De Dijon à Sein, Marine Le Pen à l'assaut sur les sujets sécuritaires et mémoriels

Publié le 16 juin 2020 à 16h18, mis à jour le 16 juin 2020 à 18h00
Marine Le Pen le 12 juin, lors d'un déplacement au commissariat de Villeneuve-la-Garenne.
Marine Le Pen le 12 juin, lors d'un déplacement au commissariat de Villeneuve-la-Garenne. - Source : ALAIN JOCARD / AFP

RASSEMBLEMENT NATIONAL - La présidente du RN, qui compte se présenter à la présidentielle en 2022, a multiplié ces derniers jours les sorties sur les sujets régaliens et mémoriels, à l'occasion des débats qui agitent une France déconfinée. Elle a ouvert la voie vers la présidentielle mardi après-midi lors d'un déplacement à Dijon. Un avant-goût de la campagne qui s'annonce.

Elle a attendu l'accalmie sur le front sanitaire pour partir en campagne sur ses thèmes de prédilection. Alors que la France peaufine la troisième phase de son déconfinement, Marine Le Pen multiple ces derniers jours les sorties médiatiques sur les sujets sécuritaires, profitant des débats sur le rôle de la police et la mise en cause du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner par les syndicats de policiers.

Candidate déclarée dès janvier à l'élection présidentielle de 2022, le présidente du RN semble avoir déjà dépassé le chapitre des municipales et ne manque aucune occasion d'apporter son soutien aux forces de l'ordre, prenant le contre-pied systématique des débats qui agitent la gauche au sujet du racisme et de la violence au sein de la police. 

Discours de campagne

Preuve que Marine Le Pen est d'ores et déjà en campagne : ses déplacements se multiplient sur le terrain. Mardi après-midi, elle s'est livrée à un véritable discours de candidate lors d'un déplacement à Dijon pour une conférence de presse relative aux affrontements qui s'y sont déroulés ces derniers jours entre des membres de la communauté tchétchène et des habitants de la ville, et qui ont conduit l'exécutif à envoyer un renfort de police, ainsi que le Raid. 

"Que fait Christophe Castaner ?" fustigeait-elle lundi soir. "Des bandes se livrent une guerre ethnique, arme automatique à la main. Voilà, en toute clarté, la réalité de l’ensauvagement". "Hier encore, des politiciens irresponsables voulaient désarmer la police, le ministre de l’Intérieur lui-même lâchait ses forces de l’ordre", a-t-elle également accusé. 

Mardi, Marine Le Pen a défendu, à Dijon, "un plan de reconquête des quartiers délaissés", énumérant un véritable programme de campagne comprenant "le retrait" des cartes de séjours et du droit d'asile et affirmant que la France était à l'aube d'une "guerre civile". "Le Rassemblement national aura le courage de le mettre en oeuvre", a-t-elle assuré, estimant que le moment était venu pour la France de "se réinventer", référence à l'expression utilisée par Emmanuel Macron. 

Le 12 mai dernier, alors que la colère grondait au sein de la police après les annonces du ministre de l'Intérieur réformant certains pratiques décriées, Marine Le Pen s'était déjà rendue dans un commissariat de Villeneuve-la-Garenne afin d'apporter son soutien aux forces de l'ordre. "J’appelle à réarmer matériellement, moralement et juridiquement nos policiers, qui doivent pouvoir travailler dans les meilleures conditions", y déclarait-elle notamment. 

Préempter les thèmes de la droite

La présidente du RN s'est illustrée, de la même manière, sur le débat mémoriel issu de la mobilisation mondiale après la mort de George Floyd aux Etats-Unis. Dans son viseur : l'exécutif, taxé de faiblesse face aux manifestants, mais surtout la gauche, et en particulier LFI, au premier plan dans les mobilisations antiracistes de ces derniers jours.

"Décapiter des statues, censurer des œuvres d’art, pousser à la guerre communautaire : leur supposé 'antiracisme' a tout d’un nouveau totalitarisme, d’un nouvel obscurantisme", dénonçait-elle ainsi la semaine dernière, s'en prenant aussi "aux cris de haine communautaire" et aux soutiens de la famille d'Adama Traoré, mort lors d'une interpellation en juillet 2016.

Marine Le Pen semble surtout vouloir occuper le terrain d'une droite profondément éparpillée, à deux ans de l'élection présidentielle. Quitte à assumer une fois pour toutes le changement de paradigme au sein du RN et à se revendiquer en héritière du général de Gaulle, figure pourtant honnie des fondateurs de l'ancien Front national. Ainsi, la présidente du RN se rendra à nouveau sur l'île de Sein, jeudi, pour commémorer l'Appel du 18-Juin. "Notre parti s'est construit sur le refus de l'abandon de l'Algérie française et cela reste évidemment une cicatrice", reconnaissait-elle dimanche sur LCI. "Mais au-delà, il y a une vision gaullienne de la France" et "tout ce que le général De Gaulle a fait pour que notre pays soit souverain, soit indépendant, soit puissant". 

"Gaulliste, c’est être admirateur inconditionnel de l’homme, gaullien, c'est partager sa vision de la France", explicitait mardi le vice-président du RN Jordan Bardella. Une subtilité sémantique qui semble annoncer une stratégie pour 2022 : la fameuse "union des droites", jusqu'ici manquée par Marine Le Pen pour parvenir aux portes du pouvoir. 


Vincent MICHELON

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