ECOLOGIE - Dans une tribune publiée sur le site de Franceinfo, l'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire demande aux députés de s'opposer au Ceta. Le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, qui suscite de nombreuses réticences, doit être voté mardi à l'Assemblée nationale.
"Demain, chacun de vous aura plus de pouvoir que tous les ministres de l'écologie réunis." Dans une lettre ouverte adressée aux députés et publiée sur Franceinfo, Nicolas Hulot en appelle à la responsabilité de ceux qui voteront demain pour ou contre la ratification du fameux traité de libre-échange entre l'Union Européenne et le Canada.
"Ayez le courage de dire non", lance aux députés l'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, opposé à la ratification d'un accord qu'il juge néfaste pour la santé, le climat et les agriculteurs.
Après sept années de négociations, ce traité controversé a été approuvé par le Parlement européen en 2017. Depuis, une version provisoire est appliquée, mais une ratification est nécessaire pour qu'il prenne complètement effet. Actuellement, 98% des produits européens et canadiens transitent par des échanges libres de droits de douane.
"Quand tous les lobbys essayent déjà d'enfoncer la porte, pourquoi leur donner un bélier avec le Ceta ?
Nicolas Hulot dans sa lettre ouverte aux députés
Nicolas Hulot estime dans cette tribune que les accords commerciaux tel que le Ceta "emportent toutes nos batailles et leurs conséquences dépassent largement nos frontières". Dans sa ligne de mire, la hausse des limites maximales de résidus autorisées pour permettre l'arrivée des produits canadiens dans le marché européen. L'inaction des instituions est également pointée du doigt : "L'Union européenne ne montre aucune volonté de questionner l'utilisation par le Canada de 46 substances interdites en Europe."
Le président d'honneur de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme appelle à repenser le traité : "Pourquoi ne pas renégocier politiquement cet accord (...) pour en supprimer les risques dispensables ? (...) Qui sait vraiment pourquoi il faut ratifier absolument et maintenant le Ceta ?"
"Quand on s'est battu pour améliorer un texte, on ne peut pas dire quelques mois plus tard le contraire"
Emmanuel Macron
"J'invite simplement chacun à un discours objectif." Emmanuel Macron a réagi depuis le palais de l'Elysée à la prise de parole de Nicolas Hulot, qu'il a critiquée. "Quand on s'est battu pour améliorer un texte (...), on ne peut pas dire quelques mois plus tard le contraire, ou alors il fallait le dire quand on était en responsabilité", a affirmé le président, appuyant le fait que son ancien ministre de l'Ecologie s'était engagé à l'époque à modifier le texte.
Emmanuel Macron a estimé qu'une ratification du traité irait "dans le bon sens", tout en soulignant la nécessité de s'assurer qu'il soit "bien mis en oeuvre".