GAFFE - Sur France Inter, mardi matin, la ministre chargée du dossier corse a utilisé les termes "prisonniers politiques" en parlant du rapprochement de détenus avec leurs familles sur l'île de Beauté. Un lexique emprunté involontairement aux nationalistes corses, qui a conduit Jacqueline Gourault à rectifier sur Twitter.
Une expression malheureuse ne passe pas inaperçu lorsque l'on parle de la Corse. La ministre Jacqueline Gourault, "madame Corse" au sein du gouvernement, a commis une bourde mardi matin sur France Inter alors qu'elle était interrogée sur le choix de rapprocher certains détenus de leurs familles vivant sur l'île de Beauté.
Elle a ainsi déclaré que "trois prisonniers politiques" avaient récemment bénéficié d'une telle mesure de rapprochement. Ce qui interpelle n'est pas, bien sûr, le rapprochement, qu'Emmanuel Macron avait laissé entrevoir au début de l'année, lors de son déplacement à Ajaccio. C'est bien l'expression "prisonniers politiques", qui emprunte au lexique utilisé par les nationalistes, dont le président indépendantiste de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni.
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Rétropédalage
Les propos de la ministre ont suscité de nombreuses réactions politiques, certains dénonçant une complaisance entre le gouvernement et les élus nationalistes.
La ministre #Gourault évoque des « prisonniers politiques » en Corse, soit exactement les contes, le vocabulaire des séparatistes ! « Prisonniers politiques » les assassins du préfet Erignac ?... Propos honteux qui appelle une condamnation rapide du 1er ministre. https://t.co/GSZck2gNAZ — Florian Philippot (@f_philippot) 3 juillet 2018
Il n’y a aucun prisonnier politique en France. il faut corriger vite ces propos. https://t.co/zqxyZt9fBQ — Manuel Valls (@manuelvalls) 3 juillet 2018
La formule a également suscité l'ironie de Gilles Simeoni, le président autonomiste de l'exécutif corse, qui a évoqué un "lapsus freudien".
La reconnaissance par Mme @j_gourault de la notion de "prisonniers politiques", à mi-chemin entre le lapsus freudien et le coup de chapeau involontaire à Gramsci (« il faut remporter la bataille des idées »)... https://t.co/DG45nLbVw4 — Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) 3 juillet 2018
S'apercevant de la bourde, Jacqueline Gourault a vite rectifié, elle aussi, sur Twitter. "Evidemment, je ne m'approprie pas l'expression 'prisonniers politiques' ! Il s'agit de détenus de droit commun", a-t-elle fait savoir.
Evidemment, je ne m'approprie pas l'expression "prisonniers politiques" ! Il s'agit de detenus de droit commun. Les rapprochements se font au cas par cas, la Chancellerie examine un par un chacun des dossiers. #le79inter — Jacqueline Gourault (@j_gourault) 3 juillet 2018
Une maladresse réparée, mais qui peut laisser des traces au moment où les négociations entre les élus nationalistes, majoritaires sur l'île, et le gouvernement, tournent en rond.