Gilets jaunes : à quoi pourrait ressembler la "grande concertation" promise aux Français ?

Publié le 10 décembre 2018 à 17h30
Gilets jaunes : à quoi pourrait ressembler la "grande concertation" promise aux Français ?

OBJET NON IDENTIFIE - Face à la contestation, le gouvernement a promis un débat "au niveau des territoires", du 15 décembre au 1er mars. A cinq jours du coup d'envoi, ses contours restent flous.

Comment renouer le dialogue avec les Français ? Fortement ébranlé par la crise des Gilets jaunes, le gouvernement a promis la semaine dernière une large concertation autour de la transition énergétique, de la fiscalité et du pouvoir d'achat. Une initiative qui a pris la forme, lundi, d'un premier échange avec les syndicats et les élus locaux. 

L'exécutif a également promis une confrontation directe avec les Français, un "grand débat" de près de trois mois, qui doit débuter le 15 décembre pour se terminer le 1er mars prochain. Un débat "au niveau des territoires", a promis Edouard Philippe, qui devra être "foisonnant" et "innovant". L'organisation de cette concertation a été confiée à l'ancienne ministre Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP). Pour l'heure, à cinq jours de l'échéance, c'est à peu près tout ce que l'on sait. 

Grand flou

La CNDP sera-t-elle l'organisatrice, ou simplement une partie prenante dans l'organisation de cette concertation ? A ce stade, nulle de semble le savoir, à commencer par la CNDP elle-même, sollicitée par LCI. "Il faudra attendre quelques jours pour en savoir d'avantage", a expliqué une porte-parole. Le temps, notamment, pour le chef du gouvernement de consulter l'ensemble des acteurs, syndicats, ONG et élus cette semaine. 

La CNDP intervient sur de nombreux projets régionaux, afin de garantir la concertation préalable avant de grandes opérations d'aménagement du territoire. Parmi les dernières saisines ou concertations organisées : le projet de réaménagement de l'aéroport de Nantes-Atlantique, la révision du Plan Climat de la métropole Grenoble-Alpes, la création d'un nouveau terminal à l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle ou encore les "consultations citoyennes" sur l'Europe voulues par Emmanuel Macron. Dans ce cadre, une commission particulière est créée pour permettre une confrontation, sous la forme de réunions publiques, ou en ligne sur un site dédié, entre les citoyens et les maîtres d'ouvrage, sur le territoire concerné. 

Débat sans précédent

Mais le cadre des Gilets jaunes semble dépasser ce périmètre. Une source au sein du gouvernement a déjà fait savoir que l'Etat - et à travers lui les préfets - s'effacerait au profit des associations d'élus et des syndicats. A charge pour ces derniers d'organiser les débats publics au sein des départements, peut-être au niveau des mairies, comme l'a laissé entendre le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. 

Rien de comparable, donc, avec des "concertations nationales" organisées jusqu'ici, comme sur la "refondation de l'école" sous François Hollande, ou encore sur la dépendance, objet d'un débat cette année à l'initiative de la ministre de la Santé. Rien non plus, a priori, de comparable avec le "grand débat sur l'identité nationale" organisé sous le mandat de Nicolas Sarkozy, et interrompu par les élections régionales de 2010.

L'heure pour beaucoup est à un changement de méthode. Certains, dans la majorité, plaident - à l'instar du député LaREM Matthieu Orphelin - pour la mise en place "d'outils innovants de démocratie participative sur les territoires", avec des "conseils de citoyens" tirés au sort et représentatifs mais aussi une "consultation nationale" à l'issue des débats. Quelle que soit la forme qui sera retenue par l'exécutif, Chantal Jouanno, l'organisatrice de ce "grand débat", a prévenu dans une tribune : "Nos citoyens ne croient plus aux solutions d'en haut". Et de conclure qu'il faudrait "démultiplier la COP 21 à l'échelle des territoires."


Vincent MICHELON

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