Déchéance de nationalité : la droite réclame la démission de Taubira

Publié le 23 décembre 2015 à 19h15
Déchéance de nationalité : la droite réclame la démission de Taubira

IMBROGLIO - Désavouée par Hollande et Valls, qui ont mis au menu de leur projet de réforme constitutionnelle l'extension de la déchéance de nationalité aux personnes condamnés pour des actes de terrorisme, contrairement à ce qu'elle avait annoncé mardi, Christiane Taubira est une nouvelle fois fragilisée. La droite ne manque pas d'en profiter pour réclamer son départ du gouvernement.

L'avenir de Christiane Taubira au gouvernement est-il compromis ? La droite, qui en a fait sa tête de turc favorite, se déchaîne à nouveau contre la ministre de la Justice après l'imbroglio sur la déchéance de nationalité. La garde des Sceaux a en effet une nouvelle fois dû manger son chapeau mercredi matin : alors qu'elle avait pris de court l'exécutif en assurant la veille, dans une interview à une radio algérienne, que l'extension de la déchéance de nationalité, cette mesure réclamée de longue date par la droite et l'extrême-droite, serait bien supprimée du projet de révision constitutionnelle présenté mercredi matin en conseil des ministres, François Hollande et Manuel Valls ont, eux, finalement tranché dans le sens inverse.

"Ce qui est important ça n'est pas ma présence ou non au gouvernement"

"La parole dernière est celle du président de la République", "point final", a réagi mercredi celle qui, dans son interview mardi, avait estimé à titre personnel que l'extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français "posait un problème de fond sur le principe fondamental qu’est le droit du sol". Prenant la parole au côté de Manuel Valls lors d'une conférence de presse à l'issue du conseil des ministres, Christiane Taubira a également souligné que "ce qui est important dans la situation actuelle, ce n'est pas (s)a présence ou non au gouvernement", mais bien "la capacité pour le président de la République et le gouvernement de faire face au danger". Dans la foulée, Manuel Valls a assuré que le projet de révision de la Constitution serait défendu par Christiane Taubira et lui-même "ensemble" devant le Parlement, et il a soutenu sa ministre en déclarant que "chacun a droit à ses doutes". Mais il l'a aussi prévenue : "Le respect de la parole présidentielle s'impose à tous".

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Point final ? Pas pour la droite. Chez Les Républicains et au Front national, les appels à la démission se sont multipliés mercredi. Eric Woerth, secrétaire général du parti dirigé par Nicolas Sarkozy, a ainsi dégainé un communiqué martelant que Christiane Taubira n'est "plus en toute logique en mesure de porter cette réforme constitutionnelle", François Hollande ayant "choisi de désavouer et d’humilier publiquement sa garde des Sceaux". Côté FN, Florian Philippot a lui aussi estimé que la ministre de la Justice devait "partir". "Quand on voit que le gouvernement se “marinise” un peu, on ne peut que s'en réjouir, à Taubira d'en tirer les conséquences", a-t-il déclaré sur France Info. Et on ne compte plus les tweets de l'opposition réclamant son départ.

Même à gauche, où l'extension de la déchéance de nationalité fait l'objet de nombreuses critiques, certains ont pointé du doigt la position délicate dans laquelle se retrouve une nouvelle fois Christiane Taubira. "Chère Christiane Taubira, ce n'est plus un serpent mais un boa. Bonnes fêtes Madame", a lancé sur Twitter le député Europe Ecologie-Les Verts Sergio Coronado ("couleuvre et non serpent", a-t-il rectifié ensuite).


Gilles DANIEL

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