Emmanuel Macron a-t-il "dépensé entre 5 et 7 milliards d'euros en quinze jours" ?

FS avec AFP
Publié le 20 septembre 2021 à 16h45, mis à jour le 20 septembre 2021 à 22h47

Source : JT 20h Semaine

FINANCES - Xavier Bertrand a accusé Emmanuel Macron de dilapider l'argent public dans la course à l'Élysée. Les annonces de ces dernières semaines devraient effectivement faire augmenter les dépenses initialement prévues par l'État.

C'est une petite phrase qu'il a assénée et répétée. Invité du Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro ce dimanche 19 septembre, Xavier Bertrand a fustigé les toutes récentes dépenses publiques d'Emmanuel Macron, qui représenteraient "entre 5 et 7 milliards d'euros en quinze jours". Selon lui, le locataire de l'Élysée fait désormais "campagne avec le chéquier de la France". "Le 'quoi qu'il en coûte' est terminé pour les Français, mais il ne fait que commencer pour la campagne d'Emmanuel Macron", a-t-il lancé à plusieurs reprises, publiant par la suite cette attaque sur son compte Twitter.

La somme donnée par le président des Hauts-de-France n'est que très peu exagérée. Rembobinons."15 jours", cela nous amène au samedi 4 septembre. Huit jours plus tard, le vendredi 10 septembre, Emmanuel Macron promettait que l'État allait débloquer 600 millions d'euros par an pour indemniser les agriculteurs victimes de catastrophes climatiques. Le même jour, son Premier ministre débloquait une enveloppe de 400 millions d'euros supplémentaires pour le développement des transports en commun des collectivités de province. 

Le mardi qui a suivi, devant policiers et gendarmes - mais aussi devant Xavier Bertrand - le locataire de l'Élysée annonçait un budget supplémentaire de 500 millions d'euros pour la mise en œuvre du "Beauvau de la sécurité". Deux jours plus tard, le jeudi 16 septembre, c'est cette fois le Premier ministre qui faisait un geste, cette fois-ci vers les ménages modestes. Jean Castex déclarait que près de six millions de ménages modestes allaient bénéficier d'un chèque de 100 euros pour les aider à payer leur facture énergétique. Soit 600 millions d'euros alloués à cette cause. De plus, le locataire de Matignon confirmait au même moment une annonce faite plusieurs mois plus tôt, en juillet, par le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire : une nouvelle enveloppe de 2 milliards d'euros sera bien consacrée en 2022 au dispositif d'aide à la rénovation énergétique. 

Des dépenses qui inquiètent

En tout, le gouvernement a donc annoncé de nouvelles aides à hauteur de 4,1 milliards d'euros, dont 2 milliards qui étaient déjà prévus depuis le début de l'été. Ceci étant, on peut ajouter à cette somme les 1,5 milliard d'euros de financements pour Marseille promis par Emmanuel Macron le 2 septembre. De quoi arriver à un total de 5,6 milliards d'euros. Un chiffre proche de celui donné par le président des Hauts-de-France. Attention cependant, ce décompte n'est pas établi sur 15 jours, mais depuis le début du mois. Et intègre une mesure qui n'est pas nouvelle.

S'il ne s'agit pas de sommes "dépensées" - contrairement à ce qu'écrit Xavier Bertrand - mais d'annonces, reste qu'elles vont bel et bien se faire sentir sur le budget de l'État. Et ainsi faire exploser les prévisions du gouvernement. Le document provisoire présenté en juillet par le gouvernement montrait déjà que les dépenses allaient au moins augmenter de 10,8 milliards d'euros par rapport à 2021, pour atteindre près de 300 milliards d'euros. Ce à quoi il faut ajouter les dernières promesses. In fine cette hausse devrait représenter "autour de 16 ou 17 milliards d'euros", a estimé le député LaRem Laurent Saint-Martin, rapporteur général du Budget à l'Assemblée. 

Si les considérations de Xavier Bertrand concernant l'intérêt personnel d'Emmanuel Macron dans ces annonces lui appartiennent, reste que le candidat à la présidentielle est dans le vrai quand il souligne l'augmentation des dépenses depuis la rentrée. Le premier président de la Cour des comptes a d'ailleurs alerté sur le fait que ces promesses ne pourront être financées "que si des économies équivalentes sont trouvées sur d'autres dépenses publiques" à l'avenir. Une inquiétude répétée ce 15 septembre dans les pages des Échos. Pierre Moscovici a confié trouver la situation financière "beaucoup trop fragile" pour "se lancer dans une surenchère de promesses de dépenses".

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