Contaminations massives sur le Charles de Gaulle : qu'a dit Florence Parly aux députés ?

Publié le 17 avril 2020 à 20h40

Source : TF1 Info

CORONAVIRUS - La ministre des Armées était auditionnée vendredi 17 avril devant l'Assemblée nationale pour rendre compte de la situation de la pandémie au sein du corps armée français. L'occasion de revenir sur le foyer qui s'est déclaré au sein du Charles de Gaulle, où plus de 1000 marins ont été déclarés positifs au covid-19.

Une volonté de transparence, mais encore peu de réponses. La ministre des Armées, Florence Parly, a assuré vouloir "saisir l’opportunité" d'être auditionnée devant l'Assemblée nationale "pour partager toutes les informations dont le ministère dispose à cette heure" sur la façon dont la pandémie touche ses rangs. Et plus particulièrement sur la naissance d'un foyer à bord du plus gros porte-avions français, le Charles de Gaulle. Un sujet brûlant, "qui nous tient particulièrement à cœur et qui m'a amenée à prendre des décisions immédiates et radicales", a assuré la ministre. 

2010 tests réalisés, au moins 1081 cas positifs

Florence Parly a ainsi annoncé, vendredi 17 avril, que 1081 marins à bord du fleuron de la Marine nationale et de ses escortes ont été déclarés positifs au Covid-19. Un bilan qui devrait évoluer dans les jours qui viennent puisque 715 militaires sur les 2010 testés attendent encore leurs résultats d'analyses. La ministre a précisé que la moitié des cas positifs, soient 545 marins, présentent actuellement des symptômes. "Ils sont tous sous surveillance médicale étroite du service de santé des Armées", a-t-elle indiqué.

"Aujourd'hui, 24 marins sont hospitalisés à l'hôpital d'instruction des Armées Saint-Anne de Toulon, dont un en réanimation", a ajouté la ministre. Geneviève Darrieussecq, sa secrétaire d'Etat, se rendra à leur chevet en début de semaine prochaine, "pour leur assurer notre soutien et pour s'assurer de leur bonne prise en charge".

Alerte donnée le 8 avril, après trois mois de mission

La ministre a ensuite cherché à retracer le parcours des marins contaminés. "1760 marins ont été en mission sur le Charles de Gaulle à partir du 21 janvier. Ils ont d'abord été engagés dans la mission chammal - contre Daech - en Méditerranée orientale", a-t-elle commencé. "Puis ils ont participé à plusieurs exercices multinationaux et à la protection des approches maritimes européennes en Atlantique Nord et en mer de Nord". Initialement la mission du Charles de Gaulle devait se poursuivre jusqu'au 24 avril. Mais l'alerte de plusieurs cas symptomatiques du covid-19 observés à bord a été donnée.

"Dans la journée du mardi 7 avril, j’ai été informée pour la première fois par le chef d'Etat Major de la Marine de la présence de 36 cas symptomatiques à bord", a continué Florence Parly. "J'ai alors immédiatement pris la décision de mettre fin à la mission du porte-avions et d'anticiper le retour du groupe aéronaval" à Toulon. Ce même jour, une équipe du Centre épidémiologique de santé publique des Armées a été envoyée à bord du porte-avions pour réaliser une enquête et une première série de tests. Sur les 60 premiers tests effectués, 50 se sont avérés positifs. Un résultat inquiétant qui a conduit l'équipe médicale à demander l'évacuation de trois premiers marins vers la terre le 9 avril. Parmi eux, le militaire encore en réanimation à cette heure.

Un confinement strict selon les symptômes

Le reste des malades a été isolé à l'avant du bateau, et une "campagne de tests sans précédents" s'est poursuivie le temps que la flotte arrive à bon port. "Toutes les unités, marins du porte-avions, de la frégate et du pétrolier qui l'accompagnent, ainsi que les marins du ciel qui pilotent les aéronefs, sont arrivés sur leurs bases Toulonnaises respectives entre le 11 et le 13 avril", a précisé la ministre. Ils ont alors été pris en charge et confinés sur différents sites militaires de la région. Le navire lui, est actuellement décontaminé par une équipe du deuxième régiment de dragons de Fontevraud. "Ils ont à ce jour effectué 30% du chantier", selon la ministre.

Face à une situation "particulière et évolutive". Florence Parly a expliqué que l'armée s'appliquait à "adapter sans cesse les conditions de logements des marins". L'objectif : isoler dans une chambre seule chaque marin négatif, et loger par deux les marins positifs, dont les symptômes n'appellent pas d’hospitalisation, "afin qu'il se garantissent une surveillance mutuelle en cas d’aggravation soudaine de l'état de l'un d'eux".

L'escale à Brest, du 13 au 16 mars, en question

"Bien sûr, nous entendons les doutes et les questions sur l'origine de la contamination", a continué la ministre, consciente des nombreuses interrogations sur ce cluster inédit. "Parmi les hypothèses, nous avons tous en tête l’escale faites à Brest, du 13 au 16 février, soit juste avant le confinement", a enfin reconnu Florence Parly. Elle a plaidé que cette escale bretonne "a été maintenue sur décision du commandement opérationnel de la Marine nationale à la fois pour des raisons logistiques et de régénération de l’équipage, très sollicité par le rythme des missions précédentes".

Florence Parly est bien sur revenu sur le témoignage anonyme d'un marin, sans le nommer. "Il a été dit que le pacha du porte-avions avait souhaité interrompre la mission du groupe aéronaval lors de l'escale de Brest", a-t-elle rappelé, avant de marteler : "Cette rumeur est fausse". Une version consolidant les démentis du commandant lui-même, ainsi que du porte-parole de la Marine nationale. La ministre a ensuite voulu rappelé que lorsque la décision de maintenir cette escale a été prise, "les connaissances sur le virus étaient plus réduites, et les restrictions de déplacements n’étaient pas encore en vigueur en France".

"Les activités prévues lors de cette escale et notamment la venue des familles à bord ont été annulées, en revanche les marins ont pu voir leur famille à terre", a donc reconnu l'élue, assurant néanmoins que "des précautions avaient été prises pour limiter les risques lors de ces sorties". D'après elle, le ministère "ne sait pas encore si le virus était déjà présent à bord avant l’escale du 13 mars". Mme Parly a notamment rappelé que l'arrêt à Brest était intervenu quelques semaines après une escale effectuée à Chypre, du 21 au 26 février.

Les conclusions des enquêtes seront rendues publiques

Une enquête épidémiologique est actuellement en cours pour retracer le cheminement du virus jusqu'au porte-avions. En parallèle, une enquête de commandement est destinée à établir précisément "quelles décisions ont été prises et comment les mesures de précautions et de détections prescrites ont été appliquées", a déclaré la ministre. "Nous verrons ce que les enquêtes diront, je souhaite qu'elles soient menées sereinement et sans parti-pris", a-t-elle prévenu.

"J’ai demandé à ce que les conclusions de ces enquêtes soient rendues publiques, afin que chaque marin, citoyen, parlementaire, puisse savoir ce qu’il s’est passé. Afin que la Marine, le ministère, et nous tous, puissions collectivement tirer les leçons de cette épreuve", a assuré Florence Parly.


La rédaction de TF1info

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