Débat Les Républicains sur LCI : des candidats pas toujours rigoureux avec les faits

Publié le 7 novembre 2021 à 13h07, mis à jour le 8 novembre 2021 à 8h46

Source : TF1 Info

DÉBAT - Lundi 8 novembre, LCI accueille le premier débat entre les candidats LR à la présidentielle. L'équipe des Vérificateurs sera présente pour analyser leurs propos, mais a déjà repéré en amont quelques éléments faux ou trompeurs dans leurs discours respectifs.

Lors des grands rendez-vous politiques organisés à l'antenne de LCI, la cellule des Vérificateurs du groupe TF1 se trouve régulièrement mobilisée pour vérifier en direct les déclarations des responsables invité(e)s. Ce sera de nouveau le cas le 8 novembre, à l'occasion du premier débat entre les candidats des Républicains à l'élection présidentielle. Un dispositif de fact-checking similaire à celui organisé avec les écologistes, afin d'y voir plus clair dans les propositions et affirmations des invités en plateau.

Avant la grande soirée de lundi, retrouvez dès à présent une série de vérifications effectuées par notre équipe. De Xavier Bertrand à Eric Ciotti, en passant par Valérie Pécresse, on observe que tous les candidats ont déjà été épinglés pour des approximations ou des déclarations trompeuses. 

Des peines décidées en fonction des places libres en prison ?

Sur les questions relatives à la justice, la droite et les Républicains font régulièrement preuve de fermeté. C'est le cas de Xavier Bertrand, qui s'exprime régulièrement sur ces sujets et ne manque pas de déplorer que la justice française soit trop laxiste. En cause notamment selon lui, un manque de places en prison, avec un "numerus clausus qui ne dit pas son nom". Selon le candidat à la présidentielle, les juges seraient en effet contraints de décider de certaines peines "en fonction des places de prison disponibles".

Problème : les chiffres du ministère de la Justice dressent en réalité un tableau de la situation à l'exact opposé de ce qu'affirme l'élu LR. Les condamnations progressent tant en nombre qu'en sévérité. Auprès des Vérificateurs, le ministère a indiqué que les condamnations ont augmenté "très significativement" depuis dix ans. Selon les chiffres disponibles, elles sont passées de 48.594 au 1er janvier 2002 à 65.126 aujourd'hui. Ce chiffre était même monté jusqu'à 71.377 avant la crise sanitaire, nous précise-t-on. Idem en termes de sévérité.

Une réforme des retraites enterrée bien avant le Covid ?

Convaincue de la nécessité de transformer notre système de retraite, Valérie Pécresse se montre très critique à l'égard du gouvernement, qui n'a pas réussi à mettre en place sa réforme durant le quinquennat. La faute à la crise du Covid, arguent les représentants de la majorité, une position que la candidate conteste formellement. Invitée de LCI il y a quelques semaines, elle a expliqué que c'est en réalité sous la pression de la rue que le gouvernement a reculé. Face aux grèves massives de décembre 2019. 

Si ce mouvement social d'ampleur a conduit Edouard Philippe à aménager sa réforme, il est faux d'affirmer qu'elle a été par la suite "abandonnée en rase campagne avant la crise Covid". LCI a retracé le parcours de ce texte controversé, traduisant des évolutions sans toutefois qu'ait été envisagé un quelconque abandon. Le report de la réforme, par ailleurs, a été entériné par Emmanuel Macron lors de son allocution du 16 mars 2020, annonçant la mise en place du premier confinement.

Plus d'enfants juifs dans les écoles de Seine-Saint-Denis ?

Très mobilisé sur les questions relatives à la sécurité ou à la laïcité, Eric Ciotti a régulièrement pris en exemple la Seine-Saint-Denis au cours des dernières années. À l'instar d'Eric Zemmour qui a tenu un discours similaire, il a notamment laissé entendre que dans ce département, on ne rencontrait désormais plus d'enfants juifs dans les écoles. "On sait bien pourquoi. Parce qu’ils sont chassés aujourd’hui par la montée du communautarisme islamiste. Je le dis", a-t-il lancé. Et d'évoquer "des rapports" mentionnant la désertion des écoliers de confession juive. 

Lorsque l'on cherche à vérifier ces affirmations, un problème majeur se dresse : le manque criant d'éléments factuels pour l'attester. Les seuls rapports officiels qui mentionneraient un "racisme anti-juif" dans des établissements scolaires ne pointent en effet à aucun moment du doigt le département francilien. Des spécialistes font état du départ de familles juives vers d'autres territoires, sans pour autant expliquer que cette communauté aurait aujourd'hui plié bagages et disparu du "9-3". De même, si des actes à caractère antisémites ont été déplorés dans le département, il n'est malheureusement pas le seul en France où il s'en produit.

Chômage : une France 23e sur 28 dans l'UE ?

Selon Philippe Juvin, les chiffres du chômage seraient "en trompe-l'œil". Le chef des urgences de l'hôpital Pompidou, à Paris, a notamment déploré que "le chômage de longue durée ne baisse pas". Une affirmation trompeuse puisque si l'on regarde les derniers chiffres disponibles, fournis par Pôle emploi, on observe l'inverse. Au 3ᵉ trimestre, cette catégorie, qui représente les personnes en recherche d'emploi depuis plus d'un an, a connu une baisse de 3,4%  ! En regardant sur l'ensemble de l'année, l'Insee met pour sa part en avant une situation "quasi stable", avec une baisse de 0,1%.

Pour le reste des demandeurs d'emploi, si "ça va mieux" dans le pays dixit Philippe Juvin, la France resterait à la traîne. Nous serions ainsi "le 23ᵉ sur 28" pays de l'Union européen (Royaume-Uni compris). En réalité, le classement n'est pas exactement celui donné par le candidat à l'Élysée, bien qu'il en soit assez proche. Toujours en considérant le deuxième trimestre 2021 et les données consolidées par l'Insee, la France se classe en 22ᵉ position, ex æquo avec la Finlande, derrière des pays comme la Grèce et l'Espagne, mais aussi la Suède. 

La Constitution est supérieure au droit européen ?

Trop contraignant, le droit européen ? De nombreux élus le pensent, et déplorent des lois et normes imposées par Bruxelles. Michel Barnier a toutefois soutenu récemment que la Constitution de 1958 prime sur le droit européen. Défenseur d'une "souveraineté juridique" sur l'immigration, il a assuré que les normes de l'UE bénéficiaient d'une "primauté" sur les lois françaises "mais pas sur notre Constitution".

Des experts en droit, sollicités par l'AFP, se montrent bien moins catégoriques. "Dire que la Constitution prime sur le droit européen est une question de point de vue", a ainsi indiqué Edouard Dubout, professeur à l’université Paris 2 Panthéon–Assas. D'ailleurs, du "point de vue" européen, la question serait vite réglée : contrairement à ce qu'affirme Michel Barnier, le droit issu de l'UE prévaudrait sur l'ensemble des normes des États membres, "quelles qu'elles soient". Ce qui inclut notamment les normes constitutionnelles.

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Thomas DESZPOT

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