RÉCIT - Depuis son investiture en juillet 2019, Benjamin Griveaux bataille pour s'imposer comme un candidat crédible à la mairie de Paris. Vendredi 14 février, suite à la révélation de vidéos intimes, il a dû jeter l'éponge. Retour sur une campagne catastrophique.
Etre maire de Paris. Telle était l'ambition de Benjamin Griveaux, affichée dès son élection comme député de la capitale en juin 2017. Dans la ville qui avait largement plébiscité Emmanuel Macron en mai 2017 et qui grondait contre l'édile socialiste, l'élection était gagnée d'avance, jugeait-on dans les cercles de l'ex-porte-parole. Imperdable.
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Benjamin Griveaux, qui a quitté son poste de porte-parole du gouvernement pour se consacrer à la campagne, est investi par La République en marche le 10 juillet 2019. Le comité d'investiture le choisit unanimement face à Cédric Villani qui, déjà, joue les perturbateurs. "Il est clair que je n'obtiendrai pas d'investiture et l'appareil de LaREM", avait tweeté le député de l'Essonne avant l'annonce officielle, dénonçant une investiture à la "Kim Jong-un". Au début du mois de septembre, Cédric Villani annonce sa candidature dissidente, plombant un peu plus la campagne de Benjamin Griveaux.
Une personnalité clivante, des idées moquées
Puisque les problèmes ne viennent pas seuls, quelques jours après son investiture, Benjamin Griveaux est rattrapé par des fuites d'une "conversation privée" qui jette le discrédit sur sa personnalité. Il lui est notamment reproché d'avoir qualifié d'"abrutis" ou de "fils de pute" ses adversaires à l'investiture. Il doit les appeler pour s'excuser, mais son image de candidat "antipathique" est renforcée. Lors de son premier meeting à Bobino, fin janvier, il essaye de la réparer. "Il me reste sept semaines pour vous dire ma part de vérité, celle que vous n’avez pas pu voir jusqu’alors car je n’ai pas su la partager avec vous". Il évoque ses "angoisses", ses "échecs", ses "épreuves" et ses "drames familiaux".
Une fois ses idées pour Paris dévoilées, c'est là-dessus que le candidat se fait attaquer, et souvent moquer. La plus commentée est certainement la création d'un "Central Park parisien" à la place de la Gare de l'Est, qui serait déplacée au Nord-Est de Paris. Jusque dans son camp, on dénonce un projet "irréaliste", une "ineptie", "un non-sens". Il promet également "jusqu'à 100.000 euros d'apport par la mairie de Paris aux classes moyennes, pour acheter leur résidence principale", pour financer 20.000 logements, d'ici 2026. Mais des spécialistes immobiliers dénoncent une mesure qui va entraîner une hausse significative des prix des logements. La proposition d'installer des "managers" pour gérer la maintenance des rues de Paris ne fera qu'ajouter aux moqueries.
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Chute dans les sondages
Les mauvais résultats des sondages, de moins en moins bons au fil du temps, illustrent les difficultés de Benjamin Griveaux dans cette campagne. Dans un sondage Odoxa-CGI pour Le Figaro publié le 26 janvier, Benjamin Griveaux est crédité de 16% d'intentions de vote, derrière Anne Hidalgo (23%) et Rachida Dati (20%). Les écologistes ne sont pas loin devant, à 14,5%. Quelques jours plus tôt, un sondage Ifop pour le JDD donnait le candidat LaREM recueillait 15% des voix, contre 19% pour Rachida Dati et 25% pour Anne Hidalgo. Loin du résultat d'un sondage datant d'avril 2018 le plaçant en tête avec 32% d’intentions de vote, devant une coalition Anne Hidalgo/EELV (29%), et un candidat LR (21%).
Face à la diffusion de vidéos intimes, Benjamin Griveaux a donc dû mettre fin à cette campagne catastrophique ce vendredi 14 février 2020. Dans la vidéo qu'il a tourné pour annoncer son retrait, il déclare : "En annonçant ma candidature à la mairie de Paris, je connaissais la dureté du combat politique".