Ces députés-maires préfèrent leur mairie à l'Assemblée nationale

Publié le 1 juillet 2020 à 22h07
Ces députés-maires préfèrent leur mairie à l'Assemblée nationale
Source : Illustration AFP

DÉSAMOUR - Une vingtaine de députés élus maires dimanche dernier ont choisi de laisser leur place sur les bancs du palais Bourbon. Mais leurs suppléants ne veulent pas toujours leur succéder, ce qui pourrait conduire à l'organisation de législatives partielles.

L'Assemblée nationale ne fait plus rêver. Selon les calculs de plusieurs médias, une vingtaine de députés élus maires dimanche dernier ont choisi de troquer leur mandat de parlementaire contre celui d'élu local (depuis 2017, il est interdit de cumuler des fonctions exécutives locales avec un mandat de député ou de sénateur). Et signe que le palais Bourbon n'est pas la panacée : plusieurs suppléants refusent de prendre la relève, ce qui pourrait conduire à l'organisation de cinq ou six législatives partielles ces prochaines semaines. 

Ainsi, dans la 5e circonscription de Seine-Maritime, Bastien Coriton, suppléant de Christophe Bouillon (PS), ne siégera pas à l'Assemblée. A 38 ans il vient d'être réélu maire de Rives-en-Seine et considère qu'il sera "plus utile localement". "C'est à l'échelon local que l'on est le plus à même de changer les choses", a-t-il dit à Paris Normandie. "Il est jeune et n'est plus du tout dans cet état d'esprit où la fonction de député primait", commente Christophe Bouillon. "La fonction a perdu un peu de reconnaissance. On le voit dans le regard de nos interlocuteurs. Le député n'a pas une grande cote d'amour", dit celui qui quitte l'Assemblée après 12 ans de mandat pour diriger la mairie de Barentin.

Il y aura aussi une partielle à La Réunion où Huguette Bello (groupe communiste) et son suppléant Olivier Hoarau ont été élus maires de Saint-Paul et du Port. Tout comme dans le Maine-et-Loire, où le député LR Jean-Charles Taugourdeau retrouve la mairie de Beaufort-en-Anjou, alors que sa suppléante Elisabeth Marquet a été réélue à Jarzé-Villages. "Ici je suis très opérationnelle. Je me sens utile", a-t-elle dit à l'AFP. 

Le sentiment d'être plus utile dans sa commune qu'à l'Assemblée

Dans le Val-de-Marne le socialiste Luc Carvounas va retrouver son ancien siège de maire d'Alfortville. Sa suppléante Sarah Taillebois, élève de l'ENA, ne peut arrêter sa scolarité et doit renoncer à l'Assemblée. "Je me sens plus utile dans ma commune pour continuer de la faire avancer", a-t-il reconnu au micro de France Inter, "plutôt que d’être jusqu’à 4h30 du matin un samedi dans l’hémicycle sur la loi Egalim pour appuyer sur un bouton contre le glyphosate et éviter ainsi un tombereau d’insultes des ayatollah de l’écologie qui m’aurait dit ensuite 'pourquoi vous n’y étiez pas pour vous y opposer ?'".

"Qui aurait dit il y a dix ans qu'on aurait des suppléants qui refusent d'aller à l'Assemblée nationale. Ça doit nous interroger collectivement sur le rôle de l'Assemblée", soulignait le chef de file des députés LR Damien Abad avant le premier tour. La patronne des députés PS Valérie Rabault renvoie la faute sur la majorité, qui "remballe" l'opposition et ses propositions. "On ne va pas se mentir, l'Assemblée nationale ne connaît pas les grandes heures qu'elle a pu connaître". 

Le non-cumul des mandats ne fait pas l'unanimité

Luc Carvounas estime aussi que la loi contre le cumul des mandats a une part de responsabilité. "Depuis que les maires ont quitté l'Assemblée, ceux qui se frottent les mains, ce sont les hauts fonctionnaires qui peuvent tout faire passer", se plaint-il, toujours sur France Inter. "Il fallait avoir le courage politique de dire 'le non-cumul, ça parait moderne et populaire', mais 'ça ne fera qu'accroître le fossé entre des élus parisiens et les réalités du terrain'."


La rédaction de TF1info

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