Burkini : pourquoi Valérie Pécresse est vent debout contre la Défenseure des droits

Publié le 26 janvier 2021 à 17h26, mis à jour le 28 janvier 2021 à 9h12
Burkini : pourquoi Valérie Pécresse est vent debout contre la Défenseure des droits
Source : ERIC PIERMONT / AFP

BURKINI - Dans un courrier adressé à une base de loisirs francilienne fin décembre 2020, la Défenseure des droits estime que l'interdiction du port de ce vêtement de bain est "susceptible de constituer une discrimination". Une étape, qui ne constitue pas une décision finale, mais qui a mis en colère la présidente de la région.

Valérie Pécresse accuse la Défenseure des droits de faire le jeu des islamistes radicaux. La raison ? Ses services ont donné raison au Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) - dissous le 2 décembre dernier et accusé par le ministre de l'Intérieur de "propagande islamiste" - qui accusait une base de loisirs d'Ile-de-France de discrimination pour interdiction du burkini dans ses zones de baignade.

Tout commence en octobre 2019 : le CCIF demande à la base de loisirs de Jablines-Annet (Seine-et-Marne), propriété de la région Ile-de-France, "le retrait du panneau et l’article" du règlement interdisant l’accès "aux personnes portant un burkini". Le tout en adressant une copie de son courrier au Défenseur des droits (DDD). Et selon Le Point, le 22 décembre, la base de loisirs a reçu une saisine du DDD basée sur une plainte du CCIF qui contestait le règlement des lieux interdisant le port du burkini et le considérait comme discriminatoire.

"Il m’apparaît que l’interdiction du burkini au sein de la base de loisirs est susceptible de constituer une discrimination", y écrit selon Le Figaro George Pau-Langevin, adjointe de la Défenseure des droits.

La charte des valeurs de la République et de la laïcité mise en cause par la région

Selon la région, depuis l’adoption de la charte des valeurs de la République et de la laïcité en 2017 "les usagers des services publics régionaux doivent s’abstenir de tout comportement de nature à risquer de porter atteinte aux règles d’hygiène, de sécurité ou à troubler l’ordre public". Or selon le DDD, le burkini a justement été conçu pour la baignade et "ni la sécurité, ni l’hygiène des baigneuses n’apparaissent a priori menacées". Quant aux troubles à l'ordre public, "ils paraissent davantage imputables aux réactions violentes de personnes incitant à la haine face au port du burkini et aux convictions religieuses qu’il peut exprimer", indique le DDD, selon Le Figaro.

Auprès du Point, la présidente de la région Valérie Pécresse (Libres !, ex-LR) estime que les services de la Défenseure des droits "ont perdu le sens des réalités et inversent le raisonnement. Ils nous demandent d’adapter le règlement des bases de loisirs à une religion en particulier. Ils doivent absolument réexaminer le bien-fondé de cette requête entreprise, je le rappelle, par une organisation aujourd’hui dissoute". Selon le vice-président de la région chargé de la jeunesse et des sports Patrick Karam interrogé par le Figaro, "au moment où l’on examine le projet de loi contre le séparatisme à l’Assemblée, ce courrier hallucinant révèle un parti pris inadmissible pour une minorité de provocateurs islamistes téléguidés par le CCIF".

Ce mardi 26 janvier, le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, s'est également indigné de cette décision sur CNews. Dans le cadre de l'étude du projet de loi confortant le respect des principes de la République, il a annoncé le dépôt d'un "amendement pour interdire définitivement le port du burkini dans les piscines ou sur les plages françaises". Auprès de LCI, la Défenseure des droits a rappelé n'avoir pas encore rendu de décision dans cette affaire. Le dossier est "toujours en cours", nous précise-t-elle, et le courrier dévoilé n'est qu'une "étape" permettant à la base de loisirs "d'apporter tout élément qui lui semble utile à l'instruction".


La rédaction de TF1info

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