Comment Nicolas Sarkozy a tenté de déjouer les écoutes judiciaires

SURVEILLANCE – Persuadés d'être mis sur écoute, Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog ont utilisé un procédé connu dans le milieu du banditisme pour tenter de déjouer cette surveillance, selon le JDD. Ils ont acheté deux téléphones sous un nom d'emprunt pour parler en mode "talkie-walkie". En manquant de vigilance, leur stratégie a toutefois été repérée.
Quelques erreurs commises par Nicolas Sarkozy auront mis la puce à l'oreille des juges. Comme l'a révélé Le Monde vendredi , la justice avait en effet décidé de surveiller tous les appels téléphoniques de l'ancien chef d'Etat, mais aussi de son avocat Thierry Herzog, de Brice Hortefeux et de Claude Guéant. Les enquêteurs souhaitaient recueillir des preuves dans le cadre d’une information judiciaire ouverte à Paris pour "corruption", liée à un éventuel financement de la campagne présidentielle de 2007 par la Libye. Pour semer la justice, l'ancien Président et son avocat ont adopté une stratégie célèbre dans le milieu du grand banditisme, comme le raconte le Journal du Dimanche . Sans toutefois parvenir à ne pas se faire repérer.
"Les voyous utilisent des TOC pour déjouer les écoutes"
Le 19 avril 2013, les juges Serge Tournaire et René Grouman sont chargés d'enquêter pour savoir si la Libye a financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Ils ordonnent de mettre plusieurs portables sur écoute, et notamment ceux de Nicolas Sarkozy et de Brice Hortefeux. Pendant plusieurs mois, ni le Président ni ses proches ne se douteront qu'ils sont surveillés. Il faudra attendre décembre 2013 pour que la presse révèle que les appels de Brice Hortefeux sont dans le viseur dans le cadre de cette affaire Libyenne. Thierry Herzog, certain que Nicolas Sarkozy est lui aussi placé sur écoute, décide de déjouer cette surveillance.
L'avocat de l'ex-chef d'Etat se rend donc chez un opérateur téléphonique de Nice et ouvre deux lignes sous un nom d'emprunt. Il donne le premier téléphone à Nicolas Sarkozy et conserve le second. Le but ? Créer deux "TOC", deux mobiles utilisables façon "talkie-walkie". "Les voyous utilisent des TOC justement pour déjouer les écoutes. Si vous n'appelez personne d'autre et que les téléphones sont à des noms inconnus, on ne peut pas les remonter", explique un enquêteur au JDD.
"Je te rappelle dans 10 minutes" : la puce à l'oreille
Mais pour imiter les voyous, quelques astuces s'imposent. Il ne faut pas stopper toute conversation sur le téléphone officiel par exemple. A plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy et son avocat vont déclarer sur leur téléphone habituel qu'ils "se rappellent dans 10 minutes". Comme ils ne se rappelleront pas sur le téléphone officiel, les soupçons des enquêteurs vont s'éveiller.
Le 22 février, Nicolas Sarkozy est au Cap-Nègre, dans la maison de Carla Bruni. Ce même jour, Thierry Herzog et l'ancien Président s'entretiennent et conviennent de se "rappeler dans 10 minutes" . Sauf que le portable de Nicolas Sarkozy n'est plus "accroché à une borne parisienne hyper occupée, mais à celle du Cap-Nègre", explique l'hebdomadaire. Les deux TOC sont repérés par les policiers des juges et l'ensemble de la conversation est enregistrée. Et c'est justement cet entretien téléphonique qui sera jugé assez suspect pour que Nicolas Sarkozy soit soupçonné de trafic d'influence.
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