Covid-19 : Olivier Véran a-t-il changé d'avis sur le pass sanitaire et la vaccination ?

Publié le 14 mai 2021 à 17h06, mis à jour le 14 mai 2021 à 17h22

Source : JT 13h Semaine

PROMESSES - Le ministre de la Santé a toujours refusé la mise en place d'un passeport vaccinal pour reprendre "la vie d'avant". Pourtant, un "pass sanitaire" a bien été proposé pour avoir accès à certains espaces ou événements. Comment expliquer ce revirement ?

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement est montré du doigt pour ses contradictions. Après avoir dénoncé les incohérences des autorités sanitaires à propos du port du masque en population générale - d'abord interdit, puis souhaité, puis obligatoire - des internautes accusent désormais l'exécutif d'avoir radicalement changé d'avis à propos du pass sanitaire. 

Une vidéo publiée ce mercredi 12 mai juxtapose ainsi trois différentes prises de parole d'Olivier Véran sur le sujet. En douze secondes, le monteur montre que le ministre de la Santé a d'abord promis qu'il n'y aurait pas de passeport sanitaire avant de dire que la France en avait "besoin". Le ministre a-t-il donc trahi sa parole ? 

Trois extraits, trois sujets différents

La vidéo est en fait relativement trompeuse, en ce qu'elle fait l'amalgame entre trois sujets distincts. Dans la première séquence, qui remonte au 22 décembre 2020, Olivier Véran n'est pas interrogé directement sur la création d'un pass sanitaire. Sur le plateau du 20H de TF1, le journaliste Julien Arnaud veut savoir si "demain" il faudra "être vacciné pour aller au restaurant ou pour prendre l'avion". Le ministre est catégorique : "La réponse est non". "La vaccination contre le coronavirus ne sera pas obligatoire", martèle-t-il, soulignant les engagements d'Emmanuel Macron et Jean Castex qui allaient dans ce sens. 

Olivier Véran : "La vaccination contre le coronavirus ne sera pas obligatoire"Source : JT 20h Semaine

Le sujet est similaire dans le deuxième extrait. Devant la commission des Lois de l'Assemblée nationale, la députée Yaël Braun-Pivet demande à Olivier Véran si dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, il pourrait envisager un "passeport sanitaire" qui "signifiera concrètement des restrictions de libertés en fonction du fait de savoir si la personne est vaccinée ou pas". Ici, l'élue LaREM des Yvelines fait référence au "badge vert", instauré en Israël et qui fait à ce moment-là la Une de l'actualité. Il permet de conditionner l'accès à certains lieux à la seule vaccination de la personne. Olivier Véran répète donc à nouveau que "le gouvernement a fait savoir son intention de ne pas recourir au passeport sanitaire". 

Dans ces deux cas de figure, le ministre était donc interpellé sur l'éventualité d'une vaccination rendue obligatoire pour retrouver une certaine liberté. Un dispositif baptisé "passeport vaccinal", "badge vert" ou "passeport sanitaire", qui est toujours écarté aujourd'hui. Par la France, l'Europe, mais aussi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les experts du comité d'urgence de l'agence sanitaire ont en effet estimé le 19 avril que la couverture vaccinale était trop inégale à travers le monde et que la performance de certains produits ne fournissait pas assez de preuve d'une protection réelle contre la contamination et la transmission.

Le "pass sanitaire", la voie intermédiaire

Dans le troisième extrait daté de mai 2021, Olivier Véran ne parle pas de ce type de document, mais du "pass sanitaire". Si les mots se ressemblent, les dispositifs ne sont pas les mêmes. Il n'y a en effet plus l'obligation vaccinale pour les voyages ou certains événements, étant donné qu'un individu a la possibilité de présenter un test PCR négatif ou un certificat de rétablissement du Covid-19. Et qu'en est-il pour les activités plus régulières, comme se rendre dans un bar ou dans un restaurant ? Olivier Véran avait là aussi exprimé des réserves sur le fait d'avoir un laissé passer qui permette d'aller dans ces lieux. Devant le Sénat le mois dernier, il décrivait la "passion de l'égalité", du pays pour justifier cette "conviction personnelle". "Je considère que le jour où l'on pourra rouvrir des lieux pour le public ils doivent être rouverts pour tous. Je ne considère pas à titre personnel qu'on puisse dire à un Français que s'il est vacciné il peut manger au restaurant et que s'il n'est pas vacciné il ne peut pas y aller."

Une raison éthique, à laquelle il se conforme toujours. Au cabinet du ministre, on explique chercher "des dispositifs fidèles aux valeurs de notre pays", rappelant la difficulté pour une personne de réaliser un test PCR à chaque fois qu'elle veut se rendre au restaurant. "Les festivals ou les voyages, on n'en fait pas tous les jours. Ce sont des événements qui relèvent un caractère exceptionnel pour lesquels on peut anticiper", souligne-t-on auprès de LCI.fr au cabinet d'Olivier Véran. Mais "il semblait au ministre assez difficile de mettre en place le même système pour les restaurants et les bars".

C'est pourquoi, la France a finalement opté pour une troisième voie. Le pass sanitaire ne sera obligatoire que pour certains événements - à savoir ceux réunissant plus de 1000 personnes - afin d'éviter les risques de cluster et d'émission large du virus. Pour les restaurants, cette preuve ne sera pas nécessaire. "Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis", écrit le gouvernement sur son site

Ainsi, le ministre ne trahit pas sa parole ou ses "valeurs". Il propose une voie alternative, qui permettra de s'inscrire "dans le cadre du plan de réouverture du pays". Et surtout de se plier aux "mêmes règles, simples, partout en Europe". 

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Felicia SIDERIS

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