Comment la fachosphère tente de monter en épingle une "affaire Hamon"

Anaïs Condomines et Mahaut de Butler
Publié le 7 mars 2017 à 18h34, mis à jour le 8 mars 2017 à 18h23
Comment la fachosphère tente de monter en épingle une "affaire Hamon"

FACT CHECKING - L’information selon laquelle Benoît Hamon a été mis en examen pour injure publique enflamme la fachosphère, qui déplore le "silence assourdissant des médias". Cette information est correcte, mais bien peu comparable avec les affaires qui empoisonnent actuellement la campagne présidentielle. Explications.

L’information fait les choux gras de la fachoshère. Benoît Hamon, candidat de la gauche à l’élection présidentielle, a été mis en examen, et aucun média traditionnel n’a daigné en faire sa une. C’est en tout cas, en substance, le contenu du tweet relayé ce mardi 7 mars dans la matinée par Louis Aliot, vice-président du Front national et député européen.

Des pseudo-révélations qui, dans un contexte de tempête juridico-médiatique autour de François Fillon et des emplois présumés fictifs de son épouse Penelope, font leur petit effet. Pourtant, selon les informations que nous avons vérifiées, les deux affaires sont bien loin de comporter les mêmes implications. 

Pseudo-révélations et bon timing

Alors de quoi parle-t-on, au juste ? En réalité, tout part d'un tweet de Benoît Hamon, posté en novembre 2015, dans lequel le candidat taxe "d'escroc" un certain Nicolas Miguet, se présentant comme journaliste, candidat à l’élection présidentielle et président du “Rassemblement des Contribuables Français”.

A la suite de ce tweet, "Nicolas Miguet a porté plainte pour injure publique contre Benoît Hamon", nous confirme Ali Rabeh, directeur de cabinet du candidat de la gauche. "S'en est suivie une mise en examen, qui correspond tout à fait à une procédure automatique". poursuit-il. 

Une procédure automatique

Une mise en examen automatique ? C'est en effet la procédure classiquement observée en cas d'injure publique ou de diffamation : selon l'article 80-1 du Code de procédure pénale, la mise en examen pour ces motifs est quasi-automatique une fois que les propos tenus ont été vérifiés et leur auteur identifié. En l’occurrence, le tweet de Benoît Hamon est toujours en ligne.

Un déboire judiciaire qui n'a rien à voir, donc, avec les affaires qui pèsent lourdement sur la campagne du candidat Fillon. Mais qui reste du pain bénit pour la fachosphère. C'est pourquoi, d'abord relaté sur des sites d'informations locales comme "normandie-actu" ou encore "lereveilnormand" en raison de l'origine normande de Nicolas Miguet, l'information s'est répandue comme une traînée de poudre sur les sites d'extrême droite, à l'image de dreuz.info. Pour enfin arriver dans les radars de Louis Aliot. 

Notons par ailleurs que Benoît Hamon est loin d'être le seul politique à être impliqué dans ce type de procédure. Comme lui, Martine Aubry a été mise en examen pour "diffamation" envers un élu lillois, en décembre 2016. François Bayrou, lui, est lui aussi poursuivi depuis novembre 2016 pour diffamation contre une association de Pau. 


Anaïs Condomines et Mahaut de Butler

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