les entreprises, l'exécutif avait choisi la prime d'activité, une aide sociale versée aux salariés et indépendants à bas salaire (entre 0,5 et 1,2 fois le Smic). Sauf qu'en pratique, seule une partie des salariés au Smic touche cette prime d'activité, soit parce qu'ils ne la demandent pas, soit parce que le revenu de leur conjoint leur fait franchir les plafonds.

Deux pistes sérieuses à l'étude

En revanche, personne n'a encore détaillé le dispositif précis qui permettrait au gouvernement d'augmenter tous les salariés de 100 euros net au mois de janvier prochain. "Ce ne sont pas les tuyaux qui doivent donner la direction. Le président de la République a dit 100 euros net de plus, nous trouverons les mesures", a expliqué Stanislas Guérini ce vendredi sur LCI. 

Mais quelles solutions s'offrent à Matignon pour mettre en application cette promesse ? Deux pistes principales sont étudiées sérieusement par le gouvernement, comme l'indiquent Les Echos. Tout d'abord, il pourrait demander à l'Urssaf de verser un "chèque Smic" aux salariés gagnant le salaire minimum et n'ayant pas le droit à la prime d'activité. Cela permettrait de ne pas faire peser le coût de cette augmentation aux entreprises, comme promis par Emmanuel Macron. Autre hypothèse : repenser le système d'attribution de la prime d'activité, là encore versée par l'Etat, pour que tous les salariés au Smic y aient droit, quelles que soient les ressources de leur foyer.

Quid du temps partiel ou des salaires légèrement supérieurs

Mais déjà certains s'interrogent. "Comment vous trouvez dans les entreprises qui sont les smicards ? Et celui qui gagne 40 euros de plus que le Smic, est-ce qu’il a droit à la prime ? Attention aux effets de seuil", avertit une source parlementaire citée par l’AFP. L'article des Echos estime que pour que le dispositif soit bien pensé, "il faudrait mettre en place une entrée progressive pour ceux qui gagnent un peu moins, et une sortie équivalente pour ceux qui gagnent un peu plus. Ce qui suppose de toucher 3 à 7 millions de salariés... ce qui se chiffrerait en milliards d'euros". "Nous intégrons plusieurs hypothèses dans nos travaux, comme des temps partiels jusqu'à 1,2 voire 1,3 SMIC", a expliqué au journal Stella Dupont, rapporteure sur la mission Solidarités du projet de loi de Finances.

La fin du suspense est prévue pour le mercredi 19 décembre lors du prochain Conseil des ministres. Le gouvernement doit présenter un projet de loi qui reprendra l'ensemble des mesures annoncées par Emmanuel Macron pour apaiser la crise des Gilets jaunes.


Justine FAURE

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