Déconfinement, Bac, impôts, municipales... ce qu'il faut retenir de l'intervention d'Edouard Philippe sur TF1 et LCI

Publié le 2 avril 2020 à 23h58, mis à jour le 3 avril 2020 à 0h38

Source : TF1 Info

CORONAVIRUS - Au cours de l'émission "Le Premier ministre face à la crise" diffusée ce jeudi soir sur TF1 et LCI, Edouard Philippe a évoqué le déconfinement, l'organisation du baccalauréat, le second tour des élections municipales ou encore les impôts. Voici ce qu'il faut retenir de son intervention.

La France est confinée depuis plus de trois semaines : le pays est à l'arrêt, les hôpitaux en difficulté, le nombre de morts toujours plus élevé, et les élèves de terminale sont inquiets pour leur avenir. C'est pour rendre compte des actions du gouvernement et évoquer les hypothèses de sortie de crise que le Premier ministre Edouard Philippe était l'invité de TF1 ce jeudi soir. Voici ce qu'il faut retenir de son intervention. 

Sur le déconfinement

"Je comprends l'impatience, mais le déconfinement ce n'est pas pour demain matin", a averti le Premier ministre. Il a même avoué qu'il durerait "probablement plus longtemps" qu'annoncé, donc au-delà du 15 avril. Il a également assuré qu'il aurait lieu de "façon progressive", et qu'il faudrait le coordonner avec nos voisins européens. 

Mais quelles méthodes privilégier ? "Nous sommes en train de réfléchir à la façon dont nous allons procéder" mais "nous ne connaissons pas les réponses", a-t-il convenu. Répétant que le déconfinement dépendrait de plusieurs facteurs dont l'existence d'un traitement, la circulation du virus sur le territoire (on peut supposer qu'un plus grand nombre de la population sera immunisée dans le Grand Est) ou la capacité du pays à conduire massivement des tests, il a expliqué que l'exécutif réfléchissait à "plusieurs scenarii possibles", sous l'égide de Jean Castex, "un haut fonctionnaire qui connaît parfaitement le monde de la santé et qui est redoutable d'efficacité".

Peut-on envisager la possibilité d'un déconfinement par tranches d'âges ? "Ça pose des questions pratiques, sanitaires, étiques", a répondu Edouard Philippe.

Sur l'organisation du baccalauréat

Une certitude : " il va falloir organiser les épreuves du bac 2020 d'une façon totalement neuve et originale", a déclare Edouard Philippe. "Ce qui est acquis, c'est qu'il n'est pas possible que les élèves puissent passer le baccalauréat dans des conditions normales. Cette machinerie annuelle ne va pas pouvoir être mise en oeuvre dans les bonnes conditions", a-t-il estimé. 

Le Premier ministre a alors évoqué deux possibilités : "Soit elles auront lieu sur le fondement  du contrôle continu, basé sur les premiers et deuxièmes trimestres. Et si les cours peuvent reprendre dans de bonnes conditions au cours du mois de mai ou juin alors le dernier trimestre", comptera aussi. "Soit on peut espérer conjuguer à ce contrôle continu complet une épreuve qui serait organisée à la fin du mois de juin", a-t-il ajouté. C'est au ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer d'"instruire" le sujet. Il privilégie tout de même la première solution. "Pour ma part, je crois que c'est sur la piste du contrôle continu le plus complet qu'il va falloir se reposer."

Sur la tentation de partir en vacances

Alors que les vacances scolaires débutent ce vendredi pour la zone C, de nombreux Français se demandent s'ils pourront se déplacer pendant leurs congés. Edouard Philippe leur a formellement demandé de "rester chez eux" pour "aider les soignants et nous aider à passer le cap délicat que nous vivons en ce moment. Le virus n'est pas en vacances. Et le confinement ce n'est pas se déplacer en France pour essayer de passer un moment moins difficile que chez soi". "J'appelle tous nos concitoyens à respecter toutes les règles de confinement", exige-t-il. 

