Carte d’identité obligatoire sur Facebook: une idée "idiote" et "dangereuse" ?

Publié le 4 août 2016 à 17h59

PAPIERS - Pour le député Les Républicains (LR) des Alpes-Maritimes, l’anonymat sur les réseaux sociaux favorise la diffusion des messages des djihadistes. Mais selon la Quadrature du Net, réclamer à chaque utilisateur sa pièce d’identité n’aura aucune incidence sur le terrorisme.

Eric Ciotti agite un nouveau chiffon rouge. Dans un entretien accordé à Nice-Matin , jeudi, le député LR des Alpes-Maritimes claironne ses nouvelles propositions pour "mettre fin à l’impunité qui règne sur internet". Cinq jours après la condamnation d’un cyberpédophile par le tribunal correctionnel de Toulouse, il affirme qu'"internet ne peut pas être un espace sans contrôle" et souhaite que chaque réseau social inspecte la carte d’identité des internautes.

"Je propose de rendre obligatoire pour les réseaux sociaux la vérification de l’identité de leurs membres. Ainsi si quelqu'un veut ouvrir un compte Twitter, Facebook ou encore Snapchat, il devra au préalable fournir une pièce d’identité au site", soutient le président du Conseil départemental des Alpes-Maritimes.

Une idée pas neuve

Si le réseau IRC EpikNet en avait fait un poisson d’avril pour ses abonnés , l'idée de réclamer la carte d'identité aux utilisateurs des réseaux sociaux chemine très sérieusement dans les têtes des députés. Dans un courrier adressé au ministère de l’Education nationale , le député socialiste Christophe Léonard jugeait ainsi cruciale la "communication de la carte nationale d’identité". L’élu des Ardennes avait proposé que soit opérée "la vérification de l’identité et donc de l’âge à l’inscription" sur un réseau social. 

Aujourd’hui, le monsieur Sécurité de Nicolas Sarkozy estime, lui, que "la possibilité de se cacher derrière de fausses identités ou des pseudonymes participe à la diffusion de la propagande djihadiste sur les réseaux sociaux". 

Une idée "dangereuse" et "infaisable"

Pour l’association la Quadrature du Net, qui se préoccupe des libertés sur internet, l’idée est "complètement idiote, infaisable, et n’a pas d’intérêt particulier". "Si on veut identifier des gens ou des auteurs de contenus illégaux, il existe déjà plein de procédures judiciaires", s’étrangle l’association, jointe jeudi par metronews. A ses yeux, cette idée peut être "dangereuse pour tout un tas de personnes qui ont besoin de de s’exprimer sous pseudonyme pour protéger leur identité".

Très attachée à l’anonymat et à la vie privée sur internet, la Quadrature estime que l’incidence sur la lutte antiterroriste sera de toute manière inconsistante. "Les terroristes trouveront un autre moyen ou un autre réseau social. Ce sont de fausses solutions simples qui sont inutiles sur le fond et qui font de l’affichage de façon complètement opportuniste."

L'anonymat a mauvaise presse

Au sommet de l’Etat, l’anonymat en ligne est généralement perçu comme un frein aux manœuvres de l’exécutif. Ainsi, François Hollande a déclaré pour ses voeux de 2014 que "sur internet, l’anonymat ne doit pas être une protection et la liberté d’expression, un alibi".

Cas exemplaire de ces attaques pilotées contre l’anonymat, la Nasa, aux Etats-Unis, a déjà tenté de percer les défenses de Tor , le plus célèbre logiciel permettant de naviguer incognito. Aux antipodes de cette mentalité se sont développés des outils comme Tails , qui œuvrent pour démocratiser l’anonymat en ligne.

Eric Ciotti, pour imposer de tels filtres, devra aussi parvenir à faire plier les géants du Net, qui n'ont pas coutume de négocier avec les Etats sur ces sujets.


La rédaction de TF1info

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