Cinq questions sur Horizons, le nouveau parti d'Édouard Philippe

F.R
Publié le 9 octobre 2021 à 19h13, mis à jour le 10 octobre 2021 à 17h56
Edouard Philippe au Havre
Edouard Philippe au Havre - Source : JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

PRÉCISIONS - Depuis sa ville du Havre, l'ancien chef du gouvernement d'Emmanuel Macron a esquissé les contours de son nouveau parti politique, Horizons. Ce samedi, s'il a réaffirmé son soutien au président pour 2022, rien n'est moins sûr pour 2027. Explications.

Dans l'émission "Sept à Huit" sur TF1, le 12 septembre dernier, il avait déjà levé le doute.  "Pour l'élection présidentielle de 2022, je soutiendrai le président de la République", avait lancé Édouard Philippe, ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron. 

Moins d'un mois plus tard, le maire du Havre a réuni ses soutiens dans sa ville ce samedi pour présenter son nouveau parti politique, baptisé Horizons, et en a profité pour réaffirmer son "objectif" de faire réélire l'actuel chef de l'État. LCI fait le point sur cette nouvelle force politique, qui pourrait aussi porter une éventuelle candidature d'Édouard Philippe en 2027. 

Quel est le projet d'Horizons ?

"Il faut, pour faire bien, voir loin". C'est, en substance, le slogan de ce nouveau parti dans l'échiquier politique français. Grâce à lui, Édouard  Philippe compte en effet "participer à la constitution d'une nouvelle offre politique", et élargir vers la droite le socle de soutiens d'Emmanuel Macron. 

"Avec Horizons, nous allons définir une stratégie pour la France, c'est une aventure collective", a lancé l'ancien Premier ministre, ex-LR, quinze mois après son départ de Matignon. Au cours de son discours qui a duré plus de deux heures, Édouard Philippe a notamment insisté sur "quatre vertiges"  - démographique, environnemental, géopolitique et technologique - que devra affronter le pays dans les années à venir. L'ex-chef du gouvernement a ainsi défendu "la constance" et "la cohérence", et préfère la "sérénité" à la "fébrilité". 

"C'est un combat démocratique, au long cours, mais essentiel, que nous engageons [...] Nous manquons d'une stratégie à l'horizon 2050" et "je veux avec vous la bâtir", a-t-il ajouté. 

Les statuts du parti seront déposés lundi, et il sera doté d'une charte de 20 principes défendant notamment "la poursuite de la transformation du pays", "l'ordre", "la justice sociale" et "le projet européen". Il s'agit aussi de combattre "les extrêmes de tous bords", "les ennemis de la laïcité", "les partisans de la décroissance" ainsi que "les naïfs et les populistes de l’immigration".

Avec qui mener cette "aventure collective" ?

Dans la salle du Havre, 160 maires, 600 élus locaux (dont les maires de Fontainebleau Frédéric Valletoux, et de Reims Arnaud Robinet) et une soixantaine de parlementaires, dont Marie Lebec, Pierre-Yves Bournazel ou Naïma Moutchou, ont répondu à l'appel. Les édiles sont en effet au cœur du projet de l'ex-Premier ministre, où ils auront une place particulière, avec une "assemblée" qui élira le vice-président.

Alors qu'Édouard Philippe affirme vouloir faire "réélire" Emmanuel Macron en 2022,  plusieurs figures d'En Marche ont également fait le déplacement, contre Christophe Castaner, chef du groupe à l'Assemblée, la députée Aurore Berger ou encore l'eurodéputée Nathalie Loiseau. Les deux autres patrons des groupes parlementaires de la majorité, Olivier Becht (Agir) et Patrick Mignola (MoDem) étaient aussi présents. 

"Je ne crois pas que l'élection ou la réélection soit gagnée d'avance, donc la campagne sera difficile et elle passe par un élargissement de la base électorale", a notamment prévenu Édouard Philippe. 

Édouard Philippe lance son parti au HavreSource : JT 13h WE

Faire "réélire" Emmanuel Macron...

Quand Édouard Philippe évoque "le positionnement" de son parti, il l'indique : "C'est devant", avec "une logique de partenariat, de rassemblement". Quant à la deuxième ligne, il l'assure, c'est "le soutien au président de la République" pour que "les cinq années qui viennent soient des années utiles".

"Très clairement, mon objectif en 2022 est qu'Emmanuel Macron soit réélu", a-t-il ajouté. "Si c'est une bannière, nous serons derrière", a-t-il assuré, très applaudi, tout en demandant une égalité de traitement au sein de la "maison commune" que LaREM tente de bâtir avec le MoDem.

"La poutre travaille et, croyez-moi, elle n'a pas fini de travailler", a lancé Edouard Philippe, en allusion à une recomposition politique qui reste "évidemment en cours".

À son arrivée au Havre, Olivier Becht avait déjà assuré, en évoquant les adhérents "chez LR et à l'UDI qui partagent nos valeurs", que "si Édouard Philippe arrive à ramener ces gens dans la maison commune, c'est autant de points positifs pour élargir la majorité et faire en sorte qu'Emmanuel Macron soit réélu en 2022". Le nouveau parti permettra de constituer "une formidable attaque, mais pas seulement pour l'élection présidentielle", avait abondé Patrick Mignola.

... tout en gardant l'œil sur 2027

Mais si Édouard Philippe jure un soutien indéfectible à Emmanuel Macron en 2022, qu'en est-il de 2027 ? Parmi la classe politique et ses proches, il se murmure que Horizons pourrait être la première pierre qui viendrait paver la route vers une éventuelle candidature d’ici à 6 ans. 

"Le premier objectif, c'est de gagner la présidentielle. Viendra ensuite le temps des législatives. Mais c'est sûr, un parti, cela porte des idées et ça présente des candidats", confiait ainsi un proche de l'ancien Premier ministre à franceinfo.

"Entre nous, il nous arrive de parler de 'circonscriptions Édouard Philippe' pour indiquer que certaines risquent d'être 'réservées' pour son parti", expliquait de son côté un député LaREM, cité par nos confrères.

Quelles réactions au sein de la classe politique ?

La majorité présidentielle est largement pour de la nouvelle aventure politique d'Édouard Philippe. Ses proches louent une "solution alternative aux élus et à l'électorat de droite" qui rejoindraient ainsi la majorité présidentielle", à l'image du député de Seine-Maritime Damien Adam, sur franceinfo.

Frédéric Valletoux, maire Agir de Fontainebleau, vante les mérites d'une "offre politique supplémentaire", basé sur l'"expérience", le "réseau d'élus" de l'ancien Premier ministre, ainsi que sur le "constat d'une évolution qu'il y a besoin de mieux structurer le débat sur l'échiquier droit de la politique".

 

Dans les rangs de la droite, Horizons semble également séduire des élus modérés, comme Dominique Bussereau, ancien ministre sous Jacques Chirac, et ex-Républicain, qui voit dans ce nouveau parti "une nouvelle offre politique intelligente et de qualité, utile au débat politique et à la démocratie française"

Mais d'autres, très proches du président, grincent des dents. "Ça me fait sourire, on n'est pas des naïfs. On voit bien que tout cela n'est motivé que par un seul projet, une seule ambition : préparer sa propre candidature en 2027", aurait assuré devant des proches François Bayrou, cité par Le Parisien.


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