Il a rappelé, comme l'avait fait le ministre de l'Intérieur plus tôt dans la journée, que les contrôles seront accentués. Toutefois, il a expliqué que les sanctions ne seraient pas durcies.

Sur l'organisation du second tour des élections municipales

Edouard Philippe a indiqué que le gouvernement saura le 23 mai, à la conclusion du rapport d'étape sur l'épidémie de coronavirus qui doit être publié à cette date, s'il pourra organiser le second tour des élections municipales le 21 juin prochain. "Si c'est possible le deuxième tour des élections municipales se tiendra à cette date. Si on fait le constat, en mai, qu'en juin il n'est pas possible d'organiser le deuxième tour, ce que beaucoup des observateurs ou des acteurs de la vie politique pressentent ou ressentent (...), il faudra décaler cette élection, peut-être en octobre, peut-être après", a-t-il développé.

Edouard Philippe a assuré qu'il n'était pas question de revenir sur l'élection des maires élus au premier tour le 15 mars dernier. Mais pour les 5000 communes qui doivent passer par un second tour pour élire leur maire, il pourrait être nécessaire de réorganiser un premier tour. "C'est une décision qui sera prise collectivement", a-t-il assuré. "Ce n'est pas le Premier ministre qui prendra la décision, c'est le Parlement puisqu'il faudra une loi pour organiser les choses".

Sur la crise économique à venir

Après la crise sanitaire, viendra le temps de la crise économique. Une augmentation des impôts sera-t-elle nécessaire pour y faire face ? Non, a répondu Edouard Philippe. "La crise sanitaire va devenir une crise économique car le coup de frein est si brutal, massif, durable qu'il va falloir aider le pays à franchir la crise et ensuite à redémarrer. La pire des choses serait d'augmenter les impôts", a estimé le chef du gouvernement. "Nous devons nous organiser pour que le pays tienne, les entreprises subsistent, et qu'une fois passé le plus dur, un plan de relance national, européen, mondial peut-être, puisse permettre à l'ensemble de l'économie mondiale de repartir."

Edouard Philippe a refusé de voir à long terme, et les conséquences que cette crise pourrait avoir dans des années voire des décennies. "Ce n'est pas le sujet. En ce moment on se bat pour conserver les entreprises françaises en vie, faire en sorte que le redémarrage soit possible, que des compétences ne se retrouvent pas après la crise sans pouvoir exercer." 

Sur le risque d'une pénurie de médicaments dans les hôpitaux

"C'est l'une des questions les plus délicates que nous devons affronter en ce moment", a avoué le Premier ministre. "Partout dans le monde il se passe ce qu'il se passe en France : une augmentation du nombre de malades en soins intensifs. Donc la consommation des produits nécessaires explose dans des proportions jamais imaginées, de l'ordre de 2000%. Il y a donc des tensions en approvisionnement dans un certain nombre de molécules et médicaments. Un certain nombre de ces molécules est en stock suffisant, dans les hôpitaux ou les industriels. (...) Pour d'autres les stocks sont plus limités", a-t-il constaté. 

"Ma bataille numéro un en ce moment est d'être capable de répondre à la demande. Cet après-midi j'ai appelé des industriels pour voir quels étaient les endroits qui bloquaient dans l'approvisionnement de la matière première ou la fabrication de ces médicaments, et nous nous battons" pour gérer cette tension, a-t-il assuré. "Nous avons les ressources, la volonté, pour faire en sorte de surmonter cette difficulté."

Sur la construction d'un hôpital militaire en Ile-de-France

Le Premier ministre n'a pas annoncé la construction d'un hôpital militaire sur le modèle de celui de Mulhouse en Ile-de-France, mais a annoncé l'ouverture d'un "plateau ultra-moderne" à l'hôpital Henri-Mondor (Créteil). Prévue pour le mois de juin, sa mise en service sera plus précoce, au "milieu du mois d'avril". Il pourra accueillir 86 patients.


Justine FAURE

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