Benoît Payan élu maire de Marseille : la revanche d'un "apparatchik" socialiste

Publié le 21 décembre 2020 à 9h31, mis à jour le 21 décembre 2020 à 10h50

Source : TF1 Info

PORTRAIT - Ce lundi, Benoît Payan a officiellement été élu maire de Marseille en remplacement de Michèle Rubirola, qui a démissionné la semaine dernière. Une revanche pour le socialiste, qui avait dû s'effacer à son profit en janvier.

En souhaitant inverser les rôles, cherchaient-ils à rétablir ce qui aurait dû être l'ordre naturel des choses ? Mardi 15 décembre, la maire de Marseille Michèle Rubirola a démissionné et fait part de son intention de voir son premier adjoint lui succéder à l'Hôtel de Ville. Ce lundi 21 décembre, c'est chose faite. Benoît Payan a été élu sans surprise maire de Marseille, faisant de lui le plus jeune édile de l'histoire de la ville, à seulement 42 ans. Un an après s'être effacé au profit de l'ex-médecin dans la campagne des municipales.

En janvier 2020, l'initiateur du Printemps marseillais - coalition regroupant écologistes, socialistes et insoumis - avait en effet choisi de se ranger derrière Michèle Rubirola. Du fait de son étiquette, le socialiste proche d'Olivier Faure cristallisait les critiques, en particulier des Insoumis et du premier d'entre eux Jean-Luc Mélenchon. Il avait alors choisi de s'effacer, et la désormais ex-maire était selon lui "la plus à même de réussir un large rassemblement".

Une carrière sous le signe du PS

Contrairement à Michèle Rubirola, issue de la société civile, Benoît Payan connaît bien la politique, et a gravité toute sa carrière auprès des ténors socialistes de la région. Notaire de formation, il n'a jamais exercé. En revanche, il a été membre du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) et a fait ses classes au département dirigé par l'ex-socialiste Jean-Noël Guérini avant d'intégrer les cabinets de Michel Vauzelle (président du conseil régional de PACA) et de Marie-Arlette Carlotti au gouvernement sous le mandat de François Hollande. Le Marseillais, né dans le quartier ouvrier de Pont-de-Vivaux, est élu conseiller municipal pour la première fois en 2014. 

Dans l'hémicycle, il se fait notamment remarquer pour son refus d'un projet de partenariat public-privé pour rénover ou construire une quarantaine d'écoles primaires. Il se mobilise également pour sauver la Corderie, vestiges antiques censés "cohabiter" avec un immeuble près du Vieux-Port. "L’argent public part dans des infrastructures luxueuses alors que les écoles sont délaissées, les équipements sociaux inexistants, les équipements sportifs à l’abandon", dénonçait-il en 2017 dans une interview au Ravi.

En septembre dernier, le temps d'une opération, Michèle Rubirola avait déjà laissé les commandes de la ville à Benoît Payan. C'est lui qui avait mené la fronde contre le gouvernement, lorsque ce dernier avait imposé la fermeture des bars et restaurants dans la cité phocéenne, sans concertation préalable avec les élus locaux. "Une nouvelle fois, notre territoire est sanctionné, puni, montré du doigt", avait-il fustigé, assurant avoir dû lui-même appeler le ministre de la Santé pour obtenir des explications. 

"Benoît Payan omniprésent, omniscient, omnipotent"

Un avant-goût du pouvoir pour un élu qui n'attendait que ça. D'ailleurs selon l'opposition, le siège de maire était déjà occupé par un duo. "Qui gouverne au final ?", s'interrogeait l'élue LR Catherine Pila auprès de franceinfo. "On a un maire, mais derrière ce maire, on a l'impression que quelqu'un s'agite, un intérimaire qui lui voudrait la place de Michèle Rubirola et gouverner." Le lundi 5 octobre, lorsque le conseiller LR Didier Réault prend la parole lors du conseil municipal dirigé par le socialiste, il s'exclame : "Benoît Payan omniprésent, omniscient, omnipotent. Bref, Benoît Payan tout-puissant, attention !"

Michèle Rubirola était bien consciente de cela, elle qui avait souvent vanté le talent politique de son adjoint et la complémentarité de leur binôme. "Benoît et moi, c’est un peu le yin et le yang. Il est très politique, moi je n’apprécie pas la tambouille électorale", indiquait-elle en octobre dans une interview au Monde. "C'est de son énergie et son expérience dont Marseille a besoin aujourd'hui", avait-elle insisté le mardi 15 décembre.


Justine FAURE

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